Point de vue sur les journées de la FANCMPP Fédération des associations nationales des CMPP les 27,28 et29 Novembre à la Mutualité.L’enfant, les CMPP. quelles libertés ?

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Point de vue sur les journées de la FANCMPP1 les 27,28 et29 Novembre à la Mutualité.

L’enfant, les CMPP. quelles libertés ?

Première partie

Vice- président du comité de Vigilance des CMPP de l’Ouest

Le texte qui suit tente d’aller au plus court, ce qui est complexe étant donné la densité de ces trois journées.

N’étant pas journaliste j’ai choisi de les transmettre au moins en deux parties.

Il ne s’agit pas d’un résumé, mais d’un point de vue. Cette rencontre, clairement politique et clinique, a été bien au-delà d’une réflexion sur l’avenir des CMPP. Elle a interrogé les modes de prise en compte de la souffrance psychique en France et en Europe.

Il s’agit d’un tamis d’impressions, de remarques et de phrases entendues qui m’ont particulièrement percuté.

Je m’excuse de ne pouvoir citer tous les intervenants. Je laisse aller mes notes et ma mémoire faite de trous, d’oublis. Je suis un très mauvais élève.

Pour un compte rendu en « direct live », je vous renvoie aux enregistrements que l’on peut commander en tout ou partie à l’adresse.« congrès.minute@wanadoo.fr »

Ces enregistrements ont le grand intérêt d’entendre, en voix off, les commentaires parfois surprenant de certains intervenants qui n’étaient pas audibles de la salle.

Je conclurai par des questions à débattre qui émanent de l’expérience et des réflexions menées par le Comité de Vigilance de l’Ouest qui sont aujourd’hui en phase avec celles de la FANCMPP.

Elles concernent l’institution comme un collectif continuellement à penser en tant que dispositif thérapeutique, ce qui ne va pas de soi. Ces questions vont bien au-delà de la « pluridisciplinarité » souvent évoquée. Or beaucoup d’institutions vont très mal. Comment alors entendre la souffrance psychique ? J’y reviendrai.

Pour ceux qui ignoreraient ce qu’est un CMPP : C’est une institution médico-sociale de soin et de prévention, discrète, composée d’une équipe dite pluridisciplinaire qui reçoit les enfants de zéro à 20 ans ainsi que leurs parents.

Il s’agit de soins psychiques au sens large du terme qui se construisent et s’inventent au cas par cas par différents modes de prises en charge allant de l’orthophonie à la psychothérapie en passant par la psychomotricité. Individuel ou en groupe, ce travail qui s’inscrit dans un réseau tout en respectant l’intimité des personnes et des familles s’est historiquement référé à la psychopathologie clinique et la psychanalyse depuis plus de 40 ans avec une adaptation constante aux mutations sociales et un souci essentiel de prévention.

Il y a 306 CMPP en France et départements d’outre-mer.

Ils assurent près de la moitié des soins psychiques infanto-juveniles sur tout le territoire.

1 Contexte socio- politique de ces journées.

Quelques jours avant, nous apprenons le meurtre d’un jeune homme par une personne ( diagnostiquée schizophrène) à Grenoble puis entendons les déclarations du Président de la République sur la psychiatrie visant à « sécuriser » la société contre de tels agissements pour la protéger des « malades mentaux » en modifiant notamment le dispositif de décision de sortie.

Rien sur la situation catastrophique de la psychiatrie en France, dans les hôpitaux notamment.

-Dans la semaine nous apprenons par internet la descente de police musclée, avec des chiens et des fouilles au corps sur des élèves de 4è et 5è dans un collège du Gers. Information confirmée plus tard par les médias.

-Puis coup sur coup, le projet de loi permettant d’emprisonner des mineurs dès douze ans

- et la sortie du placard du projet de loi de prédiction de la délinquance dès l’age de trois ans pourtant désavoué par le CNE.

2 Allocutions d'ouverture.

Acte1

Le ton est donné des la première heure.

Richard Horowitz, président de la FANCMPP décrit rapidement le changement de paysage auquel nous avons à faire qui passe par des glissements sémantiques non sans conséquences :

patient-usager, difficulté psychique- handicap ( ce mot sera central pendant ces journées), les nouveaux modes de gestion et de décision : Les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens(CPOM) qui ne financeront plus des structures mais des projets, la mise en place des Agences Régionales de Santé ( ARS) qui remplaceront les tutelles départementales (DDASS) pour appliquer les priorités définies par l’Etat…. La disparition annoncée de structures partenaires comme les RASED (ôtés de la loi de finance 2009) qui modifieront considérablement la demande vers les CMPP (qui eux même ?...)

Il introduit ces journées par cette question, titre du congrès

« Comment préserver aujourd’hui un espace de soin, de réflexion et de liberté pour les familles ? »

Jean Marie Le Guen, député de Paris, Chargé de la Santé remarque que le monde de la santé mentale n’est aujourd’hui abordé que par les faits divers avec une stigmatisation des malades, une vision intolérante et un refus délibéré de chercher a comprendre. Il fait en peu de temps une approche globale de ces questions dans tous les champs concernés.

Il nous tacle aussi avec justesse : « le monde soignant n’interpelle pas assez la société ! ...les institutions sont parfois trop soucieuses de la problématique interne et pas suffisamment du contexte de la politique externe... notamment de l’accès aux soins » . Il évoque la nécessité du désengorgement des urgences qui ont augmenté de 150 % en 20 ans dans des situations de crise qui ne trouvent pas d’issues faute de moyens.

Acte 2

Le boulet vient de Sophie Jacot - Botin , chef de service de l’enfance handicapée a la DGAS, venue pour remplacer son directeur J. J Trégoat :

Madame Jacot- Botin s’appuie sur la loi du 11 février 2005 qui introduit « beaucoup de bouleversements », remet en cause le rôle charnière des CMPP entre la santé et le Médico-social («  c’est deux mondes mais est-ce encore deux mondes ? »-référence aux prochaines ARS-) pour le recentrer, avec l’éducation autour du terme de « handicap»

« C’est ce terme qui a été décidé pour définir les problématiques...  autour de la scolarisation… depuis la conférence nationale du handicap

Il y a un renversement de concept, la scolarisation est le principe, le reste doit rester l’exception !..

Bien sûr il y a un droit opposable parce que c’est la mode… »

Il faut faire « évoluer les mentalités … dépoussiérer les textes organiser la coopération de façon plus dynamique pour la prise en charge des enfants  handicapés …

Les fédérations et les associations sont anciennes et il faut les moderniser, faire un toilettage »

« Quand les choses sont plus chroniques pour les enfants, ce qui a été posé c’est six mois en terme de prise en charge.

Voilà !

Un enfant qui aurait besoin de vos services au delà de six mois devrait passer par la MDPH ! »

-Vive tension dans la salle , brouhaha « arrêtez ! »

« C’est un scoop ! » ( Tristan Garcia –Fons )

-en voix off Sophie Jacot- Botin « … je pensais que c’était plus connu que ça ?… Si ça ne vous intéresse pas moi je m’en vais ».

Reprise vers la salle « Il va falloir que vous vous intéressiez plus à ce qui se passe au niveau législatif !…C’est un débat au parlement, il faut en avoir conscience ! C’était une parenthèse… Un mot sur les agences ? …non plus tard »

-Tristan Garcia–Fons, président du comité scientifique de la FANCMPP .

« C’est vécu comme une bombe pas comme une parenthèse ! »

Paul François Gachet, Inspecteur à la direction générale de l’enseignement scolaire chargé des enfants handicapés reprend le flambeau !

« Un enfant c’est d’abord un élève !

La norme c’est l’ordinaire, ce qui déroge c’est l’exception…

Il s’agit d’un basculement conceptuel, d’un renversement, l’enfant est élève avant quoi que ce soit d’autre…tous les enfants doivent recevoir un apprentissage…il y a une obligation légale d’être quelque chose ce qui n’est pas un point de vue moral… un enfant est enseigné… Nous sommes les seuls en Europe à avoir une définition du Handicap posée en terme de fonctionnalité et non de déficience…Le handicap est tout ce qui amène à l’impossibilité de participer à la vie citoyenne selon son projet de vie…

Mais la grande difficulté scolaire n’est pas ipso- facto assimilée à la situation de handicap…

L’administration, toujours férue d’enquêtes différencie

-les troubles des fonctions cognitives

-les troubles sévères des apprentissages

-les troubles de la santé

-les troubles mentaux et de la conduite

…Il faut améliorer les PPS (projets personnels de scolarisation)

Et pour que la scolarisation puisse se dérouler, nous avons besoin de professionnels spécialisés comme vous ! »

***************

Allons faire un saut ici sur notre balai magique, pour reprendre les propos très intéressants de Daria Druzinenko, psychologue dans un CMPP à Strasbourg sur la situation des centres comme les nôtres en Russie. C’était deux jours plus tard le samedi matin :

Daria Druzinenko nous expose avec précision le processus de rééducation des enfants sur le mode du conditionnement accompagnés par des « psychologues défectologues » ( j’ai interrogé ma voisine qui m’a rassuré sur un risque d’hallucination auditive de ma part) dont l’indicateur de réussite est l’adaptation scolaire.

On peut évidemment associer la défectologie, pour le mieux, à ce qui fait défaut, ce qui fait défection et à rejeter, aux propos de nos représentants gouvernementaux qui situent l’indicateur de la norme vers « l’ordinaire » scolaire et  d’éjectent l’exception.

En d’autres termes, nous allons vers un modèle de conditionnement là où nous sommes attendus dans la finesse de nos approches du singulier et du symptôme. Cherchez l’erreur !

Daria Durzinenko fini d’ailleurs son exposé sur une ouverture : l’insatisfaction des professionnels russes qui reconnaissent l’insistance du symptôme au-delà de l’adaptation, comme seule façon de se singulariser.

Et de ce fait une attente des professionnels d’une autre lecture, psychopathologique, de ce qui fait symptôme.

Je reviens du coup sur une remarque de Tristan Garcia- Fons :

« Il serait temps que nos dirigeants se rendent compte que ce qui existe dans leur pays même, est envié par différents pays d’Europe et dans le monde. »

Je terminerai par deux phrases d’ Henri Meschonic, poète et linguiste :

« La modernité c'est ce qui contribue à être actif, c'est la différence avec le produit d'une époque qui disparaît avec l'époque »

A suivre …

« l’utopie c’est ce qui force les idées reçues pour lui faire sa place »…

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