Quels enseignements retenir concernant le vote pour le "Prix oedipe des libraires 2018 ?"

Chaque année, lorsque le dernier vote dans les librairies comptabilisé nous nous voyons pour faire un point sur les enseignements à tirer du vote des lecteurs tant en librairie que sur internet. La première chose à noter c’est la gentillesse et la constance des libraires à nous soutenir alors que parfois il n’y a tout simplement aucun votant dans leur librairie. Soyons clairs, nous leur devons une fière chandelle. Sans eux l’intitulé du prix n’aurait évidemment plus aucun sens ; Alors, pour chacun de vous une seule consigne, aller voter dans les librairies et encourager les libraires à continuer à nous soutenir pour que la psychanalyse ne disparaisse pas complètement des rayons.

Du côté des votes par internet, une constatation : Vous avez été nombreux à vous inscrire pour pouvoir voter. Chaque jour j’ai validé entre cinq et dix inscriptions. Certains ont malgré tout éprouvé des difficultés pour voter. Pourtant, une fois que l’on a compris qu’il fallait d’abord être inscrit pour le faire, cela devient plus simple. Si vous avez rencontré d’autres difficultés dites-le nous mais ne vous contentez pas de nous dire « je n’y arrive pas. J’ai essayé deux fois et je n’y suis toujours pas parvenu » Certes, nous vous croyons bien volontiers mais cela ne nous permet pas de vous être d’un grand secours. Si vous souhaitez vraiment que nous puissions vous venir en aide il faut nous préciser ce que vous ne parvenez pas à faire. Ce faisant vous nous aiderez et vous aiderez ceux qui rencontrent des problèmes identiques. D’ailleurs il n’est pas trop tard pour nous informer afin que nous puissions perfectionner ce qui mérite de l’être pour la session prochaine.

Cette année deux ouvrages se sont tenus au coude à coude tant sur le site qu’en librairie. La caractéristique majeure de ces deux ouvrages était d’être susceptibles d’intéresser au-delà du cercle étroit des professionnels. Il faudra en tenir compte à l’avenir même si chaque année les caractéristiques des ouvrages qui figurent dans la sélection varient très largement.

L’ouvrage qui a été retenu cette année par les lecteurs, celui de Liliane Zylbersztejn, échappe à la règle qui est celle de la plupart des éditeurs à savoir comme nous l’a précisé la responsable des éditions au PUF lors de la remise du prix à Colette Soler, de ne plus publier que des livres préalablement commandés par l’éditeur auprès d’auteurs déjà connus. Bravo donc à la maison d’édition Odile Jacob de n’avoir pas suivi cette règle et d’avoir permis la publication de « l’itinéraire d’une enfance maltraitée ». Si vous ne l’avez pas encore lu, n’attendez plus, vous ne serez pas déçu.

Une chose est certaine, la pratique de la psychanalyse, de même que les écrits psychanalytiques doivent renouer avec un public qui a peu à peu déserté. Les raisons de cet abandon sont multiples. Aujourd’hui recevoir un patient pour un psychanalyste ne se fait plus comme dans les années 70. Dans ce temps maintenant lointain, ce que l’on appelait les entretiens préliminaires se faisait finalement en amont, par ce qui se transmettait dans le cercle amical des analysants et par le terreau culturel dans lequel baignaient les futurs patients. Aujourd’hui il faut reprendre les choses bien en deçà et consacrer beaucoup de temps à une écoute qui n’est pas d’emblée structurée comme ce qui était considéré comme la base naturelle du début d’une cure.

C’est sans doute dans le même esprit qu’il faut maintenant envisager  les ouvrages de psychanalyse destinés au public large. Il faut sortir de l’idée actuellement dominante hélas, que la psychanalyse n’est que l’une des techniques existant sur le marché au même titre que les TCC, la méditation , le yoga et j’en passe. Rappeler que le fondement de la psychanalyse, son postulat de base, est l’existence de l’inconscient et que c’est avec cette donnée fondamentale que travaille le psychanalyste.

Ce que nous considérions auparavant comme acquis, le fait que le psychanalyste a commencé par être un analysant doit êttre rappelé à l’occasion, les fondamentaux concernant le rêve, les associations « libres » etc. les modalités du paiement et celles concernant les séances manquées doivent être adaptées à chaque situation particulière et à chaque patient et ne sauraient faire partie d’une batterie de prérequis. L’imagination doit être au pouvoir. Chaque rencontre l’occasion une remise une question, une façon de porter chaque fois un regard neuf sur ce qui va se dire et ouvrir la porte à une nouvelle aventure dans sa singularité.

Qu’il me soit enfin permis une nouvelle fois de faire appel à ceux qui se sentent capables de défendre leur point de vue de lecteur sans allégeance à aucune chapelle ; le groupe de lecture pour le prix 2019 les accueillera bien volontiers. Pour cela il suffit de prendre contact en écrivant à l’adresse du site secretariat@ oedipe.org.

Ainsi, nous pourrons assurer l’existence du prix 2019 en toute sérénité.

Laurent Le Vaguerèse