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Emmanuelle vo.Dinh
Emmanuelle vo.Dinh
Théâtre de la cité Internationale
21, boulevard Jourdan - 75014 Paris
Accès RER B : Cité Universitaire (10 minutes de Châtelet)
chorégraphie Emmanuelle Vo.Dinh
scénographie, Laurent Pariente
création musicale, Zeena Parkins
création lumière, Françoise Michel
assistant Franck Picart
avec Elsa Banal, cyril Geeroms, Maud Le Pladec David Monceau, Franck Picart, Emmanuelle Vo-Dinh.
Emmanuelle Vo-Dinh parle, écrit, sa danse explore : l'espace, le temps, la matière corporelle.
Dans son auto-mouvement personnel, elle fonde la « Compagnie Sui generis » en 1997.
Dans son oeuvre de création, elle travaille.
Confrontée à la problématique de l'absence d'émotion, elle décide d'aller rencontrer le neurologue Antonio Damasio aux États Unis qui approche scientifiquement ce thème.
À l'occasion d'un travail sur Becket et son monologue « Compagnie », elle est amenée à connaître le parcours de Becket que le livre d'Anzieu présente. C'est ensuite la lecture qui guide la recherche : « le moi-peau », « le corps de l'oeuvre » l'orientent vers un questionnement sur le « processus schizophrénique ».
La rencontre du livre de Jean Oury « Création et Schizophrénie » fait écho à son cheminement et l'amène à pousser sa réflexion de façon plus personnelle sur ce dire de Becket : « tout se divise en soi-même ».
Avec Sagen, son nouveau spectacle, la structure chorégraphique part d'une division du « poumon initial » qui, avec six danseurs initialement unifiés comme un même organe, crée l'espace d'un dialogue multiplié-divisé: dialogue avec le labyrinthe scénographique de Laurent Pariente, dialogue avec les phrases musicales de Zeena Parkins (« Que veut dire une phrase musicale ? » dit Wittgenstein), dialogue des corps conjoints et disjoints selon leurs mirages, dans un mouvement de systole et de diastole ouvrant à l'émergence d'un espace de symbiose-séparation.
Cet espace est quasi inaccessible au schizophrène. Toujours confronté aux failles du symbolique, sa possibilité même de se tenir debout s'en trouve perturbée. L'hypothèse née dans le cheminement du travail chorégraphique est celle d'une « absence d'épine dorsale ». Les corps esseulés ne tiennent plus, ils sont confrontés à « la chute sans fin ».
Le dernier tableau présente cette épreuve de l'effondrement toujours menaçant.
C'est pourquoi Emmanuelle Vo-Dihn a eu le désir de lire Winnicott dont les écrits ont confirmé, à sa grande surprise, ce que sa sensibilité intuitive, avait déjà approché dans son travail avec ses danseurs. Sa recherche la mène vers « l'espace du dire » (Jean Oury) qui est en harmonie avec l'espace de la danse, « auto-mouvement de l'espace » selon la belle expression d'Henri Maldiney.
Recherche en questionnement à propos du mouvement de formation du corps en dialogue,
ce spectacle d'Emmanuelle Vo-Dinh « Sagen » nous convie à un événement qui, dans l'ouvert, de la danse au monde, inscrira du nouveau pour chacun, ex nihilo, effet probable d'interprétation...
C'est ce qu'elle appelle précisément : « le mystère du dire en dansant ».
« Bien avant que la création ne commence, je ne trouve que des images qui apparaissent, et auxquelles il me faut donner forme puis sens, afin qu'elles soient transmissibles aux danseurs. Mais au fur et à mesure que le contenu trouve la forme, celle-ci revient justifier le contenu, et finalement dans cette superposition, plus rien ne semble prendre le dessus. Une fois que les images prennent sens, et que les danseurs se nourrissent de cela pour s'approprier une « histoire », il y a une vie qui apparaît.
Le travail du corps se doit de dépasser le sens que l'on croit donner.... Il y a donc une marge qui se crée entre le dicible et le montrable... Une frontière derrière laquelle, grâce au corps, j'ai toujours souhaité ne plus pouvoir mettre de mots. »
Le spectateur a rarement cette chance de pouvoir être en contact avec ce qu'il en est de l'émergence, au plus près de lui faire éprouver sa transpassibilité, sa capacité infinie d'ouverture, qui est le contraire du souci...
« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit, n'a souci d'elle-même... »
comme le précise H. Maldiney dans Penser l'homme et la folie"
Un plateau quadrillé par des élastiques, un piège à danseurs ? Ils entrent, ils sont six, trois garçons, trois filles, ils se glissent sous les fils, les enjambent, se rejoignent. Un magma mouvant et sensuel - sorte d'anémone de mer - qui va se défaire pour laisser naître deux trios, puis trois duos, puis des solos, en une succession d'éclatements.
« Les premiers temps de la création ont portés sur l'improvisation des danseurs à partir de certains mots qui étayent le propos schizophrénique : remplir, vider, évider, fragmenter, morceler, diviser, soustraire, délimité, limité, désagrégation, liquéfaction, ouvert, fermé, etc... » « Pour le premier sextuor, j'ai l'idée d'un magma de corps (que j'ai appelé " poumon ") ...un magma composé de 6 corps ne pouvant en former qu'un seul ...un corps forcément monstrueux, aux multiples visages, comme un écho aux multiples personnalités propre au schizophrène. » « lorsque nous avons abordé les trios, nous savions que nous n'en avions pas fini avec le corps des " autres ", puisque ce poumon se scindant en deux, proposait l'idée de corps multiples représentant cette fois deux entités : un trio masculin et un trio féminin. » « Pour ces trios, j'avais l'idée d'un " corps sans limites ", ne se limitant donc pas à ses propres extrémités, mais à celles d'un autre corps qui pourrait être la continuité de soi même » « Pour les 3 duos qui suivaient les 2 trios, j'avais déjà constitué les couples, selon une logique des corps qui devait imposer l'idée du dédoublement. Ce choix s'est très vite révélé " parlant .Je voulais des duos qui partent de l'idée du miroir, de cette confusion entre soi même et l'autre, et toujours d'une non délimitation des corps. »
« Traverser le dire, aller au-delà : « épuiser le dire ». La « libre association », c'est laisser dire jusqu'au bout, pour qu'il n) ait plus rien à dire. Alors, ça fait silence. C'est quelque fois très long, quelque fois plusieurs mois, sinon plusieurs années. Et le sens n'apparaît qu'une fois que le dit -sagen- est épuisé. il est certain que si rien n'avait été dit, ça ne serait pas le même silence. on tient compte du message. Pourtant le sens n'est pas dans le message, mais dans l'entre-dit. »
Création et schizophrénie
« En fouillant dans ma mémoire bien avant que la création ne commence, je ne trouve que des
images qui apparaissent, et auxquelles il me faut donner forme puis sens, afin qu'elles soient transmissibles aux danseurs.
Mais au fur et à mesure que le contenu trouve la forme, celle ci revient justifier le contenu, et finalement dans cette superposition, plus rien ne semble prendre le dessus.
Une fois que les images prennent sens, et que les danseurs se nourrissent de cela pour s'approprier une " histoire ", il y a une vie qui apparaît, qui n'est plus du tout l'image figée et parfois floue du départ. Le travail du corps se doit de dépasser le sens que l'on croit donner.... il y a donc une marge qui se crée entre le dicible et le montrable... une frontière derrière laquelle, grâce au corps, j'ai toujours souhaité ne plus pouvoir mettre de mots. »
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