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l'acte inconnu
l'acte inconnu
L’Acte inconnu est un archipel d’actes contradictoires : acte forain, prologue sous terre, cascades de duos, accidents de cirque, spirales, rébus. Autant de figures, d’attractions, comme autant de mouvements d’un ballet… « Le rocher d’ombre », « L’étoile des sens », « La parole portant une planche », « L’amour géomètre » : quatre pièces renaissent l’une de l’autre et sont jetées aux points cardinaux. Entrent et tournent Le Bonhomme Nihil, le Bonhomme Multiple, Irma Grammatica, Raymond de la Matière, L’Ouvrier du Drame, La Machine à dire Beaucoup, Le Chantre, La Dame de pique, Le Valet de carreau, Les Antipersonnes, Le Déséquilibriste, L’Accordéon souffleur… et onze fois Autrui. On déplace le socle du monde : la scène est divisée en deux, puis en quatre… puis plus du tout ? Tout passe de cour à jardin, dans le tournoiement du magnétisme animal. Toutes les dix-huit répliques, les acteurs glissent des prières dans le mur humain. Au-dehors le monde court à son renouveau. Le Danseur en catastrophe, peu avant sa chute, croit qu’il figure dans une messe pour marionnettes. La peinture reste au sol comme des mots renversés. La musique nous sauve de peu : Entendez-vous ce que voient vos yeux ? À la fin, l’Enfant d’Outrebref voudrait que l’on joue Les Noces de l’ordre et du chaos. Mais les acteurs préfèrent manger…
L’acte inconnu
Texte et mise en scène
Valère Novarina
Théâtre de la Colline à Paris
Jusqu’au 10 octobre
Comme toujours Valère Novarina joue avec les mots en virtuose. Mais ici, metteur en scène d’une comédie amère, il joue aussi avec les « corps » ; corps des acteurs, corps des objets. Ce spectacle éminemment politique est vivifiant, il réanime nos esprits anesthésiés et nos chairs tétanisées par les haut-parleurs du pouvoir. Non ! L’homme n’est pas qu’un conglomérat de molécules. Non ! Pour se définir l’homme ne saurait répondre à un questionnaire préétabli, celui commandité par une certaine mutuelle. L’homme c’est le langage, la poésie. Mais l’homme c’est aussi la violence, la guerre, le conflit. Celui qui invente la ségrégation par les mots et les actes. L’homme se sert des mots pour justifier sa violence contre « l’autrui ».
Le propos est parfois didactique bien que la pièce demeure dans une dimension de farce, servie par de splendides comédiens. L’ensemble des acteurs est magnifique si ce n’est la diction d’un qui laisse parfois à désirer. La jonglerie des mots et des objets, les facéties des uns et des autres font de ce spectacle un manifeste pour l’invention contre le rabaissement de l’homme à sa seule composition chimique.
La pièce est un dithyrambe pour le théâtre et ses acteurs, contre le prêt-à-penser télévisuel. Les chantres manient le verbe avec agilité, voire virtuosité nous décrivant un monde complexe, contradictoire sans vérité absolue. Les protagonistes sont des acrobates du verbe, changeant de rôle au gré d’un texte prolixe en néologismes insolites.
L’introduction, sur un mode brechtien, de chants et de musique, nous rappelle que nous ne serions être de passifs spectateurs dans ce monde qui pousse au formatage des êtres ; le théâtre se doit d’être politique. C’est ici une apologie de l’acteur qui, du fait de son existence même sur la scène, vient nous dire notre rapport compliqué à la parole, au dire, au langage à l’espace et au temps. L’acteur est ce porteur de fiction qui nous permet d’interroger notre être au monde en tant que sujet parlant. L’acteur prête son corps à la « scène » pour nous faire entendre que notre corps de spectateur n’est pas sans lien avec notre bouche, celle qui parle, celle qui mange. Nous devons notre naissance aux mots et l’acteur nous le rappelle en jouant avec le texte, le texte de Novarina, avec Novarina-texte.
Françoise L. Meyer Paris
Paris le 20 septembre 2007.
Théâtre National de la Colline
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