audiard
Jacques Audiard continue, dans ce nouvel opus, une belle réflexion sur le pouvoir, la puissance et la fragilité. Les protagonistes, Stéphanie, dresseuse d’orques et Ali, homme au corps puissant, filmé comme un paquet de muscles un peu lourd, sont tous les deux fascinés par la majesté, la force excitante et intimidante, purement physique, opaque. Ces masses aveugles des orques, comme de grosses peluches, de même que le corps élastique et rebondi du boxeur luisant, ont quelque chose à la fois d’effrayant et d’attendrissant, comme des forces naïves, enfantines, faute d’une intelligence (supposée...
Shining Kubrick
Les bonheurs de l’été : peut-être avez-vous eu la chance de voir les films de Asghar Farhadi, l’auteur d’Une séparation, À propos d'Elly et La Fête du feu, tout aussi excellents, avec une cohérence remarquable et de profiter de la rétrospective Stanley Kubrick. The Shining de Stanley Kubrick, 1980 : « All work and no play makes Jack a dull boy ». Certes, le jeu est nécessaire à l’enfant et à l’adulte car non seulement il permet d’échapper à l’ennui, et nous évite de devenir ennuyeux, mais en jouant, l’homme parcourt l’espace et le temps grâce au fantasme, sortant du labyrinthe dans lequel le...
C’est le genre de film qui met plutôt mal à l’aise parce qu’on ne sait pas s’il inclut le fait qu’on s’identifie aux personnages et à leurs valeurs, à leur idéologie qui est peut-être celle du film (du cinéaste) ou non. Bref, je m’agace de sentir que je suis supposée trouver Laurence et ses choix formidables, d’admirer sa posture, son courage, peut-être même de la trouver belle, comme le lui disent, dans ces scènes censées représenter le comble de la féminité, entre une mère et sa fille, entre deux amies, dont l’une immanquablement dirait à l’autre, toute rougissante de bonheur et de pudeur...
la piel que habito
Almodovar, La piel que habito Je ne vais pas vous inciter à aller voir un film d’Almodovar puisque nous sommes sans doute nombreux à guetter la sortie du dernier opus du grand cinéaste, comme du dernier Woody Allen ou Martin Scorcese, Herzog, Wenders ou Godard. Ne me reprochez donc pas de dévoiler la fin. Si vous n’avez pas vu le film, ne lisez pas ceci. Si vous l’avez vu, vous pouvez y retourner. Car le plaisir est encore plus grand la deuxième fois. Ce qui prouve que tout le bonheur d’un film n’est pas dans le suspens et les mystères d’une intrigue, même si cette dernière est...
Une separation
Histoires de famille Une séparation Par un hasard extraordinaire, je suis allée voir le film Une séparation avec ma mère qui passait deux jours à la maison. Que faire ? Du tourisme, des salons de thé, un peu de chaise longue et… si on allait au cinéma ? Nous partageons cette passion. Elle ne fait pas attention, ne sait pas où je l’emmêne. Dès les premières minutes, je sens qu’elle se crispe, s’énerve. Voilà qu’elle se tortille, maugrée, fait mine de vouloir sortir. Finalement, elle reste, tout en grognant à côté de moi. En sortant, c’est le scandale, elle interpelle la pauvre dame du cinéma...
un debut
Difficile de ne pas aller voir ce film quand on est professeur et qu’on a vu et aimé Récréations, Être et Avoir, Entre les murs, grands prédécesseurs qui ont révélé le goût du public pour l’école et ses questions, et même la cinégénie de celle-ci. De fait, les enfants sont beaux, attendrissants, comme le signalait assez la bonne dame d’à côté qui, entre deux reniflements, soupirait, « ah, qu’il est mignon ! ». Les cinéastes s’en sont donné à cœur joie de plans de demi-ensemble ou rapprochés sur ces petites têtes penseuses, parfois endormies, dodelinant irrésistiblement, parfois très...
Festival International du film d histoire  Pessac
Après la fête Le festival du film d’histoire de Pessac est terminé. Nous étions quelques uns à traverser hier soir les halls soudain déserts et à regarder le magnifique film de Sembene Ousmane (donné une première fois dans la semaine), Le Camp de Thiaroye. On se sentait mélancolique après ces journées enfiévrées de débats, de projections, de rencontres (car on parle également entre spectateurs, parfois). Finir par Le Camp de Thiaroye, c’était revenir et conclure sur l’abomination que fut la colonisation, et le sentiment de tristesse que nous avions en sortant, s’accompagnait d’un...
Jean Michel Fauquet
Jean–Michel Fauquet, « Images telluriques » Une fois encore la Base sous-marine propose une rencontre émouvante entre ses ombres, ses suintements, son béton, ses alvéoles mystérieuses, et un artiste qui s’y trouve comme chez lui, déployant une œuvre saisissante et fantastique dans ses anfractuosités, le long de ses couloirs un peu effrayants, en un parcours labyrinthique, une plongée dans une mémoire à la fois intime et préhistorique. Le fond des photos-tableaux se glisse sur des murs de béton gris comme sur une peau ; les pénombres, les escaliers qui ne mènent nulle part, les apparitions...
des filles en noir
Des filles en noir, Jean-Paul Civeyrac, 2010 Synopsis : Noémie et Priscilla, deux adolescentes de milieu modeste, nourrissent la même violence, la même révolte contre le monde. Elles inquiètent fortement leurs proches qui les sentent capables de tout... On pourrait partir de la présentation de la gazette du cinéma Utopia (Bordeaux) : « Tous les ans, 5000 jeunes de 15 à 24 ans mettent fin à leurs jours […] très souvent sans que les parents aient rien vu venir ». Un peu plus loin, le même rédacteur loue le « délicat et trop rare Jean-Paul Civeyrac d’avoir choisi une fiction sensible, loin de...
Abellatif Kechiche, Yahima Torres, Vénus Noire, 2010. « Exhibition business ! » je n’ai pas coutume de privilégier les acteurs et en cela, je suis bien de ma génération, celle qui croit au cinéma d’auteur ! mais on comprendra qu’il faut faire exception ici et associer Yahima Torres à la réussite du film Vénus Noire. Le film d’Abdellatif Kechiche est épatant, dans tous les sens du mot. Quelle énergie, quel art du cadrage, du mouvement, du montage, de la mise en scène, de la direction d’acteurs ! Tout est à couper le souffle, à commencer par la performance de la Venus hottentote dans ses...

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