Avant qu'il ne soit trop tard. Rencontre avec la violence.

Violences faites aux femmes

2019 a mis enfin l'accent sur les violences dont  les femmes sont l'objet du fait de leur conjoint.  Cette année ,148  d'entre elles sont mortes sous les coups portés par leur amant. Dans le cadre du débat ainsi ouvert sur les raisons d'un tel désastre Claudia Rubini nous a autorisé à publier la traduction d'un article issu d'une conférence donnée par elle en 2013 à Bologne. Nous tenons à la remercier chaleureusement. À la suite de la traduction, nous publions le texte dans sa version originale afin que ceux qui le désirent puissent éventuellement s'y référer. Il va de soi que nous publierons les réponses que ce texte suscitera de la part des lecteurs .

LLV

 

 

Avant qu'il ne soit trop tard. Rencontre avec la violence.

de Claudia Rubini 1

 

La raison de ce titre et de cette intervention provient d'une série de réflexions que j'aimerais tenter d'articuler sur le phénomène de la violence contre les femmes.

Les nombreux faits d'actualité parlent, chaque jour, de violences perpétrées dans le cadre de liens affectifs ; dans plusieurs cas, malheureusement, on en parle parce que des filles ou des femmes sont tuées par ceux qui étaient censés les aimer. On sait toujours très peu de choses sur ces femmes et leurs histoires, mais il y a un point commun que l'on trouve toujours quand on lit à leur sujet : "c'était une tragédie annoncée" ; la transition vers l'acte violent qui a conduit à leur mort se produit généralement après des mois ou des années de violence et de sévices.

 

Que peut-on faire pour lutter contre le phénomène de la violence ? Que peut-on faire avant qu'il ne soit trop tard ?

D'une part, l'opération que l'on tente de produire au niveau culturel, social et médiatique est centrée sur l'homme ; parmi les sujets abordés, on trouve de plus en plus au premier plan ce qui interroge les hommes, leur position en tant que bourreaux et comment celle-ci peut évoluer, changer, produire un changement possible. Même dans le contexte de ce Festival très important, les initiatives dédiées à cet aspect sont différentes ; et ce n'est pas un hasard si, parallèlement à cela, l'autre thème qui constitue la pierre angulaire du Festival est celui de la justice : les acteurs de la violence et de la justice sont solidairement responsables.

 

Mais il y a un autre aspect qui gagne de plus en plus de place dans les campagnes médiatiques et c'est la question qui est incluse dans le slogan "la violence contre les femmes est un problème des hommes". Du point de vue de la psychanalyse et je voudrais souligner que je parle de cette position, certainement pas de la position juridique, l'effet de la diffusion de ce point de vue m'inquiète beaucoup au sujet du phénomène dont nous parlons ce soir. Pourquoi suis-je inquiet ?


Parce que mon expérience clinique avec les jeunes m'apprend une chose précise à ce sujet, que je vais maintenant expliquer brièvement : avec mon association Dedalus de Jonas, nous sommes souvent appelés à intervenir dans les écoles sur le thème du harcèlement.

1

Ce texte est la transcription de l'Intervention de Claudia Rubini, psychanalyste, presentée lors de l'événement « Salviamole prima », organisé par le Centre Dedalus, à l’occasion du colloque ' La violence illustrée ' VIII édition, Bologne 18 Novembre 2013 et publié dans 'LETTERa ' n. 4, 'Traitement et subjectivation', MIMESIS Éditions, 2014.

 

Lorsque nous entrons dans une classe dont nous avons été informés à cause de ce problème, notre position est très claire : nous posons des questions visant, bien sûr, à comprendre le fonctionnement du groupe, nous écoutons, nous observons les dynamiques ; il faut peu de temps pour comprendre qui sont les brutes et qui sont les victimes, qui est autoritaire et qui est souffrant. Mais si, à ce stade, nous intervenons en disant que " l'intimidation est un problème des intimidateurs " et que nous nous concentrons principalement sur eux, quel effet pourrait-il y avoir ? Nous risquerions, non seulement d'encourager l'identification de l'intimidateur à l'intimidateur, mais surtout de la victime à la victime, qui malgré son implication dans la dynamique n'a ni pouvoir ni voix. Si l'intimidation est un problème d'intimidation, alors vous, la victime, ne pouvez rien faire d'autre qu'attendre, impuissante, que les intimidateurs résolvent leurs problèmes ?

 

Cela me permet d'en venir à l'une des questions centrales qu'on m'a posées : quand on parle de violence faite aux femmes, est-ce qu'on parle vraiment des femmes ? Ou est-ce qu'on parle du nombre de coups qu'elles ont reçus, du nombre de côtes cassées, des organes qu'elles ont endommagés, du nombre de morts ? Nous savons généralement combien de temps ils ont passé avec leur agresseur. Mais leur position est-elle jamais remise en question ? Qu'est-ce qu'il les y a emmenés, pourquoi, comment ils voulaient, comment ils aimaient, etc.

 

C'est le pain quotidien d'un psychanalyste, bien sûr. Mais ce à quoi je voudrais réfléchir avec vous, c'est si ce plan n'est pas absent pour d'autres raisons. N'y a-t-il pas, peut-être, une confusion entre culpabilité et responsabilité, pour lesquelles elles devraient plutôt être bien distinctes ? Oui, notre culture a sans doute soutenu pendant des décennies une certaine position de « culpabilité » et de subordination de la femme, également d'un point de vue juridique la loi sur le droit de la famille établissant l'égalité entre époux date de 1975). Dans un article récent « Il Fatto quotidiano », Lidia Ravera affirme que les femmes, jusqu'à trente ans avant la fin du siècle dernier, n'avaient de valeur qu’en tant qu'objet de l'homme, avant une révolution qui les considére comme des sujets désirants et non "plus des proies".

 

Mais quarante ans plus tard, si l'on maintient une position féminine, par rapport à la violence dans le lien du couple, ce qui l'exclut de la dynamique qui s'est produite, si l'on dit oui à la position "je n'y suis pour rien, j'ai été victime", donc objet de l'Autre, quelles possibilités sont données à une femme d'être un sujet qui désire, aime et choisit sa propre vie ? Ce faisant, le risque n'est-il pas le même qu'il y a près d'un demi-siècle, que le statut de la femme soit celui d'une éventuelle "proie" ?

 

 

C'est précisément ici qu'il devient nécessaire de distinguer  culpabilité et responsabilité. Une femme est-elle à blâmer pour la violence qu'elle a subie ? Non.

Quelle est donc la responsabilité à laquelle je fais allusion ? Je vais essayer de vous le montrer lors de mon intervention.

Mon désir est de vous en parler, de parler des femmes, des filles, d'essayer d'aborder le phénomène de la violence à partir de la position féminine parce que s'il peut y avoir une prévention de la violence, à mon avis, vous ne pouvez l'ignorer.

Mais comment parler des femmes ? La psychanalyse a bien montré que c'est impossible.

 

Freud s'est arrêté sur ce point précis : que veut une femme ? Ou bien a-t-il dit autrement, ce qui fait d'une femme une femme ? Freud était considéré comme l'un des ennemis des féministes, qui trouvaient inacceptable que la féminité soit liée à la fameuse envie du pénis2. Mais si vous lisez Freud plus en détail, vous constaterez qu'il ne dit pas exactement cela, mais qu'il pose plutôt qu'il existe une primauté phallique, aussi évidente qu'invisible, sur laquelle la civilisation est fondée. Le phallus est le moyen non seulement de dire la valeur, mais la mesure, la performance, l'avoir, les signes qui servent à l'être humain à pouvoir se définir, à se donner une identité. Pour cette raison, c'est une fonction qui unit à la fois le masculin et le féminin, bien qu'elle soit structurellement prédominante dans le premier cas.

 

La fonction phallique est aussi ce qui structure la sexualité comme humaine, ce qui la différencie de la sexualité animale, qui différencie le désir de l'instinct. Mais, le point novateur introduit par Jacques Lacan, l'un des esprits les plus brillants de la psychanalyse post-freudienne est que les femmes ne sont « pas toute » sous la primauté du phallus, il y a quelque chose de leur nature qui échappe et dépasse cela. S'il est plus difficile pour un homme de se détacher de l'encombrement phallique, une femme, grâce à sa structure, grâce à son manque liée à sa constitution, a la possibilité que cela se traduise non seulement par l'affirmation infinie de vouloir être comme un homme, mais d'accéder à une satisfaction supplémentaire.

 

Le problème qu'il soulève est qu'il n'y a aucun moyen de définir cette Autre satisfaction et c'est pourquoi nous ne pouvons pas parler de la femme. La femme n'existe pas, il y a des femmes : une par une, chacune porteuse d'une exception, d'une particularité3.

 

 

 

 
 
 

 

2 S.Freud  in « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes »

3 J.Lacan Séminaire XX « Encore 

 

 Ce que Lacan souligne c’est que la beauté d'être féminine découle précisément de ce manque de définition ; mais si d'un côté c'est une ressource incomparable, pour Lacan en fait, seules les femmes et les mystiques peuvent atteindre un véritable état d'extase, d'un autre côté le chemin qu'une femme devra parcourir sera plus difficile car elle peut se perdre dans ce manque de définition, ne pas trouver un sens à son existence.

 

C'est pour cette raison qu'une femme a plus d'affinité avec le discours de l'amour, elle parvient à mieux entrer dans le champ de l'amour : parce qu'elle se tourne vers l'Autre à la recherche de quelque chose qui peut l'aider à définir son être. Et qu'est-ce qui peut donner un sens à l'être sinon l'amour ?

 

Le problème, c'est quand cette définition est rendue totalement dépendante de l'Autre, quand elle coïncide indissolublement avec lui. Mais quand on parle d'amour, les choses sont toujours compliquées, parce que peu importe la façon dont on essaie de le définir, en quoi consiste cet "être aimées", chaque femme le cherchera à partir de son interprétation de l'amour. Et ce n'est pas que cela vienne soudainement un jour mais se construit au fil du temps par rapport à l'Autre familiale, donc dès l'enfance et trouve sa manifestation dans l'adolescence, dans la rencontre avec l'autre sexe.

 

Comment une fille entre-t-elle dans le champ inconnu de l'amour et de la sexualité ? Elle le fait, avec la seule chose qui l'oriente : l'interprétation inconsciente de la place qu'elle a occupée dans le désir de l'Autre. En d'autres termes, la question inconsciente que l'enfant, au cours de son développement, adresse à son Autre membre de la famille est : comment dois-je être pour que tu m'aimes ? Comment dois-je être pour ne pas perdre ton amour ? Elle interprète donc la position qui catalyse cet amour et s'y identifie ; c'est à partir de là qu'elle entre dans le discours amoureux. On pourrait dire que notre jeune fille a un point de départ, une trace, que la psychanalyse appelle identification. Mais qu'est-ce qui fait que cette trace se transforme en une marque ruineuse, qui peut conduire une jeune femme à accepter une violence répétée dans un lien « amoureux » défini ?

 

Il y a quelques mois, l'histoire de la jeune Rosaria Aprea, une aspirante reine de beauté de Caserte, a fait couler beaucoup d'encre. La jeune fille, presque mourante du fait de son petit ami, après deux opérations, laisse son lit d'hôpital pour lui dire qu'elle veut retourner avec lui. Et ce n'était pas la première fois que Rosaria souffrait de violence ; des années auparavant, elle avait déjà été battue sauvagement et publiquement par son petit ami. Malgré cela, Rosaria insiste pour rester avec lui.

 

Nous ne pouvons pas connaître la raison, inconsciente, qui maintient Rosaria dans cette position, nous ne savons rien d'elle, de son histoire, de sa famille, mais nous pouvons réfléchir sur une question : qu'est-ce qui fait que la rencontre avec la violence peut déclencher une obsession et donc une insistance répétitive ? Essayons d'isoler deux points : la rencontre avec la violence et sa répétition du côté de ceux qui la subissent.

 

Considérons, pour un instant, cette rencontre comme quelque chose d'absolument imprévisible, d'inattendu. Soudain, un jour, au lieu du mot qui est la condition fondamentale de la relation entre les sexes, le passage à l'acte violent entre en jeu. Une gifle, un coup de poing, un coup de pied brisent la loi du mot, qui fonde l'humanisation de la vie impliquant l'expérience de la limite et du respect de l'altérité 4: le sujet féminin à cet instant est un objet à la merci de l'autre, d'un autre qui jouit malicieusement de son corps, et il s'agit du même autre, de la même personne qui, un instant auparavant, l'avait aimé, contemplé, élu comme son objet du désir.

 

C'est une expérience terrible, d'autant plus pour une jeune fille qui vient d'affronter l'amour : elle est confrontée ici à quelque chose d'inexplicable, d'incompréhensible.

Que va faire cette fille de cette incompréhensible qu'elle a rencontrée ? C'est la grande question qui fait bouger l'éthique et la clinique de la psychanalyse.

 

Pour la psychanalyse, il n'y a pas de déterminisme direct, c'est-à-dire qu'un événement ne produit pas inévitablement un effet5. Une mauvaise rencontre ne produit pas nécessairement un traumatisme ; mais si le traumatisme se produit, et cela arrive habituellement lorsque le sujet se sent totalement déçu, lorsqu'il ne trouve pas les mots pour dire, lorsqu'il ne trouve pas la réponse à sa question silencieuse de compréhension, cela va probablement provoquer une fixation qui va se manifester comme une répétition.

 

Ce qui devient donc central entre la contingence de l'événement et le besoin inconscient de le reproduire, c'est la médiation subjective, donc comment un sujet exposé à une mauvaise rencontre a l'opportunité de la traiter, de sortir de cette position d’objet qui souffre.

 

4 Massimo Recalcati, Il complesso di Telemaco, Feltrinelli, Milano 2013 p.83

5 Massimo Recalcati, Trauma, ripetizione e responsabilità soggetiva in Trauma, abuso et perversione ;

Franco Angeli, Milano 2000, p.38

 

 

 

Il me vient à l'esprit qu'il y a quelques semaines, j'ai vu un reportage télévisé qui racontait une histoire incroyable : une secte américaine dans laquelle des enfants et des adultes vivaient enfermés dans un domaine où la seule règle en vigueur était de ne pas avoir de relations avec le monde extérieur ; une communauté qui se suffisait à elle-même  puisqu'elle proclamait la liberté sexuelle entre enfants / adolescents et adultes. Dans cette secte, il y avait deux sœurs, toutes deux sujettes à des relations incestueuses ; l'aînée à un moment donné se suicide, l'autre choisit de fuir et de se tourner vers la Loi. Non seulement elle se sauve elle-même, mais sa dénonciation mettra fin à cette situation  et permettra la condamnation des membres de cette secte. C'est un exemple extrême qui montre comment face à une horreur d'une telle ampleur, les réactions subjectives peuvent être très différentes.

 

Mais revenons à notre adolescent. Ce que j'essaie de souligner, c'est qu'il n'est pas possible de le protéger d'une mauvaise rencontre, aucun parent ne peut le garantir, il n'est pas possible de protéger les enfants de la contingence de la vie. Et comment elle réagira elle-même à cette mauvaise rencontre. Mais comme l'Autre membre de la famille, la volonté ou non d'y répondre est d'une grande importance pour faciliter ou non une certaine médiation subjective et donc une élaboration, au détriment d'une fixation, d'un traumatisme. 6

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Il n'y a pas de bonne prescription ou de bonne recette ; cependant, je peux essayer d'articuler quelques brèves observations, certaines tirées de mon expérience clinique.

La première. Tous les parents "font des erreurs", c'est inévitable. Il est cependant essayer de les éviter. Si un parent n'accepte pas la possibilité qu’il a de faire des erreurs et d’en assumer la responsabilité, quel message enverra-t-il à ses enfants ? Chaque jour, nous écoutons les patients de la séance et nous en parlons entre nous : ce n'est pas tant l'erreur, l'erreur qui marque le sujet, que le fait qu'elle soit niée, méconnue ou projetée.

 

Un parent qui se confronte avec son manque, avec ses difficultés et qui ne s'enferme pas dans son image narcissique, exaltée ou ruinée par son fils, aide ce dernier comme il s’aide lui-même.

 

La seconde concerne une certaine façon de comprendre l'adolescence, qui est considérée comme une période aliénante d'où les garçons/filles, espérons-le, se remettront miraculeusement tôt ou tard "oui, on le

 

6 idem

 

sait bien, ce sont les ados" est une phrase que l'on entend souvent de de la part des parents. C'est une réflexion qu'ils se font pour calmer leur angoisse. Ils essaient de comparer l'adolescence, d'une certaine façon, à une influence, à quelque chose de passager. Eh bien, alors on pourrait dire qu'un parent d'un adolescent ne devrait pas être satisfait, surtout quand il voit se manifester des symptômes chez ses enfants. Il ne devrait pas être satisfait de ce qu'il voit, de ce qu'il pense savoir. Il doit courir un risque : avoir le courage d’engager un dialogue sans avoir peur des réponses. Cela signifie accepter la différence, accepter cette vie qui, d'une certaine manière, n'est plus reconnue à l'adolescence parce qu'elle cherche sa propre identité séparée de la famille. Cela signifie supporter que ces réponses ne soient pas en accord avec le désir parental et aimer cette vie aussi pour cette raison. Le problème, c'est que les parents ont tendance à tout percevoir comme un échec, tout ce qui est loin de leur pensée, sans se rendre compte qu'une vie qui les pousse à se différencier au sein d'un lien familial, témoigne de la façon dont elle a été touchée de façon authentique par leur désir.

 

Je crois que c'est l'un des témoignages les plus significatifs et les plus efficaces qu'un parent puisse transmettre à son enfant, l'amour de la différence. Si la différence est d'abord acceptée par l'Autre membre de la famille, il sera plus facile d'y faire face. Et cela concerne aussi bien les hommes que les femmes.

 

La troisième, ne découle pas de l'expérience clinique mais d'un article qui, il y a quelques mois, m'a fait réfléchir. L'auteur, le journaliste Massimo Gramellini, dans un de ses articles quotidiens, publié dans La Stampa, a écrit sur la valeur des actions quand les mots sont épuisés.

 

Une jeune fille se retrouve à l'hôpital avec la cloison nasale cassée ; elle dit qu'elle est tombée, alors que grâce à des témoins, la vérité émerge, c'est son petit ami qui la bat. Elle, une adulte, ne veut pas le dénoncer.

Ce sera son père qui le fera, contre sa volonté.

 

Gramellini écrit que "quand les mots ne suffisent plus, quand il n'est pas nécessaire de dire que ceux qui lèvent la main sur vous ne méritent pas votre amour, quand cela ne suffit pas, pour secouer les consciences obnubilées restent les gestes ». Mais les deux points, mots et gestes, ne sont pas séparés : s'il se séparent c’est parce que il y a quelque chose qui n'a pas marché. Pour la psychanalyse, comme je l'ai déjà dit, la Loi qui établit la vie humaine et rend toutes les autres lois possibles est la Loi du mot : c'est le mot qui humanise la vie, qui différencie la vie humaine de la vie animale, qui distingue le désir de l'instinct. En d'autres termes, d'une part, on ne peut pas tout avoir, jouir de tout, être tout ; d'autre part, on ne peut pas se casser le nez, on ne peut pas se faire battre et prétendre que rien ne s'est passé. Mais pour que cette Loi "fonctionne", il faut qu'il y ait une condition fondamentale, qu'elle soit transmise d'une génération à l'autre, et le seul moyen d'y parvenir est le témoignage, de sa propre expérience, de sa propre vie 7: elle se transmet en combinant la parole et les actions. Pour qu'un enfant puisse utiliser la parole et, donc, puisse faire expérience de la limite, il doit les avoir rencontrés tous les deux dans l'Autre qui avait le rôle de l'élever : une mère, un père, ou celui qui fait sa fonction. Il ne s'agit donc pas de savoir si les mots sont insuffisants, s'ils sont épuisés autant que les mots combinés à des actions sont épuisés.

 

Je parlais d'adolescents, puis je suis passé à l'autre membre de la famille et maintenant je vais revenir à la question des adolescents, parce que tout est entrelacé par une trame de fils, souvent enchevêtrés, parfois de façons inextricables. Fabiana n'avait que seize ans ; elle a été tuée, il y a quelques mois, par le petit ami d'une des façons les plus brutales qui existent, elle a été brûlée vivante. La description de son assassinat est facile à trouver dans de nombreux sites, tandis qu’on connaît peu de choses sur Fabiana. Mais nous avons deux éléments. Le premier est que son petit ami était un tyran du pays, un garçon à problèmes, jaloux et possessif, apparemment ce n’était pas un secret qu’il la battait. À partir de là, j'essaie d'articuler une chose assez fréquente. Pourquoi les filles sont-elles fascinées par des brutes ? Nous avons vu, grâce à l'apport de la théorie de Lacan, comment la relation d'amour peut donner un nom à l'être féminin, peut lui donner de la consistance et offrir une limite à quelque chose qui la dépasse. Mais, cette rencontre peut au contraire provoquer des dégâts considérables quand l'homme que vous rencontrez n'incarne pas la fonction positive de la limite mais celle d'une jouissance non réglementée et destructrice (brutes, drogués, vagabonds). L’aspect destructeur n'est cependant qu'un côté de la médaille, parce que de l'autre côté ces garçons montrent, en fait, un attachement et une dévotion "spéciale" aux femmes

Leur "force" imaginaire est de montrer un savoir qui concerne ce que la femme ne sait pas, ce qui la questionne intimement et l'émeut, non seulement ce qu’elle est pour l’autre, mais en quoi consiste son désir, que désire une femme ?

Et c'est à ce moment-là que ces hommes répondent de façon imaginaire à ces questions, en prétendant savoir ce qu'une femme veut ou prétend vouloir :

7 Massimo Recalcati, Cosa resta del padre ? La paternità nrll'epoca ipermoderna, Raffaello Cortina Editore, Milan 2011.

 

hyper-attention, hyper-présence, cadeaux continus ne sont que quelques exemples de la façon dont peut se présenter ce supposé savoir qui peut avoir une fonction profondément rassurante pour une femme.

 

"Après tout, c'était rassurant, c'est lui qui m'a dit qui j'étais, et, avec l'aide de sa présence toujours présente, ce que j'avais à faire". Je cite ici les paroles de l’une de mes jeunes patientes. Ces types de relations qui annulent les différences et se soutiennent mutuellement sur un collage symbiotique révèlent, cependant, non seulement un potentiel hautement explosif mais ce qui peut mener à un acte de violence quand surviennent des fissures dans ce collage ; mais, même si ce n'était pas le cas, elles montrent un lien mortel dont il est difficile de se séparer. "Tu ne peux rien souhaiter d'autre que moi", c'est la logique sur laquelle ils s'appuient et qui est à la base de ces relations. Peut-être que Fabiana est proche de la vérité quand elle écrit à son fiancé peu de temps avant qu'elle ne soit tuée "tu es le plus grand amour/erreur de ma vie » ?

 

 

Je voudrais conclure avec l'histoire d'Amelia. C'est une jeune femme qui a un passé très difficile, une enfance terrible marquée par de la violence et des viols. Les seuls bons moments dont elle se souvient sont ceux passés avec sa grand-mère, depuis son plus jeune âge. Avec elle, elle ramassait des fruits pour aller ensuite les vendre à la ville. C'est sa grand-mère qui lui a appris à compter, et aussi que « les comptes doivent toujours être justes »

Après quoi la violence débute et les comptes commencent à ne plus être justes. Symboliquement et pratiquement, à tel point que la grand-mère remarque que sa petite-fille toujours très douée pour compter, se trompe et se perd. Ses parents l'enlèvent à sa grand-mère quand Amelia tente de lui révéler ce qu'elle a subi.

 

 En troisième, elle rencontre l'amour mais c'est une mauvaise rencontre, le garçon la viole, encore et encore ; Amelia est malade, elle se sent sale, seule et traverse des moments de grand désespoir. Elle retourne à l'école, après une longue absence ; dans l'intervalle, le professeur de mathématiques a changé, maintenant c’est un jeune remplaçant passionné qui, dès le premier exercice en classe, reconnaît qu'Amelia est exceptionnellement douée. Il commence à lui donner, en dehors du programme, des équations et des problèmes de plus en plus difficiles à résoudre ; Amelia ressent alors quelque chose d’unique, un sentiment qu'elle ne peut pas décrire, mais grâce auquel elle se sent bien, qu'elle est pleine l'énergie, qu'elle se sent vivante. Je n'ai rencontré Amelia que deux fois, plusieurs années plus tard, entre un voyage de retour d'Amérique où elle a gagné une bourse d'études et, en même temps, a écrit un livre dans lequel elle explique les mathématiques aux enfants.

 

Elle a commencé une psychanalyse parce qu'elle a développé un symptôme psychosomatique, lors de la rédaction du livre et ce symptôme la fait s’interroger.

 

Peu de temps s'est écoulé depuis le décès de sa grand-mère et elle a besoin d'une autre personne pour confirmer son interprétation. Amelia se demande si le désir et l'amour pour les mathématiques, dont un lien avec sa grand-mère lui semble certain, n’aurait pas d’une certaine manière un lien encore plus fort avec les traumatismes qu’elle a subi dont l'effet a était, pour longtemps, que les comptes n'étaient pas justes. De cela, nait sa question et son désir que les comptes soient justes. ? Oui, Amalia a su faire de la contingence qu'elle a rencontré une nécessité, elle a su fonder sa vocation sur ce traumatisme, faisant en sorte que les comptes reviennent, parce qu’ils « reviennent toujours » comme elle a intitulé son livre.

 

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Prima che sia tardi. In-contro con la violenza.1

 

Il motivo di questo titolo e di questo intervento nasce da una serie di riflessioni che vorrei provare ad articolare circa il fenomeno della violenza nei confronti delle donne.
I numerosi fatti di cronaca parlano, ogni giorno, di violenze perpetrate all’interno di legami affettivi; in diversi casi, purtroppo, se ne parla perché ragazze o donne vengono uccise da chi si presumeva dovesse amarle. Si sa sempre molto poco di queste donne e delle loro storie, ma c’è un aspetto comune che si trova sempre quando si legge di loro: “q stata una tragedia annunciata”; il passaggio all’atto violento che ne ha determinato la morte avviene, solitamente, dopo mesi o anni di maltrattamenti e violenze.

Cosa si può fare per contrastare il fenomeno della violenza? Cosa si può fare prima che
sia tardi?

Da un lato, l’operazione che a livello culturale, sociale, mediatico si sta tentando di
produrre è una focalizzazione sul maschile; tra i temi  trattati, in primo piano c’q sempre di
più quello che interroga gli uomini, la loro posizione di carnefici e come questa possa
evolversi, modificarsi, produrre un possibile cambiamento. Anche nell’ambito di questo
importantissimo Festival, le iniziative dedicate a questo aspetto sono diverse; e non è un
caso che parallelamente a questo, l’altro tema che costituisce il cardine del Festival è
quello della giustizia: attori della violenza e giustizia sono doverosamente insieme.

Ma c’q un altro aspetto che sta acquisendo sempre più spazio nella campagne mediatiche
ed q la questione che si racchiude nello slogan “la violenza sulle donne q un problema
degli uomini”.

Dalla prospettiva della psicoanalisi e preciso che parlo da questa posizione, non di certo da quella giuridica, l’effetto del diffondersi di questo punto di vista mi preoccupa molto per il fenomeno di cui stiamo parlando stasera. Perché mi preoccupa?

Perché l’esperienza clinica con i giovani mi insegna una cosa precisa su questo, che ora esporrò brevemente: con la mia associazione Dedalus di Jonas, siamo spesso chiamate ad intervenire nelle scuole sul tema del bullismo.

Quando entriamo in una classe che ci è stata segnalata per la presenza di questa
problematica  la  nostra  posizione  è  ben  precisa:  facciamo  delle  domande  orientate,
naturalmente, a capire il funzionamento del gruppo, ascoltiamo, osserviamo le dinamiche;
basta poco tempo perché emerga chiaramente chi sono i bulli e chi le vittime, chi prevarica
e chi subisce. Ma, se a questo punto, intervenissimo dicendo “il bullismo q un problema
dei bulli” e ci concentrassimo principalmente su di loro, quale effetto potrebbe prodursi?
Rischieremmo, non solo, di incentivare l’identificazione del bullo al bullo ma soprattutto
della vittima alla vittima, che nonostante sia implicata nella dinamica non ha potere né
voce. Il rischio è di rendere la vittima ancora più oggetto; se il bullismo è un problema dei
bulli, lei vittima allora non può fare altro che attendere, inerme, che i bulli risolvano i loro
problemi?

Questo mi permette di arrivare a una delle questioni centrali che mi sono posta: quando si
parla di violenza sulle donne si parla davvero delle donne? o si parla di quante botte
hanno preso, quante costole rotte, quali organi danneggiati, come sono state uccise?
Solitamente sappiamo da quanto tempo stavano con il loro carnefice. Ma sulla loro
posizione ci si interroga mai? Su cosa le abbia portate lì, sul perché, sul loro modo di
desiderare, di amare, etc.

Questo è il pane quotidiano di uno psicoanalista, certo. Ma quello su cui vorrei riflettere
con voi è se questo piano non manchi appunto per altri motivi. Non c’q forse  una
confusione tra colpa e responsabilità, per cui invece andrebbero ben distinte? Sì, la nostra
cultura ha indubbiamente avvallato per decenni una certa posizione di “colpevolezza”  e di

 

1. Testo dell’intervento della dott.ssa Claudia Rubini, nell’ambito dell’evento Salviamole prima, promosso dal  Centro Dedalus, all’interno del Festival La violenza illustrata, VIII edizione, Bologna 18 novembre 2013 e pubblicato nella Rivista LETTERa n.4, "Cura e soggettivazione", Mimesis edizioni, 2014.

 

 

 

 

 

 

subordinazione femminile, anche dal punto di vista giuridico ( è del 1975 la legge del diritto di famiglia che stabilisce l’uguaglianza tra i coniugi). In un recente articolo sul Fatto quotidiano, Lidia Ravera afferma che le donne fino a un trentennio prima della fine del secolo scorso valevano solo come oggetto dell’uomo prima che si attuasse una rivoluzione che le vedesse come soggetti desideranti e “non più prede”.

Ma quarant’anni dopo, se si avvalla  una posizione femminile, rispetto alla violenza all’interno di un legame di coppia, che la esclude dalla dinamica verificatasi, se si dice sì alla posizione “io non c’entro nulla, ero la vittima”, dunque l’oggetto dell’Altro, quali possibilità si danno a una donna di essere un soggetto che desidera, ama e sceglie della propria vita? Così facendo, il rischio non è lo stesso di quasi mezzo secolo fa, che lo statuto della donna sia quello di una possibile “preda”?

E’ proprio qui che diventa necessario distinguere il piano della colpa, da quello della
responsabilità. Una donna ha colpa delle violenze che ha subito? No.
Quindi, qual è la responsabilità a cui mi riferisco? Cercherò di mostrarvelo nel corso del
mio intervento.

Il mio desiderio è di parlarvi di questo, di parlare delle donne, delle ragazze, di cercare di
affrontare il  fenomeno della violenza dalla posizione femminile perché se ci può essere
una prevenzione alla violenza, a mio avviso, non si può prescindere da questo.
Ma come si fa a parlare delle donne? La psicoanalisi ha mostrato bene come questo sia
impossibile.

Freud si arrestò proprio su questo punto: che cosa vuole una donna? O detto altrimenti
cosa rende donna una donna? Freud è stato considerato uno dei nemici delle femministe,
che trovavano inaccettabile che la femminilità fosse ricondotta alla famosa invidia del
pene2. Ma se si legge più approfonditamente Freud, si scopre che non dice proprio questo
ma piuttosto individua che c’q un primato fallico, talmente evidente quanto invisibile, su cui
si basa la civiltà. Il fallo è il modo non solo di dire il valore, ma la misura, la prestazione,
l’avere, le insegne che servono all’essere umano per potersi definire, per darsi un’identità.
Per questo, è una funzione che accomuna sia il maschile che il femminile, sebbene sia
strutturalmente preponderante nel primo.

La funzione fallica è anche ciò che struttura la sessualità in quanto umana, che la differenzia da quella animale, che differenzia il desiderio dall’istinto. Ma, il punto innovativo introdotto da Jacques Lacan, una delle menti più brillanti della psicoanalisi post-freudiana è che le donne non sono tutte sotto il primato del fallo, c’q qualcosa della loro natura che sfugge a questo e lo eccede. Mentre per l’uomo q più difficile  staccarsi dall’ingombro fallico, la donna grazie alla sua struttura, grazie alla sua mancanza costitutiva ha la possibilità che questa non si traduca solo nella rivendicazione infinita di voler essere come un uomo, ma  di accedere a una soddisfazione supplementare.

Il problema che lui solleva  è che non c’q un modo per definire questa Altra soddisfazione
ed è per questo che non si può parlare della donna. La donna non esiste, esistono le
donne: una per una, ognuna portatrice di un’eccezione, di una particolarità.3
Quello che Lacan mette in luce è che la bellezza dell’essere femminile deriva proprio da
questa mancanza di definizione; ma se da un lato è una risorsa incomparabile, per Lacan
infatti sole le donne e i mistici possono arrivare a un vero e proprio stato di estasi, dall’altro
il cammino che una donna dovrà percorrere sarà più arduo perché può perdersi, smarrirsi
in questa assenza di definizione, non trovare un senso al suo essere.
E’ per questo che una donna ha più affinità con il discorso amoroso, riesce ad entrare
meglio nel campo dell’amore: perché si rivolge all’Altro cercando qualcosa che possa
aiutarla a  definire il suo essere. E cosa può dare senso all’essere se non l’amore?

 

2 Sigmund Freud, Alcune conseguenze psichiche della differenza anatomica tra i sessi, in Opere, vol.10, Bollati Boringhieri, Torino
1989, p.211

3 Jacques Lacan, Il Seminario. Libro XX, Ancora, Piccola Biblioteca Einaudi, Torino 1983

 

 

 

 

 

Il problema q quando questa definizione viene fatta dipendere totalmente dall’Altro, quando vi coincide indissolubilmente.

Ma quando si parla di amore le cose si complicano sempre, perché per quanto si cerchi di darne una definizione, in cosa consista questo “essere amate” ogni donna ricercherà questo  a  partire  dalla  sua  interpretazione  dell’amore.  E  non  è  che  questa  arriva improvvisamente un giorno ma si costruisce nel corso del tempo in rapporto all’Altro familiare, a partire dunque dall’infanzia e trova la sua manifestazione nell’adolescenza, nell’incontro con l’altro sesso.

Come una ragazza entra nel campo ignoto dell’amore e della sessualità? Lo fa, con l’unica
cosa che la orienta: l’interpretazione  inconscia del posto che lei ha occupato nel desiderio
dell’Altro. Detto in altri termini, la domanda inconscia che la bambina, nel corso del suo
sviluppo, rivolge al suo Altro familiare è: come devo essere perché tu mi ami? Come devo
essere per non perdere il tuo amore? Quindi, interpreta qual è la posizione che catalizza
questo amore e vi si identifica; è a partire da questa che entra nel discorso amoroso.

Potremmo dire che la nostra giovane ragazza ha una base di partenza, una traccia, che in psicoanalisi si chiama identificazione. Ma cosa fa sì che questa traccia possa trasformarsi in un marchio rovinoso, che può portare una giovane donna ad accettare di subire ripetute violenze all’interno di un legame definito d’amore?

C’q una storia che ha creato tanto scalpore qualche mese fa, quella della giovane Rosaria
Aprea, un’aspirante miss, di Caserta. La ragazza ridotta quasi in fin di vita dal fidanzato,
dopo due interventi chirurgici, fa sapere dal suo letto di ospedale di voler tornare con lui.
E non era la prima volta che Rosaria subiva violenza; già anni prima era stata picchiata
selvaggiamente e pubblicamente dal fidanzato. Nonostante questo, Rosaria insiste a voler
stare con lui.

Non possiamo sapere il motivo, inconscio, che tiene Rosaria fissata in questa posizione, non sappiamo nulla di lei, della sua storia, della sua famiglia, però possiamo riflettere su una questione: cosa fa sì che l’incontro con la violenza possa innescare una fissazione e dunque un’insistenza ripetitiva? Cerchiamo di isolare due punti: l’incontro con la violenza e la sua ripetizione dal versante di chi la subisce.

Consideriamo, per un attimo, questo incontro come qualcosa di assolutamente non
prevedibile, inaspettato. Improvvisamente, un giorno, al posto della parola che è la
condizione fondamentale del rapporto tra i sessi, fa irruzione il passaggio all’atto violento.
Uno  schiaffo,  un  pugno,  un  calcio  rompono    la  legge  della  parola,  che  fonda
l’umanizzazione della vita implicando l’esperienza del limite e il rispetto dell’alterità4: il
soggetto femminile in quell’istante q un oggetto in balia dell’altro, di un altro che gode
malevolmente del suo corpo; ed è lo stesso altro, la stessa persona che, fino ad un istante
prima, quel corpo lo aveva adorato, contemplato, eletto a suo oggetto di desiderio.

E’ un’esperienza terribile, ancor più per una ragazza che si q appena affacciata all’amore: eccola confrontata con qualcosa di inspiegabile, di incomprensibile.

Cosa ci farà questa ragazza con questo incomprensibile che ha incontrato?

Questa q la grande questione che muove l’etica e la clinica della psicoanalisi.

Per la psicoanalisi non c’q  determinismo diretto, ovvero dato un evento si produce inevitabilmente un effetto.5 Un cattivo incontro non produce necessariamente un trauma; ma se il trauma si produce, e questo di solito accade quando il soggetto si sente totalmente lasciato cadere, quando non trova le parole per dire, quando non trova una risposta alla sua domanda muta di comprensione, questo probabilmente innescherà una fissazione che si manifesterà come ripetizione dello stesso.

 

 

4 Massimo Recalcati, Il complesso di Telemaco, Feltrinelli, Milano 2013, p.83

5 Massimo Recalcati, Trauma, ripetizione e responsabilità soggettiva, in Trauma, abuso e perversione, Franco Angeli, Milano 2000, p.38

 

 

 

 

 

Ciò che, dunque, diviene centrale tra la contingenza dell’evento e la necessità inconscia di
riprodurlo, è la mediazione soggettiva, quindi come un soggetto esposto a un cattivo
incontro abbia la possibilità di elaborarlo, di togliersi da quella posizione di oggetto che
subisce.

Mi viene in mente che, qualche settimana fa, ho visto un servizio televisivo che raccontava
una storia allucinante: una setta americana in cui bambini e adulti vivevano rinchiusi in una
tenuta dove l’unica regola che vigeva era di non avere rapporti con l’esterno; una comunità
che  si  bastava  a  se  stessa  dal  momento  che  proclamava  il  sesso  libero  tra
bambini/adolescenti e adulti. In questa setta c’erano due sorelle, entrambe sottoposte a
rapporti incestuosi; la più grande a un certo punto si toglie la vita, l’altra sceglie di fuggire e
di rivolgersi alla Legge. Non solo si salva, ma la sua denuncia farà chiudere e condannare
i membri di questa setta. Questo è un esempio, estremo, che mostra come di fronte a un
orrore di tale portata, le reazioni soggettive possano essere molto diverse.

Ma torniamo alla nostra adolescente.  Ciò che sto tentando di mettere in luce è che non è possibile ripararla da un cattivo incontro, nessun genitore può garantire questo, non è possibile riparare i figli dalla contingenza della vita.  E come lei stessa reagirà a questo cattivo incontro. Ma come l’Altro familiare, risponderà o non risponderà a questo è di grande importanza nel facilitare o meno una determinata mediazione soggettiva e dunque un’elaborazione, a scapito di una fissazione, di un trauma6.

Non c’q nessuna prescrizione corretta o ricetta giusta; però, posso cercare di articolare alcune brevi osservazioni, qualcuna tratta dalla mia esperienza clinica.
La prima. Tutti i genitori “sbagliano”; q inevitabile. E’ evitabile, invece, pensare di non farlo. Se un genitore non fa i conti con la possibilità di sbagliare e con la sua assunzione che messaggio trasmetterà ai figli? Ascoltiamo, ogni giorno, in seduta i pazienti parlarci di questo: non q tanto lo sbaglio, l’errore a segnare il soggetto quanto il fatto che questo sia negato, non riconosciuto o proiettato.

Un genitore che fa i conti con la sua mancanza, con le sue difficoltà e non si arrocca nella
sua immagine narcisistica,esaltata o rovinata dal figlio, aiuta entrambi.
La seconda riguarda un certo modo di intendere l’adolescenza che viene considerata un
periodo alienante da cui ragazzi/e, si spera, prima o poi miracolosamente si riprenderanno
“va beh si sa q l’adolescenza..” q una frase che sentiamo spesso dire dai genitori. E’
un’operazione che fanno per placare la loro angoscia paragonare l’adolescenza, per certi
versi a un’ influenza, di quelle brutte ma che, poi, passano. Ecco, allora potremmo dire che
un genitore di un adolescente non deve accontentarsi, soprattutto quando vede dei sintomi
nei figli, non deve accontentarsi di quello che vede, di quello che pensa di sapere ma deve
correre un rischio: avere il coraggio di domandare senza avere paura delle risposte.
Questo vuol dire accogliere la differenza, accogliere quella vita che per certi versi non si
riconosce più nell’adolescenza perché sta cercando una sua identità separata da quella
familiare. Vuol dire sopportare che quelle risposte non siano in linea con il desiderio
genitoriale e amare quella vita anche per questo. Il problema è che i genitori tendono a
percepire come un fallimento, ogni cosa li distanzi da loro; mentre, non si accorgono che
una vita che spinge a differenziarsi all’interno di un legame familiare, testimonia come sia
stata toccata autenticamente dal loro desiderio.

Credo che questa sia tra le testimonianze più significative ed efficaci che un genitore
possa trasmettere al figlio, l’amore per la differenza. Se la differenza viene innanzitutto
accolta dall’Altro familiare, sarà più facile averci a che fare. E questo riguarda sia maschi
che femmine.

La terza, non deriva dall’esperienza clinica ma da un articolo che, qualche mese fa, mi
fece riflettere. Autore, il giornalista Massimo Gramellini in uno dei suoi pezzi quotidiani,
pubblicati su La stampa, ha scritto del valore delle azioni quando le parole sono esaurite.

 

6 Ibidem

 

 

 

 

 

 

Una ragazza finisce in ospedale con il setto nasale rotto; lei dice di essere caduta, mentre
grazie  ad  alcuni  testimoni  emerge  la  verità,  è  stato  il  fidanzato  a  picchiarla.  Lei,
maggiorenne, non vuole denunciarlo. Sarà il padre a farlo, contro il suo volere.
Gramellini scrive che “quando le parole non bastano più, quando non serve dire che chi
alza le mani su di te non merita il tuo amore, quando questo non basta, a scuotere le
coscienze obnubilate rimangono i gesti”.Ma i due aspetti, parole e gesti,in realtà, non sono
separati: se lo sono è perché qualcosa non ha funzionato. Per la psicoanalisi, come già
dicevo prima, la Legge che fonda la vita umana e che rende possibile tutte le altre leggi è
la Legge della parola: è la parola che umanizza la vita, che differenzia la vita umana da
quella animale, che differenzia il desiderio dall’istinto. Detto in altri termini, da un lato: non
si può avere tutto, godere di tutto, essere tutto; dall’altro, non ci si può far rompere il naso,
non ci si può far picchiare e far finta che non sia successo nulla. Però, per far sì che
questa  Legge  “funzioni”  ci deve  essere  una  condizione fondamentale, deve  essere
trasmessa da una generazione all’altra e l’unico modo per farlo q la testimonianza, della
propria esperienza, della propria vita7: si trasmette unendo la parola alle azioni. Perché un
figlio possa servirsi della parola e grazie a questa fare esperienza del limite, deve
averle incontrate entrambe nell’Altro che ha avuto il ruolo di crescerlo: una madre, un
padre, o chi ne fa la sua funzione. Non è quindi il punto che le parole siano insufficienti,
che siano esaurite quanto che ad esserlo siano le parole unite alle azioni.

 

Parlavo di adolescenti e poi sono passata all’Altro familiare e ora torno a parlare di
adolescenti, perché tutto è intrecciato da una trama di fili, spesso ingarbugliata, a volte
sottilissima, ma pur sempre indispensabile. Fabiana aveva solo sedici anni; è stata uccisa,
qualche mese fa, dal fidanzato in uno dei modi più brutali che esistano, è stata bruciata
viva. La descrizione della sua uccisione è facilmente reperibile in numerosi siti, mentre di
lei si sa ben poco. Però abbiamo due elementi. Il primo è che il suo ragazzo era un bullo
del paese, un ragazzo problematico, geloso e possessivo fino alla morte (appunto), non
era un segreto a quanto pare che la picchiasse. Da questo provo ad articolare una
questione, piuttosto frequente. Perché accade che le ragazze siano affascinate e s’
innamorino dei bulli?Abbiamo visto, grazie all’apporto della teoria di Lacan, come i rapporti
d’amore possono dare un nome all’essere femminile, possono fornirle consistenza  e
offrire un limite a qualcosa che la eccede. Ma, questi, possono essere anche l’incontro con
una devastazione terribile quando l’uomo che s’incontra non incarna la funzione positiva
del limite ma quella di un godimento sregolato e distruttivo, per esempio bulli,  tossici,
sbandati. Quella distruttiva è, però solo una faccia della medaglia, perché dall’altro lato
questi ragazzi  mostrano, infatti,  un attaccamento e una devozione “speciale” alla loro
donna. Il loro “punto di forza” immaginario q quello di mostrare un sapere che riguarda
proprio ciò che la donna non sa, quello che la interroga intimamente e la muove, non solo
cosa q lei per l’altro ma cosa desidera, cosa desidera una donna? Come si fa ad essere
donna?Ed ecco che questi uomini rispondono immaginariamente a queste domande,
mostrano di avere un sapere su quello che una donna desidera o presume di desiderare:
iper-attenzioni, iper-presenza, regali continui sono solo alcuni esempi di come possa
manifestarsi questo presunto sapere che può avere, per una donna, la funzione di una
profonda rassicurazione.”In fondo era rassicurante, era lui che mi diceva chi ero, e con la
sua  presenza  sempre  presente  cosa  dovevo  fare”,citando  le  parole  di  una  mia
giovanissima paziente. Questi tipi di rapporto che annullano le differenze e si sostengono
su un incollamento simbiotico rivelano però, non solo, un potenziale altamente esplosivo
che può sfociare nel passaggio all’atto violento quando qualcosa di questo incollamento
s’incrina; ma, anche qualora questo non si verificasse, mostrano un legame mortifero da

 

7 Massimo Recalcati, Cosa resta del padre?La paternità nell’epoca ipermoderna, Raffaello Cortina Editore, Milano
2011

 

 

 

 

 

cui diventa difficile separarsi. “Non puoi desiderare altro da me” questa è la logica su cui si
fondano questi rapporti. Forse è stato quando Fabiana si è accorta davvero di questo che
ha scritto al suo fidanzato, poco prima di essere uccisa “sei l’amore/errore più grande della
mia vita”?

 

Voglio concludere con la storia di Amelia. E’ una giovane donna con un passato molto
difficile, un’ infanzia tremenda, caratterizzata da violenze e abusi. Gli unici momenti belli
che ricorda sono quelli insieme alla nonna, fin da piccolissima va con lei in campagna a
raccogliere la frutta e poi a venderla. E’ la nonna che le insegna prima a contare e poi che
“i conti devono sempre tornare”. Poi cominciano le violenze e  i conti cominciano a non
tornarle più. Simbolicamente e praticamente, tanto che la nonna si accorge che la nipote
sempre bravissima nei conti, non riesce, si sbaglia, si perde. La allontanano dalla nonna
quando Amelia cerca di denunciare quanto ha subito. In prima superiore incontra l’amore
ma è un brutto incontro, il ragazzo le fa violenza, di nuovo, ancora; Amelia sta male, si
sente sporca, sbagliata, sola, attraversa momenti di grande disperazione. La richiamano
da scuola, dopo lunga assenza; nel frattempo è cambiato il professore di matematica, ora
c’q  un giovane supplente  appassionato che, alla prima esercitazione in classe, riconosce
che Amelia ha un talento. Comincia a darle, fuori programma, equazioni e problemi
sempre più difficili da risolvere; Amelia prova qualcosa di unico mentre fa gli esercizi, una
sensazione che non sa descrivere ma la fa stare bene,le dà energia, la fa sentire viva. Ho
incontrato solo due volte Amelia, diversi anni dopo, tra un’andata e ritorno dall’America
dove ha vinto una borsa di studio e parallelamente scritto un libro in cui spiega la
matematica ai bambini. Cerca la psicoanalisi perchè ha sviluppato un sintomo corporeo,
psicosomatico, durante la scrittura del libro e questo sintomo l’ha fatta interrogare. Da
poco tempo è venuta a mancare la nonna e lei ha bisogno di un Altro che le confermi la
sua interpretazione. Amelia si domanda se il desiderio e l’amore per la matematica, di cui
vede indubbiamente il legame con la nonna, abbia però un legame ancora più forte con il
trauma che ha subito,il cui effetto è stato, per diverso tempo, che i conti non le tornassero
più. Da questo è nata la sua spinta e il suo desiderio nel far tornare i conti? Sì, Amelia ha
saputo fare della contingenza che ha incontrato una necessità diversa, ha potuto prendere
dal  trauma la sua vocazione, facendo sì che i conti tornino, perché “i conti tornano
sempre” come intitola il suo libro!