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Trouver ou retrouver la confiance perdue
Trouver ou retrouver la confiance perdue
Trouver ou retrouver la confiance perdue.
Le premier bilan que l'on peut tirer après la rencontre entre les associations psychanalytiques et le ministre Jean François Mattéi, n'est pas brillant.
Premier point négatif, le sentiment d'une volonté de dissimulation de la part des représentants des associations psychanalytiques et leur souhait de négocier, et de négocier seuls, en douce, avec les cabinets ministériels de problèmes qui concernent l'avenir de la psychanalyse. On y apprend que des négociations se sont tenues depuis des semaines avec le ministre sans que l'on n'en sache rien, qu'un "groupe de contact" dont on aimerait savoir si les membres des associations qui y ont délégué un représentant ont bien rendu compte à leurs mandants des dites discussions et de ce qu'elles engageaient. Ou l'on apprend que les associations ont proposé au ministre un texte élaboré avec le cabinet de ce dernier et ceci sans que personne ou presque n'en ait été au courant.
Ce n'est pas que l'on ne nous ait pas promis, avec force trémolos, que l'on serait informé les premiers et sans chichis de tout ce qui pourrait intéresser la communauté analytique, charge pour nous d'en faire état : sans l'intervention d'Élisabeth Roudinesco nous prévenant de la tenue de la rencontre avec le ministre de la santé, plusieurs d'entre nous et pas des moindres, y compris à la tête de certaines associations, auraient dû se contenter d'en prendre connaissance une fois l'affaire faite.
Par la suite, le compte rendu de la rencontre, le "verbatim" d'Élisabeth Roudinesco et les démentis divers et variés en provenance des participants et des associations citées, sans retenir comme vraie l'une ou l'autre version sont venus renforcer ce sentiment de méfiance.
Mis en difficulté par les réactions parfois violentes- voir excessives- d'un certain nombre de psychanalystes et l'émotion soulevée par ce qui n'est pour l'instant que des suppositions ont amené non des explications claires et une défense assurée sur une analyse de fond de la situation de la psychanalyse et de l'avenir de l'inscription sociale des psychanalystes dans la cité, mais une réaction d'embarras qui ne peut que renforcer la suspicion déjà bien en place.
Ce n'est pas que la position des associations en cette affaire soit sans arguments. Que l'on ne veuille pas suivre jacques-alain Miller dans sa communication tous azimuts et le grand show avec lequel il divertit la galerie entouré de son aréopage de "psychothérapeutes" est certes une intention louable. Que la version donnée de cette rencontre ne soit pas plus avérée qu'elle nous vienne de l'un ou l'autre des participants n'empêche cependant pas que l'on doive aujourd'hui s'expliquer publiquement dans des débats contradictoires sur ce que l'on a défendu, pourquoi et pourquoi de cette façon.
Revenons donc sur le fond de la question soulevée : abrogation ou négociation ?
Les associations ont eu ce choix. L'argument selon lequel le ministre n'aurait fait qu'évoquer le retrait comme une hypothèse théorique n'empêche pas le fait que les associations auraient pu faire le choix d'affirmer clairement leur volonté que cet amendement soit retiré. Ce n'est pas ce qu'elles ont fait. Faut-il qu'elles en aient honte ?, on pourrait le croire à entendre les réactions des intéressés.
Pourtant ceux qui défendent le retrait de l'amendement ne peuvent ignorer qu'il s'agit de reculer pour mieux sauter, que la question se reposera et que la repousser aujourd'hui c'est supposer que l'on sera en meilleure position plus tard. Est-ce là un pari plus crédible que celui de vouloir tenter de négocier aujourd'hui avec un partenaire qui se dit favorable à notre cause ?
La poussée des comportementalistes, des neuro-physiologistes, la montée des lobbies des "psychothérapeutes" viendra inévitablement confirmer la tendance que seuls les aveugles peuvent méconnaître à savoir le recul de plus en plus net de la psychanalyse dans tous les domaines où jusqu'à présent sa référence n'était guère contestée.
Tout le monde feint par ailleurs d'ignorer que Jacques-Alain Miller sous ses propos enflammés se garde bien de dénoncer toute forme de négociation et en dit bien peu sur le contenu de ses propres entretiens ou aucun observateur n'est convoqué pour nous en dire le contenu. Nous savons seulement qu'ils ont pris place à telle ou telle heure de l'agenda du dit (ce qui nous importe en effet autant que notre première chemise). On apprend néanmoins qu'il a eu de mystérieux mais bien entendu très importants rendez-vous avec tel ou tel ! et nous voilà en effet bien avancés.
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2- la question des annuaires : La ligne rouge
C'est cette question qui a mis le feu aux poudres. On feint de s'apercevoir que les psychanalystes publient les annuaires de leurs membres et que ces annuaires fournissent à ceux qui le souhaitent de savoir si leur analyste y figure ; Pour ma part, j'ai fait le choix de ne figurer dans aucun d'entre eux, mais c'est mon choix au regard de la situation actuelle, ce n'est en aucun cas une position de principe
Pour une association, inscrire un analyste parmi ses membres l'engage à soutenir que cet analyste est au moins susceptible de conduire des cures et que s'il s'avérait que ce n'était pas le cas ce serait d'abord à l'association en question de s'en inquiéter. il y a cependant une ligne rouge que l'on aurait tort de méconnaître, et cette ligne rouge est me semble-t-il représentée par une remise officielle des dits annuaires et à qui d'abord ? au ministre de la santé ? s'agissant de psychanalyse un tel geste aurait en effet de quoi poser la question d'une reddition non à l'État mais à la médecine.
Par contre le point important qui a semble-t-il été négligé et qui constitue une avancée considérable c'est la reconnaissance par toutes les associations non seulement de l'existence des autres mais que cette reconnaissance mutuelle s'accompagne d'une reconnaissance de la capacité de chacune d'avoir en toute indépendance, ses propres modalités d'habilitation. Cela, je crois, ne s'était jamais vu en France depuis la première scission ; que le soupçon de vouloir passer sous les fourches caudines de l'État ait pu faire passer cet événement considérable presque inaperçu en dit long sur le chemin à parcourir pour débattre des enjeux soulevés par cet amendement qui semblait bien anodin au départ.
Et pour aller plus loin : si accord il peut y avoir sur quelles bases et pourquoi ?
Malgré tous les arguments avancés sur le site oedipe et ailleurs, je ne suis toujours pas convaincu que la démarche de l'État demandant que ceux qui se proposent de faire des psychothérapies aient une formation universitaire de psychologue soit une demande exorbitante. On a toujours su et dans n'importe quel domaine que la formation universitaire ne valait pas un quitus de compétence et encore moins dans le domaine qui est le notre. Est-ce à dire qu'elle est inutile ? dans ce cas supprimons tous les diplômes universitaires puis qu'à l'évidence ils ne garantissent rien. Ou alors soulignons cette insuffisance et continuons à inviter ceux qui ont reçu cette formation universitaire à compléter leur formation par un travail psychanalytique comme cela a toujours été le cas . S'ils souhaitent ensuite devenir psychanalyste qu'ils en connaissent les difficultés et les impondérables et notamment que rien ne les en garantira jamais de l'être et plus encore comme dirait Serge André de le rester, ni un annuaire, ni un diplôme ni rien.
Psychothérapie et psychanalyse
Et l'on est dès lors bien obligés de faire une place à part à la psychanalyse et aux psychanalystes. et de revenir encore et encore sur ce terme de psy et sur celui de psychothérapie. Psy pour moi ça ne veut rien dire et cela n'a jamais voulu rien dire et je rejoins Jean Jacques Moscovitz et Charles Melman et Marilia Eisenstein et bien d'autres lorsqu'ils affirment que ce que l'on appelle bien à tort psychothérapie psychanalytique n'est soit que de la psychanalyse appliquée soit selon moi que la nécessaire approche différenciée des patients par un analyste, dans une situation donnée, ce qui revient au même. C'est la position de l'analyste qui qualifie sa pratique. Qu'il soit amené à tel ou tel moment de la cure et en particulier à ses débuts à ordonner les choses selon un cadre différent de la cure classique ne qualifie pas autrement son acte. J'ai, pour ma part l'habitude de dire que je ne fais en ce domaine que des entretiens préliminaires c'est-à-dire que j'adapte toujours le cadre à la demande du patient en ayant toujours pour objectif de l'engager au plus loin possible de sa démarche.
Et si l'on fait une place à part à la psychanalyse, il faut bien que des associations soutiennent que le « s'autoriser » de l'analyste n'a rien à voir avec l'auto proclamation et qu'enfin lui soit rappelé, et peut être à cette occasion même, que le titre de psychanalyste ne servira pas de refuge à ceux qui n'ont rien à voir avec cette pratique sauf à y chercher un parapluie contre une éventuelle action en justice ;
. En conclusion
De tous ces problèmes il nous faut maintenant débattre tous ensemble. Certes , le forum d'oedipe et les articles qui paraissent dans le « petit journal » contribuent largement à ce que le débat ait lieu, mais cela ne suffit pas. J'invite par conséquent solennellement les associations psychanalytiques à réunir au plus tôt, c'est-à-dire début janvier, une assemblée de discussions et de concertations ouvertes à tous afin de discuter ensemble des engagements qu'elles ont pris au nom de la communauté des analystes. Si cette rencontre n'avait pas lieu alors nous pourrions, songer à en prendre l'initiative avec ceux qui voudront se joindre à nous
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