Vienne 1913, Les prémiSSes du pire . Pièce d'Alain-Didier Weill à la Cartoucherie

Didier-Weill

Théâtre de l'épée de bois. Cartoucherie de Vincennes https://www.epeedebois.com/

 THEATRE 

Vienne 1913, Les prémiSSes du pire 

Compagnie Influenscènes, d’après le roman d’Alain-Didier Weill, Adaptation Louise Doutreligne, du 7 au 24 septembre, MES Jean-Luc Paliès Théâtre de l’Epée de Bois La Cartoucherie Vincennes 

 

Un rendez-vous incontournable des Arts et des Mots pour cette rentrée 2023, nous conduit à Vienne. Ici, la psychanalyse et l’extrémisme antisémite dans la société viennoise de 1913 plonge le public dans un face-à-face subtil entre la démarche personnelle du questionnement le plus intime et la montée des remparts psychiques que constituent « la banalité » des certitudes les plus radicales. Hugo Von Klast, jeune et bel aristocrate viennois consulte Sigmund Freud sur les conseils de Carl Gustav Jung, pour traiter sa haine des Juifs. Dans le même contexte, le jeune analysant fait la connaissance d’Adolf Hitler, étudiant en Art. 

L’adaptation par Louise Doutreligne du célèbre roman d’Alain-Didier Weill, psychanalyste et écrivain décédé en 2018, est fluide et efficace. La brillante dramaturge saisit la substance de la fiction afin de situer avec clarté les différents protagonistes et leur déploiement. Jean-Luc Paliès interprète à nouveau l’oeuvre littéraire de son « Ami Alain » sur l’origine et les mécanismes de l’horreur. La mise en scène est rythmée avec des comédiens excellents. Au coeur de la capitale mondiale de la musique, le fil conducteur se décline musicalement avec des compositions classiques, du chant lyrique porté par les voix sublimes d’Estelle Andrea et Magali Paliès et les improvisations délicieuses Photo © Xavier Cantat 

Vienne 1913

Photo © Xavier Cantat 

A chacune sa partition dans un ensemble représenté sur scène par plusieurs pupitres. Du singulier au choeur, le fruit peut être merveilleux lorsqu’il s’agit de création et d’amour. A l’inverse, de l’individu à l’effet de masse, le pire peut se produire sous influence néfaste. Vienne 1913, Sigmund Freud avait bon espoir d’accompagner Hugo Von Klast dans le dépassement de son obsession phobique antisémite. A l’échelle de l’intime, sonder les profondeurs de son âme, serait-il un bon antidote contre le durcissement des certitudes ancrées dans le mal ? Les questions politiques et éthiques posées par le texte historique d’Alain Didier Weill ne sont pas sans écho avec les tyrannies de notre époque. 

Un sujet intense servi par une création ciselée, originale et d’une qualité remarquable.