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Réparer les vivants de Maylis de Kerengal Gallimard
Réparer les vivants de Maylis de Kerengal Gallimard
Réparer les vivants de Maylis de Kerengal Gallimard
On nous annonce un roman, mais c’est plutôt une ode à la transplantation. Tous les personnages, du coordinateur à l’infirmière et au chirurgien, sont intéressants et originaux ; chacun a sa beauté et on se ferait prélever de bon cœur, rien que pour faire la connaissance de tous ces gens merveilleux. Il sont d’une extrême délicatesse et ne commettent jamais de fausse note (si, on nous en offre tout de même une seule, mais est-ce vraiment une fausse note : l’infirmière qui soigne le corps du donneur lui parle gentiment comme elle le fait aux vivants, alors que le chirurgien est en train d’expliquer aux parents qu’il est en mort cérébrale. Je trouve que, bien que le chirurgien lui en fasse reproche, elle avait raison de manifester ainsi son respect du donneur.) Mais autrement tout est parfait, rien ne dérape et même les parents pleurent comme il faut et le père, pourtant un violent, offre gentiment le cœur de son fils au coordinateur qui croyait avoir loupé son coup. On apprend quand même, incidemment, qu’il pourrait forcer la main des parents qui n’ont que l’apparence d’un pouvoir de décision, car on nous rappelle que la loi dit qu’en l’absence de refus exprimé de son vivant par le donneur, les prélèvements sont autorisés. Je suis étonné que cette législation n’ait pas soulevé la colère des foules, alors que depuis l’antiquité, le corps du défunt appartient à ses proches et qu’Antigone accepte de mourir pour qu’au moins, par ses mains, son frère soit recouvert d’un peu de terre.
Ce « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » ne sonne décidément pas juste, même pour un roman, et décrédibilise le récit. Dans les vrais romans, comme dans le monde réel, c’est toujours plus complexe que ça. Il y a toujours des acteurs généreux et puis des gens moins bien, des bons et des méchants, et puis des imperfections et des erreurs, puisqu’il s’agit d’une activité humaine et non du rêve d’un enfant.
Joseph Gazengel
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