Pas très catholique, Lacan ?

Jean-Louis Sous, Paris, éd. Epel

 

 

La notion d'une entité nommée Dieu apparait sous des appellations différentes, selon qu'on soit laïque ou religieux. Dans cet ouvrage, l'auteur, avec une visée à la fois psychanalytique et théologique, pratique une exégèse des travaux de Lacan axés sur ce sujet, dans lesquels il discerne un des noms possibles de Dieu via sa relecture de Freud et propose de nouvelles hypothèses.

Il aborde cette question avec richesse et érudition, des références nombreuses sur ce que Lacan a développé dans ses séminaires autour de l'inconscient, ce qui va le conduire à parler de l'ineffable. Derrière tout cela, il y a notre culture, judéo-chrétienne et sûrement les longues conversations que Lacan eût avec son frère moine bénédictin.

D’un abord rébarbatif pour ceux dont l’érudition lacanienne n’est pas approfondie, cet ouvrage nécessite pour en déguster la substantifique moelle une persévérance qui sera récompensée. Si le christianisme est passé à la loupe, le phallus athée, est interrogé ainsi que son au-delà. L'auteur aborde la notion de Réel, et la notion de phallus qu’il met en perspective avec le paradigme qui en ferait Dieu. Dans un désir permanent, comme Freud, d'échapper à une mystique autour du concept déïque, il recherche dans le cours de la pensée humaine l'aspect logique, cartésien voire scientifique, des différentes représentations possibles du monothéisme, celui en particulier des chrétiens divisé en apparence en trois persona plus ou moins anthropomorphisées. La ressemblance du concept de nouage borroméen du Réel avec le Symbolique et l'Imaginaire, en ferait une démonstration logique de l'ultime interprétation de cette Trinité. Si Dieu reste un paradigme du Réel, c'est l'humain qui utilise RSI pour s'en rapprocher.

Nous avons là un ouvrage ambitieux et réussi quant à la richesse de sa documentation et la pertinence du sujet abordé. De surcroit, il offre un résumé en filigrane de l'enseignement de Lacan qui va éclairer tous les curieux, psychanalystes ou profanes.

 

P-G. Despierre