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Freud l’humour juif et les mères Par F. Rousseau
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Jean Pierre KAMIENIAK « Freud l’humour juif et les mères » Éditions IMAGO
Jean Pierre Kamieniak est psychanalyste, maître de conférences des universités à celle de Rouen, il est membre de l’Association Internationale Interactions de la Psychanalyse et membre du comité de rédaction de la revue « Le Coq-Héron »
Il a déjà publié « Freud, un enfant de l’humour » en 2000 chez Delachaux Niestlé et « Mythes et fantasmes » chez le même éditeur , ainsi que de nombreux articles.
On sait que Freud fut un grand praticien de l humour. Quelques mois après le décès de son père en 1896, tout en commençant son auto-analyse, il rassemble le matériel nécessaire à la constitution d’une « anthologie des meilleures histoires juives » . Cela débouchera en 1905 sur son ouvrage : « Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient ».
Après s’être penché dans une première partie sur le « Witz : une quête des origines » l’auteur s’interroge sur le rapport de Freud au Witz et à l’identité. Il montre, je devrais dire il démontre, comment c’est à travers le Witz que Freud écrit son roman des origines tout en butant sur le tabou du rapport à la mère. Ce dernier thème annonce la seconde partie de l’ouvrage intitulée « Freud à la porte des Mères ».
Partant d’une collecte, somme toute assez innocente, au regard des objets coutumiers de la pratique analytique, Freud est pris d’un malaise à l’étude de ses bons mots et en viendra d’abord à afficher une désaffection claire pour ce domaine et à brûler sa collection en 1908.
« En recourant à ces Judenwitze , en l’occurrence des matériaux dans lesquels il est personnellement impliqué, et conformément à l’exercice analytique auquel il est en train de se livrer, Freud s’est trouvé confronté à l’énigme de son identité, une identité juive, qui si elle engage évidemment Jacob son géniteur, implique encore plus sûrement la mère… Freud s’inscrit dans la filiation, et s’il témoigne au plan manifeste d’un héritage des Pères, celui de la Communauté juive, il est aussi et surtout au plan latent, un le maternel provenant d’Amalia. Une mère œdipienne de laquelle le fils ainé s’est tenu à distance pendant longtemps, mais à laquelle il fut en permanence confronté, bien malgré lui, au cours de ses recherches »
D’ailleurs dans les dernières pages de son livre « Le Mot d’esprit avec l’inconscient » on retrouve l’énigme qu’est pour Freud : la provenance de la bonne humeur perdue de l’enfance et dont il identifie les retrouvailles à l’humour. Question à laquelle il consacre dans un texte ajouté en 1927 une élaboration métapsychologique écrite en 5 jours mais fruit d’un long travail de perlaboration sur le versant féminin maternel de son auto-analyse.
L’humour, nous dit J. P. Kamieniak, « serait, pour Freud, la trace réitérée de l’amour maternel précoce inscrit dans la psyché, et ce qu’il révèle à son heureux bénéficiaire, c’est cette capacité maternelle pérenne à pouvoir le fonder »
Cette investigation oblique qu’a pu mener le père de la psychanalyse, à propos du personnage maternel, l’a conduit à la Porte des Mères, ces divinités archaïques et irreprésentables, évoquées par Goethe, auxquelles Danièle Lebrun a consacré « Mères Majuscules » dont nous avons rendu compte en son temps ici même. Freud, nous le savons, hésita à pénétrer le seuil de ce royaume auquel l’humour l’avait mené .
Le livre de J. P. Kamieniak, est très riche, il analyse ce cheminement très difficile de Freud. Il allie sur un mode fort agréable à lire une érudition qui reste légère à parcourir et une finesse de réflexions et d’analyses qui constituent un vrai régal pour le lecteur.
Si l’ouvrage nous fait progresser dans la compréhension du questionnement freudien, il n’a pas la prétention de construire une fondation théorique nouvelle et là aussi nous en somme gré à l’auteur.
Frédéric Rousseau