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L'American way of life : Lacan et les débuts de l'Ego Psychology. Paméla King
Critiques du même auteur
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Ce petit opuscule de Pamela King est écrit dans un style clair et agréable qui invite à la lecture. Ce livre nous introduit de manière très pertinente à la question de l'Ego Psychology. L'auteur rappelle d'abord les débuts de la psychanalyse aux États-Unis : « nourrie par les idéaux normatifs de la philosophie pragmatiste, liés aux préceptes de l'éthique protestante » et souligne « que « la peste » freudienne n'a pas été reconnue pour ce qu'elle était « parce que les Américains ont esquivé la sexualité infantile et la pulsion de mort afin de présenter la psychanalyse comme une méthode de choix permettant à l'individu d'exercer un contrôle sur lui même ».
Pamela King montre comment cet Ego Psychology peut s'enraciner dans les travaux d'Anna Freud. L'auteur fait un démontage au scalpel du « Moi et les mécanismes de défense», elle y voit le « désir affirmé par Anna Freud de créer un statut scientifique pour la psychanalyse, tentant de l’intégrer dans la psychologie pour en faire une psychologie psychanalytique » . « La théorie d'un Moi en conflit, morcelé, faible, mais capable d'être renforcé, rééduqué et adapté à la réalité, était précisément ce qu'il fallait pour ramener la psychanalyse à la psychologie, et ainsi ouvrir la voie aux Ego psychologists ». Elle souligne à quel point Anna Freud a privilégié l'étude du Moi et son adaptation au détriment de l'inconscient.
L’auteur décrit ensuite brillamment comment « le triumvirat des fondateurs auto-proclamés de l'Ego Psychology » (entendre Ernst Kris , Heinz Hartmann, Rudolf Loewenstein dont il convient de rappeler qu'il fut le seul analyste de Lacan) débarqua à New York pour y développer une version revue et corrigée de la psychanalyse compatible avec l'american way of life, c'est à dire débarrassée de cette importance de la sexualité et de la pulsion de mort que l'on trouve chez S. Freud.
Elle entreprend ensuite une analyse beaucoup plus critique et en profondeur du travail d' Hartmann intitulé, ce qui est effectivement tout un programme, « La psychologie du Moi et le problème de l'adaptation ». Hartmann veut élargir la psychanalyse freudienne à l'ensemble du champ de la conscience. Il insiste sur les fonctions a-conflictuelles du Moi et sur la fonction d'adaptation à la réalité de ce dernier. « En soutenant la notion d'une « sphère du Moi libre de conflit » (où la technique se réduit simplement à libérer l'organe du Moi des effets néfastes d'une maturation instinctuelle qui ne serait pas arrivée à terme), l' Ego Psychology proposait, face au pessimisme freudien, une solution pratique optimiste.
L'ouvrage s'achève sur la présentation de la critique par J.Lacan de cette conception. Celui-ci en parle comme d' « une théorie de l'adaptation, du moi, du ravalement de la parole au profit des affects et de l'identification au moi bien analysé de l'analyste ». Lacan souligne : « Le moi n'est pas le je »1 . « Littéralement, le moi est un objet. »2 Pour enfoncer le clou, il poursuit : « l'idée d'un développement individuel unilinéaire, préétablie, comportant des étapes apparaissant chacune à leur tour selon une typicité déterminée, est purement et simplement l'abandon, l'escamotage, le camouflage, à proprement parler la dénégation, voir même le refoulement, de ce que l'analyse a apporté d'essentiel »3 . En effet « en dirigeant la cure vers une réalité prétendument objective, l'analyste quitte le champ de l'expérience analytique qui doit préserver la place du désir ». L'Ego Psychology n'est pas une direction de la cure précisément parce qu'elle réduit le désir à la simple demande.
Après un tel concert d'éloges je pourrais me demander d'où vient ce malaise qui, sourdement, à accompagné ma lecture. Je crois en voir des éléments dans une fausse objectivité, dans un savant mélange de citations très précises et d'insinuations. Dans une lecture qui ne se relie vraiment qu'à une seule construction de la psychanalyse, celle de J.Lacan .Bien évidemment on trouve en ouverture une citation de Jacques Alain Miller.
Je trouve aussi très éclairante la préface de Pierre Gilles Gueguen ex-président de la New Lacanien School et, passez-moi du peu, : « Membre du conseil de l'association mondiale de psychanalyse en tant que délégué spécial pour les USA » et Maître de Conférences au Département de Psychanalyse de l'Université de Paris VIII ». Dans sa présentation du livre il fait ainsi mousser le CV de l'auteur « universitaire formée depuis longtemps en France ayant derrière elle des diplômes universitaires du département psychanalyse de Paris VIII ». La quatrième de couverture nous précise , et c'est fort honorable, un titre de Master et un doctorat en cours avec le dit préfacier !
A trop vouloir occuper le champ de la maîtrise d'une parole qui se voudrait juste, le discours de l’universitaire chasse le discours de l'analyste .