Quelques compléments utiles à la réflexion autour de la demande de "changement de sexe" des enfants et adolescents. Par N.Athéa

La question de la dysphorie de genre chez les enfants et les adolescents a suscité de nombreux commentaires et discussions dont les réunions de l'Observatoire se sont faites l'écho. 
Nicole Athéa endocrinologue qui a une grande expérience en ce domaine  a résumé ses propres réflexions dans deux textes dont il me semble important de prendre connaissance. Elle prépare un ouvrage sur le sujet à paraître d'ici quelques mois.

LLV

1) Une relative fréquence de sentiments de genre inversés a toujours existé dans l’enfance, avec les filles garçons manqués et les garçons féminins, qui font de la danse. Dans une majorité de cas, ce sentiment s’inversait à la puberté. Nombre de ces garçons devenaient homosexuels, et de nombreux gays s’insurgent aujourd’hui de voir certains de leurs copains faire une transition, ce qu’ils assimilent à une homophobie.

Pour certains, la transition représente effectivement la possibilité de ne pas être homosexuels, et cela est  encore important pour eux, même aujourd’hui.

Ces enfants qui auparavant s’adaptaient à leur genre, ne le peuvent plus. Surinformés par la problématique trans, fascinés et ayant bien perçu tous les bénéfices  qu’ils peuvent trouver auprès de leur famille et de leur pairs en s’affirmant trans, ils ne peuvent que la demander. Il deviennent les nouveaux héros de la société. C’est une raison essentielle à l’accroissement de la demande

 

2) Les traitements:

- Ils ont été mis en place par des équipes hollandaises qui s’appuient encore sur une hypothèse somatique cérébrale, la pathologie du noyau strié,

qui n’ jamais été démontré. Mais cette « pathologie irréversible » , justifie les traitements .

-le traitement bloqueur est mis en place entre 10 et 12 ans et il se poursuit jusqu’à 15 ans: il a été mis en place pour « permettre à un jeune de maturer sa demande »;

cela est parfaitement faux: dès la prise en charge, ces enfants adoptent le genre inversé: habillés en fille ou garçon, comme ils l’ont décidé, ils sont famlilialement et socialement reconnus dans leur genre inversé. Ce traitement se poursuit jusqu’à l’âge de 15 ans, et dés lors une puberté dans le genre inversée est induite par des hormones masculinisantes ou féminisantes. 

La dite « maturation de la demande » est mensongère: le traitement n’a pour but que d’éviter la sexualisation induite par la puberté, donc de rendre ensuite la transition hormonale plus facile

Aucun des enfants traités n’est revenu sur sa décision, ce qui démontre l’inanité de la maturation de la demande.

Comment le pourraient-ils, après avoir fait tout ça, tant par rapport à leur famille que par rapport aux médecins qui les ont si gentiment traités?

Car cette prise en charge correspond également à une adaptation tant personnelle que familiale, à la nouvelle identité de genre, et constitue même un renforcement psychologique de l’identité inversée.

Certes, la chirurgie mutilante, car la chirurgie effectuée sur les trans répond à la définition d’une mutilation médicale, n’est effectuée qu’après 18 ans [des cas de mastectomie interviennent même avant 18 ans puisqu'aucune législation ne l'interdit]  mais ces enfants sont mis sur des rails pour la réaliser. Certes à 18 ans, ils sont majeurs. N’en sont-ils pas encore adolescents? 

 Ce qui est mis en place dès l’enfance consiste en une vie médicalisée à vie, rendant impossible une reproduction naturelle.

 

3)Sur le plan social, depuis la charte des droits de l’enfant, notamment, l’enfant est devenu une nouvelle minorité, dont on doit reconnaître les droits, au même titre que les autres minorités, notamment sexuelles. Ce qui différencie les droits de l’enfant de ceux des adultes, c’est pourtant le besoin de protection propre aux enfants. "Cette conception, critiquée par les partisans de l’auto-détermination des enfants, dénonce la protection de l’enfance comme la forme moderne d’une oppression séculaire » 

"les droits de l’enfant, c’est l’utopie d’un monde où l’enfant serait maître de sa destinée » écrit Irène Théry. Les pédopsychiatres-psychiatres et endocrino-pédiatres qui traitent ces enfants s’appuient  sur ces concepts anglo-saxons et sur cette idéologie. C’est ainsi qu’ils font signer des consentements dits éclairés à la mise en place des traitements. Ce qui réduit le droit des parents: c’est moins leur consentement qui est requis que celui de l’enfant.

Le consentement d’un enfant justifie-t-il tout? La jeune femme abusée dans l’enfance par G.Matznev rapporte bien qu’il avait son consentement pour abuser d’elle. Accepterons-nous que désormais, parce que  des enfants consentent à des actes violents, dont ils ne mesurent pas toute la portée, nous les trouvions légitimes?

La clinique de la transidentité de l’enfant montre à quel point ces enfants obéissent souvent à des désirs, conscients ou inconscientes des parents.

En pédo-psychiatrie, les dysfonctionnements familiaux sont bien connus, et le rôle des médecins est d’essayer d’en protéger l’enfant, de le dégager  des souhaits parfois pathologiques des parents à leurs égards, ce qui ne signifie pas que ces enfants ne soient pas aimés ou que ces parents soient maltraitants.

Dans la transidentité, les pédopsychiatres-psychiatres et les endocrino-pédiatres vont avoir pour rôle de soutenir le projet des parents, d’y enfermer un peu plus l’enfant, de résoudre par l’adaptation à un comportement de genre inversé le problème. Est-ce bien là leur rôle?

 

4) Compte-tenu de l’engouement social lié à la fascination générée par la transidentité, seul le législateur peut mettre des barrières à des traitements 

qui se sont diffusés, et qui vont se diffuser plus encore si rien n’est fait pour en protéger les enfants. Déjà, aux Etats-unis des sociétés médicales se sont opposées à ces traitements. Qu’en sera-t-il de la France?

Irène Théry écrit encore «Un certain nombre d’intellectuels dénoncent un langage démagogique et les dangers d’une assimilation de l’enfant à l’adulte  qui fait de l’enfant le seul responsable de sa protection et le livre ainsi à toutes les manipulations : “ le traiter à égalité avec l’adulte… affirmer  qu’il est responsable de ses actes, qu’il faut le croire sur parole et prendre ses adhésions pour argent comptant, ce n’est pas le respecter ou le défendre… Voir en lui une personne achevée et non une personne en devenir, c’est sous l’apparence  du libéralisme le plus généreux l’exposer alors à tous les conditionnements». Les risques d’une société démagogique, c’est de placer les jeunes dans une situation adultomorphe, les parents ne pouvant plus se permettre de discuter leurs avis ou d’affirmer une limite. 

 

Citations d'Irène Théry dans  “Nouveaux droits de l’enfant” Esprit Mars-Avril 1992 p13 

-Les bloqueurs de la puberté chez les très jeunes

Ces traitements consistent en des injections d’hormones (les analogues de la LHRH) utilisés pour bloquer les hormones (FSH, LH) qui provoquent le processus pubertaire, c’est à dire  la mise en route de la production hormonale des ovaires chez les filles et des testicules chez le garçon, rapidement accompagnée par celle des ovules et des spermatozoîdes. Ces traitements sont utilisés en pédiatrie pour bloquer le développement pubertaire des enfants qui ont une puberté précoce. Ils permettent ainsi de ne pas sexualiser trop rapidement de petits enfants et de leur permettre de ne pas subir un arrêt de croissance staturale prématurée engendrée par les hormones sexuelles qui serait responsable d’une très petite taille.


Dans une transition, il s’agit de bloquer un processus pubertaire  normal, dans le but, nous dit-on, de faire réfléchir les enfants sur leur identité sexuée  et de « maturer leur demande », comme indiqué dans les articles décrivant ce traitement. C’est en fait surtout pour empêcher une sexuation du corps qui serait susceptible d’être mal vécue et de permettre des gestes chirurgicaux  plus faciles ensuit pour assurer la transition(). Ce traitement s’inscrit donc dans un projet médical de non retour,  comme le montrent les résultats de l’équipe de De Vries. Ce traitement doit être  administré dès les tous débuts pubertaires, c’est à dire en général entre 10 ans et 12 ans. Sa tolérance dans les publications pédiatriques semble plutôt bonne de façon paradoxale, alors que les effets secondaires habituellement décrits chez les adultes sont nombreux, dont certains présentant une gravité avérée, comme l’ hypertension. Chez les enfants, la survenue de maux de tête dans 1/3 des cas et de bouffées de chaleur n’est pas rare. Quelques rares signes digestifs à type de vomissement, nausée ou diarrhée sont constatés dans moins de 5 % des cas. De rares cas d’allergie locale ou générale ont été constatés. La douleur au point d’injection est constante, autant marquée lors des injections sous cutanées qu’avec les intramusculaires, ce qui n’est pas facile à vivre pour des jeunes enfants, ce d’autant que ces injections doivent être répétées tous les mois ou tous les trois mois en fonction des molécules choisies.

Au cours du traitement il existe des modifications corporelles avec une diminution nette de la masse maigre et une augmentation de la masse grasse; une prise de poids peut ainsi s’observer. La minéralisation osseuse est affectée par ces traitements: la puberté est le moment où s’observe le pic de la constitution de la masse osseuse. Cet accroissement du capital  osseux est empêché par ces traitements, comme on l’observe chez les jeunes anorexiques dont la fonction ovarienne est bloquée. Il semble que la minéralisation osseuse se répare  quand le traitement est arrêté mais le recul est insuffisant pour avoir des données fiables. La taille est aussi affectée, puisque la puberté normale s’accompagne d’un pic de croissance. Les enfants ainsi traités ont une taille réduite de quelques centimètres par rapport à celle qu’ils auraient eu sans traitement. Pour les filles trans M->F, c’est peut être un bénéfice, mais pour les garçons trans F->M, qui ont déjà une taille inférieure à celle de leurs pairs-cis, cela peut représenter un handicap.  Ce traitement met des enfants sains dans une médicalisation lourde, qui est arrêtée plus tardivement que celle donnée pour puberté précoce: en effet, dans une puberté précoce, le traitement est arrêté à l’âge normal de la puberté, soit vers 12,5 ans, ce qui permet à ces jeunes de vivre une adolescence normale, ce dont les endocrino-pédiatres étaient jusqu’à présent soucieux.

Pour les jeunes trans, cette médicalisation, avec les injections régulières, la surveillance biologique et radiologique, les consultations médicales,  entraîne un statut de malade chronique, avec le retentissement inéluctable sur l’enfant et la famille: le jeune, de plus en plus enserré dans les relations parentales,  devient le personnage central de la famille, tous mouvements qui compromettront son autonomisation et son individuation, mouvements essentiels à l’adolescence, et ce peut-être d’autant plus qu’il est en difficulté identitaire. Ce traitement arrêté à 15 ou 16 ans, est remplacé par des œstrogènes ou des androgènes, utilisés en emploi inversé de la physiologie. Identiques à ceux des adultes, l’effet de ces hormones sera envisagé   dans le chapitre « prise en charge adulte ».


Ainsi, les jeunes traités par blogueurs de la puberté  auront été empêchés de vivre une adolescence normale tant physiologiquement que psychologiquement. Si  les mouvements adolescents sont certes difficiles et douloureux pour tous les jeunes, ils sont aussi nécessaires pour grandir; ces jeunes trans vivront un court-circuit d’adolescence dont nul ne peut prévoir les conséquences, sauf une: tous ces facteurs compromettront la possibilité d’un retour en arrière dans le sexe initial. En effet, la quasi totalité des enfants ainsi traités persévèrent dans leur projet de changement de sexe et de nombreux facteurs liés à cette médicalisation jouent pour empêcher tout retour en arrière, si bien que  le résultat obtenu est exclusivement celui d’une marche en avant vers une chirurgie, qui est pratiquée dès l’âge de 18 ans ou peu après. Quant à vivre mieux la sexuation de l’adolescence, si tel était le projet, qui ici sera réussi, il faudrait sans doute mettre tous les adolescents sous bloqueurs de la LH-RH pour leur épargner les difficultés liées à la puberté et pour le bonheur de leurs parents!