Verbatim de la rencontre au ministère avec B.Basset

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Verbatim de la rencontre au ministère avec B.Basset

RÉUNION DU 10 JANVIER ORGANISÉE PAR LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ EN VUE DE LA RÉDACTION DES DÉCRETS D'APPLICATION SUR L'USAGE DU TITRE DE PSYCHOTHÉRAPEUTE. Verbatim Rédigé par Philippe...

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RÉUNION DU 10 JANVIER

ORGANISÉE PAR

LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ

EN VUE DE LA RÉDACTION

DES DÉCRETS D'APPLICATION

SUR L'USAGE DU TITRE DE PSYCHOTHÉRAPEUTE.

Verbatim

Rédigé par Philippe Grauer et Geneviève Mattei

Étaient réunis pour cette confrontation avec Monsieur Bernard Basset

sous-directeur à la Direction générale de la Santé, les représentants des

principales associations de psychanalystes, psychothérapeutes,

psychiatres et psychologues, soit une quarantaine de personnes

représentant vingt-six associations. La proposition de rédaction des

décrets ainsi que la liste des associations et de ses représentants se

trouvent sur snppsy.org et le site OEdipe.

INTRODUCTION

par Monsieur Bernard Basset

Après les débats parlementaires et le vote de la loi, voici un premier

état du projet de décret. Je vais vous expliquer la méthode et le

calendrier. Il s'agit d'une concertation. Le document que nous allons

vous distribuer est un document de travail.

La concertation est ouverte à tous ceux qui sont concernés

professionnellement. Nous nous sommes efforcés de convoquer

l'ensemble des organisations concernées, débordant ainsi l'effectif de

celles qui s'étaient présentées spontanément. La concertation est

désormais publique et transparente.

Cette première rédaction des décrets d'application va vous être

soumise. Nous attendons vos remarques, critiques, suggestions. Il s'agit

d'un premier document de travail à partir duquel vont s'engager nos

échanges. Seront exposées au ministre les positions de chacun.

Il y aura un mois de réflexion à partir d'aujourd'hui pendant lequel

vous pourrez nous demander les éclaircissements nécessaires. Nous

vous demandons de pouvoir disposer de vos contributions avant le 21

février 2006.

Ce décret porte sur le seul usage du titre de psychothérapeute. Nul

n'est pas obligé d'user de ce titre. Ce décret prévoit une formation

obligatoire à la psychologie clinique pour tous ceux qui voudraient

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faire usage du titre. Quelques conséquences pratiques seront tirées de

ce grand principe.

Modalités pratiques d'inscription au registre départemental puis au

registre national selon les termes de la loi.

La formation est sous la responsabilité de l'université, et c'est à elle

qu'en est confié le pilotage, non exclusif.

La formation en psychopathologie, au niveau du mastère avec

équivalence pour certains professionnels relève des professions de

droit.

Pour le cahier des charges concernant la formation, vos remarques

seront les bienvenues.

La formation devra respecter la pluralité des approches.

Une période transitoire est prévue.

*********************************

DÉBAT

entre Monsieur Basset

et les représentants

des diverses associations réunies ce 10 janvier

B.B : Vous avez le temps de nous faire parvenir votre position dans un

mois, afin que nous puissions élaborer une synthèse.

Christian Vasseur — Association française de psychiatrie : Comment

sera définie la notion de clinique qui suppose d'être "au lit du malade"?

Comment se fera l'articulation entre les sociétés psychanalytiques,

l'université et l'hôpital. Le cahier des charges définira-t-il des temps de

stages ? Comment traiter le problème des sociétés psychanalytiques

qui se constituent sans être vraiment psychanalytiques et se réclamant

seulement du nom de Freud. Un contrôle est-il prévu ? Les bases d'une

formation possible implique idéalement un ordre, une autorité interne,

qui ne peut relever ni de la préfecture ni de l'université. Un tel ordre

sera-t-il nécessaire dans l'avenir ?

B.B : Des stages pratiques sont prévus dans le cahier des charges.

La loi ne prévoit pas de cadre nouveau pour la psychanalyse. En

conséquence, la création de nouvelles associations psychanalytiques

reste possible. La loi n'institue aucun ordre.

Alain Blanchet — Société française de psychologie : Ce texte constitue

une avancée. Mais on ne sait pas s'il s'agit d'une formation

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universitaire ou privée (qui serait de même niveau). Il y aura donc des

afflux considérables. Les mastères existants seront-ils considérés

comme équivalents aux nouveaux ?

BB : La formation est confiée à l'université, laquelle pourra passer des

conventions avec des instituts privés. A un nouveau contenu

correspondra un nouveau cadre.

Lilia Mahjoub — École de la cause freudienne : Universités privées,

conventions avec l'université, lesquelles ? Programme de formation :

ce qui doit être enseigné est décidé, défini par qui ? les professionnels

concernés, les universitaires, les ministères ?

Les quatre types d'approches (article 8) : quid de la psychanalytique ?

Approche : ce qui est déjà enseigné dans certaines universités de

psychologie clinique, psychanalyse théorique et stages dans des centres

de psychiatrie. ou quelque chose qui sera confié aux sociétés de

psychanalyse ? Le terme "analytique" ne convient pas. S'agissant de la

psychanalyse, il faut dire "psychanalytique". Tout cela reste imprécis.

B.B : Effectivement. Les textes réglementaires doivent être concis. Le

Conseil d'État nous y incite. Les autres universités privées, les

catholiques par exemple, qui ont déjà des contrats avec l'Éducation

nationale, pourront s'inscrire dans le dispositif. Pour la définition de la

formation, il faut attendre d'avoir une concertation plus poussée. Sur

les autres points, je ne peux pas me prononcer.

L M : Qui décidera du programme, par qui sera-t-il enseigné, et quelle

approche ?

B.B : Qui décidera ? La décision relève des ministères. Il y aura des

concertations obligatoires avec les organismes concernés.

Approches : détail du contenu. Ce n'est pas à moi de me prononcer sur

le contenu de cet enseignement. On le fera avec nos collèges du

ministère et de l'université le moment venu.

LM : Ce champ est inextricable

BB : Non, puisqu'il y aura une concertation.

Patrick Guyomard — Société de psychanalyse freudienne : Que

signifie à l'article 8 la connaissance des quatre approches ? Pourquoi à

l'article 7 un niveau mastère et pas un mastère ? Que signifie à l'article

2 la référence aux diplômes relatifs à une profession réglementée dans

le champ sanitaire et social ?

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B.B : Un point relève de la pratique, l'autre de la définition des

connaissances. Il y aura un respect de la pluralité des approches.

S'agissant du mastère il y en aura un pour ceux qui ne sont pas

médecins.

Monsieur Lécuyer — Fédération française des psychologues et de

psychologie : Les travailleurs sociaux (art. 2) pourront donc accéder

directement à un mastère. Peut-on préciser la liste des licences ?

Marc Strauss — Internationale des forums du champ lacanien : Pour

l'attestation de certification & d'obtention du diplôme, seule la

déclaration sur l'honneur fera la différence ?

B.B : Il faudra produire l'attestation d'une formation en psychologie

clinique. Mais le niveau demandé sera basé sur des équivalences. Seuls

ceux qui n'auront pas de formation préalable devront répondre sur

l'honneur.

L.M : les psychanalystes devront avoir eux aussi une attestation de

formation en psychologie clinique ?

B.B : Oui, il le devront, mais rien ne l'exige

Alain Abelhauser — Séminaire interuniversitaire européen

d'enseignement et de recherches en psychopathologie et en

psychanalyse, SIUEERPP : Au 1er étage de la fusée, il y a quelque

chose de plus par rapport à l'art 52. De droit : médecins, psychologues

psychanalystes peuvent s'inscrire sur les listes du registre. Et voici

pourtant que maintenant est prévue une condition supplémentaire,

c'est-à-dire l'attestation d'une formation en psychopathologie ?

Comment cette formation sera-t-elle organisée et quelle sera son

contenu ? Quelle sera l'avenir de l'enseignement déjà existant ?

B.B : Nous essayons de définir les cadres d'une formation mais pas

son contenu. Nous ne pouvons excéder la loi. En clair, cela veut dire

que les membres dits de droit devront satisfaire à des exigences de

formation.

AB : Il est prévu d'annoncer ce qu'est cette formation en

psychopathologie clinique. Comme l'université en est responsable, je

pose une double question. Qu'est-ce qu'on entend par psychologie

clinique et comment organiser les formations ad hoc. S'il y a des

mastères professionnels en psychopathologie clinique, va-t-on en créer

d'autres ?

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B.B : L'organisation de la formation c'est l'étape suivante. Ce texte n'a

pas pour ambition d'en définir le contenu. Une concertation avec les

autorités universitaires est nécessaire et on verra alors s'il faut ou non

aménager un nouveau mastère. Je ne puis sortir de mon rôle ni de ma

compétence ; donner des règles claires pour ceux qui souhaitent user

du titre de psychothérapeute.

Roland Gori — SIUEERPP : Comment éviter que les décrets

d'application n'excèdent le champ de la loi si vous transformez un

problème en postulat ? Le problème c'est la définition de la

psychopathologie clinique. Psychopathologie fondamentale, oui, mais

là, en France, il existe une certaine tradition, qui la réfère au champ de

la psychanalyse et d'une psychopathologie psychodynamique. Or, ce

problème est réglé d'avance par les décrets d'application qui

présupposent une connaissance du fonctionnement psychique et des

quatre courants "validés scientifiquement" (article 8). Là, il y a

anticipation et débordement de la part des parlementaires.

B.B : Je n'ai pas l'intention de m'immiscer dans des débats des sociétés

savantes. J'ai pour souci d'éviter les dérives sectaires pour répondre

ainsi aux parlementaires qui ont le même. C'est la raison pour laquelle

nous avons fait référence aux quatre approches "validés

scientifiquement"

Michèle Clément — Syndicat national des psychologues : Cette

présence parallèle des psychothérapeutes et des psychologues pose le

problème de la sauvegarde du titre de psychologue qui est un titre

unique, la psychothérapie restant une activité parmi d'autres de la

psychologie. Pour nous ces décrets sont flous.

B.B : Ce texte ne concerne que l'usage du titre de psychothérapeute.

Mais pour autant il ne crée pas une profession nouvelle qui se

substituerait à celle de psychologue. Psychologue et psychothérapeute,

ce sont deux choses différentes.

MC : la psychothérapie étant l'une des missions essentielles des

psychologues, il pourrait y avoir un préjudice pour eux.

Guy Roger — Quatrième groupe : Dans leur immense majorité, les

psychanalystes sont déjà psychologues ou psychiatres. Que devraientils

faire pour entrer dans la catégorie des psychothérapeutes ?

B.B : Le texte prévoit bien une exigence professionnelle et adaptée

pour les membres dits "de droit"

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Madame Craignou — Association française de thérapie

comportementale et cognitive, TCC : Il est absolument indispensable à

nos yeux que la pluralité des courants soit inscrite clairement dans la

loi. Il faut préciser les formations complémentaires (art 9). La liste des

diplômes est-elle fixée par décret ? Y aura-t-il un nouveau décret?

BB : Oui, cela fera l'objet d'une concertation. Il y aura des textes

complémentaires. Ce projet décrit la mécanique nécessaire à l'usage

d'un titre. Il y aura des textes complémentaires, en particulier sur le

contenu de la formation. C'est l'ensemble du dispositif qui rendra le

système viable.

Philippe Grosbois — Syndicat national des psychologues : Votre projet

ne dit rien de l'instance chargée d'examiner les candidatures à

l'inscription sur listes départementales. Comment sera définie cette

instance ?

B.B : Par l'autorité préfectorale. Et quand il y aura un litige, un recours

sera toujours possible.

Alain Blanchet : Je cherche à comprendre ce que veut dire "validés

scientifiquement".

B.B : Cette désignation n'est pas dirigée contre ceux qui sont présents

ici mais par exemple contre une "église d'adorateurs de la lune

solaire".

Mireille Bouskela — Syndicat des psychologues en exercice libéral :

Quelle est la différence entre la désignation d'un titre et celle d'une

profession ?

B.B : Des professions sont réglementées avec des statuts particuliers.

Or, parmi elles, plusieurs peuvent faire usage du titre de

psychothérapeute si elles le souhaitent . Nous avons fait en sorte de ne

pas excéder la loi.

Claude Landman — Association lacanienne internationale : La

question de la pluralité pose problème. Si l'un des courants dominants

est enseigné à l'université, cela crée une psychothérapie d'État. Si elle

est exercée à partir d'une seule référence, il y a un risque pour l'État.

De toute manière, les dispositions donnent à l'université le privilège de

la formation. Il conviendrait donc d'envisager une formation pratique

complémentaire à la charge des différentes écoles.

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B. B : Ce débat explique comment nous en sommes venus à écrire

"pluralité des approches", J'espère que cela répond à votre crainte

légitime. Il me paraîtrait anormal que le ministère de la santé édicte des

références théoriques professionnelles. Tenez compte de ces deux

soucis, dont celui de dérive sectaire. Quant au contenu des formations,

elles feront l'objet de concertations.

Michel Meignant — Association européenne de psychothérapie :

L'Union européenne travaille à une directive sur les professions

libérales. En conséquence, elle a proposé la création de la profession

de psychothérapeute. La France se comporte encore en pays manquant,

Va-t-elle ainsi bloquer le fonctionnement européen ? Que va-t-il

advenir de ceux qui auront une formation dans un pays où la

profession est réglementée.

B.B : nous nous sommes posé la question. D'où le mot mastère qui

renvoie à des références communautaires.

Christian Vasseur : Chaque pays reste maître de sa politique de santé.

Ainsi la France sera-t-elle le seul pays dans le monde ou la formation

en psychopathologie théorique et clinique est exigée. Singularité

française protégée.

Bruno Dal-Palu — Psy en mouvement : Au fond, il n'y a pas

d'opposition entre Vasseur et Gori sur la définition de la

psychopathologie clinique. Dans l'article 1, j'ai été agréablement

surpris de voir qu'on cherchait une solution pour éviter l'inflation

d'associations s'intitulant psychanalystes. J'approuve donc ce qui

concerne l'attestation sur l'honneur réclamée aux "ni-ni". mais le

problème subsiste puisque les psychothérapeutes deviennent des

"psychopathologues".

B.B : Nous ne cherchons en aucune manière à empêcher la liberté

d'association.

Bruno Dal-Palu : Il y a une crainte à avoir que les sectes utilisent le

terme psychanalyse. Mais il faut aussi éviter que les psychologues du

travail, par exemple, fassent usage du titre sans formation à la

psychopathologie.

Madame Craignou : Il est dommage que l'on fasse une loi sur un titre

sans que les formations en psychothérapie soient citées. Ce texte sert

aussi à ce que les usagers disposent d'une lisibilité sur les formations

qu'aura suivies le professionnel auquel ils s'adresseront.

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Parler de connaissance en psychopathologie clinique, et d'un mastère

sur 5 ans ne suffit pas comme information. En aucun cas on ne saura à

qui on s'adresse, et s'il a bénéficié d'une formation en psychothérapie.

B.B : Avec les nouvelles dispositions, il y aura toute même plus de

transparence et d'informations pour les usagers.

Gérard Bayle — Société psychanalytique de Paris : Je voudrais faire

une remarque proche de ce qui vient d'être évoqué à propos de la

protection du public. Il faut se protéger des dérives sectaires.

L'inscription peut fonctionner comme un cheval de Troie pour les

sectes. N'importe qui peut créer une association de psychanalystes.

Ceci constitue une faille dans le dispositif. Il faut demeurer vigilant

face à ce qui inspire l'esprit de la loi, son souci constant. Tous ceux qui

sont soucieux de l'intérêt, de la protection du public et des usagers

comprendront qu'il faudrait assortir la mention de psychothérapeute en

indiquant de quel type de psychothérapeute il s'agit. La loi parle des

associations de psychanalystes. Il faut préciser par décret quelles sont

les associations de psychanalystes pour que des non psychanalystes ne

se déclarent pas psychanalystes. Il convient que par décret ou par

arrêté des dispositions permettent de contrôler la réalité des

déclarations.

Bernard Basset : Nous avons tout de suite vu cette faille, mais c'est ce

texte qui a été voté. C'est à vous d'y réfléchir, je n'ai pas de solution.

Une autorité, un ordre ? la loi ne nous permet pas de créer cela.

G B : Il faudra bien travailler avec vous pour mettre un frein à cela.

B.B : je suis ouvert, mais sans solution pour l'instant. Si vous faites des

propositions.

Philippe Grauer — Syndicat national des praticiens en psychothérapie,

psychothérapeutes relationnels & psychanalystes : La psychothérapie

relationnelle n'est pas une fonction mais constitue bel et bien une

profession. On ne saurait indéfiniment tourner le dos à une réalité aussi

massive sans que cela se retourne contre les auteurs d'un déni d'une

telle ampleur.

Jean-Richard Freyman — Fédération européenne de psychanalyse et

École psychanalytique de Strasbourg, FEDEPSY : L'université et la

Ddass : que ce soit elle qui reçoive les dossiers sans que les

associations soient là, au moins à titre consultatif, pose problème.

L'histoire des quatre contenus possibles : il faut tenir compte de l'état

actuel de l'université et en conséquence ce texte ne peut avoir de sens

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véritable que si des propositions sont faites pour la création de ce titre

de mastère en lien avec les associations.

PHG : D'autre part, les formations privées en cinq années universitaires

minimum que nous avons agréées sont également incontournables. Il

conviendrait de créer une articulation entre elles et l'université. Cette

remarque vaut pour la formation de nos confrères psychanalystes.

Roland Gori : On va vers une législation de la psychopathologie

clinique. Je voudrais faire une remarque sur la crainte des

psychologues d'une recomposition de la profession de psychologue

avec ce nouveau mastère. Il existe deux types de mastère :

professionnel et de recherche. Or ce nouveau mastère sera

professionnel. Vous produisez ainsi fatalement des incidences sur la

recomposition du champ de la santé mentale. Ce nouveau mastère

professionnel représentera un manque à gagner dans le cadre des

mastères existants. Il ne peut pas ne pas avoir d'effet quant à la

formation des psychologues. Il convient de mesurer son incidence sur

les mastères existants.

Sous l'autorité de l'université dites-vous ? Le SIUEERPP est précisément

pour la pluralité. Mais là vous la, avec cette feuille de route vous

placez sous le pilotage de l'université un processus dans lequel

l'association que je représente ne se reconnaît pas. Voici un problème

réglé par voie de décret, c'est bouleversant. Comment placer

l'université en position de pilotage si nous ne pouvons pas nous

reconnaître dans la feuille de route qu'on nous propose ? J'aimerais

vous poser une question : par quelle méthodologie êtes-vous arrivé à

cette proposition ?

B. B. : Faire au mieux. C'est pour cela qu'on vous consulte. En matière

de formation, considérer l'université comme responsable, je n'ai pas en

cette matière inventé là grand-chose. J'ai essayé d'écrire les grandes

lignes d'un cahier des charges de cette formation, à vous de réagir, on a

fait au mieux de nos capacités.

Lilia Mahjoub : Nous avons affaire à la feuille de route. Nous ne

pouvons pas prendre position sur ce mastère nouveau qui ne crée pas

de nouvelle profession. Ça va être une cacophonie.

B.B : Ce document de travail vous est soumis, dans le respect de la loi.

Tout ce qui irait au-delà serait inacceptable. Il ne s'agit pas uniquement

d'une feuille de route. "Cacophonie" : ça vous appartient. Ce le sera si

vous l'êtes [dans la discorde, mais je vous fais confiance, vous vous

connaissez tous, vous parviendrez bien à des positions communes].

Vous êtes nombreux, vous vous connaissez, aurez des échanges entre

vous et ferez des propositions regroupées probablement.

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Christian Vasseur : Je reviens sur ce contenu de formation à la

psychopathologie. Il s'agissait au départ des six grands courants, dont

celui relatif à la relation et ce qui s'y transfère. Théorique, clinique et

pratique, là réside la sécurité. Quels contenus de cette formation ? les

formations à la psychothérapie arriveront après. La base de la sécurité

pour le public est là : dans la psychopathologie.

Bernard Basset : Nous n'avons pas trop détaillé dans le décret, pour ne

pas donner prise au Conseil d'État, qui exige que l'on soit concis, que

l'on épure la formulation.

Serge Ginger — Fédération française de psychothérapie et

psychanalyse FF2P : J'aimerais vous adresser trois réflexions : sur le

mastère, l'Europe, et les mesures transitoires.

1) un mastère de quoi ? Professionnel, mais on nous dit qu'il ne crée

pas une profession de psychologue ? Cela n'est pas clair.

2) l'Europe : différents modèles sont possibles. En Belgique, où la loi

est en cours de discussion, il y a une ouverture à ceux qui ne sont ni

psychologues ni psychiatres. En Grande Bretagne, la psychothérapie

est confiée aux associations professionnelles. Quant à la libre

circulation des professionnels, on n'en a pas fini : le problème

européen va donner beaucoup à débattre. (…) En Italie, les institutions

privées sont reconnues par la loi.

3) Mesures transitoires : cinq années mais quid de ceux qui ont déjà

passé cinq années en formation dans une école, plus quatre années de

pratique, qui sont depuis 9 ans déjà engagé, et se trouvent à bac + 7 ;

devront-ils recommencer un mastère, et de quoi ?

B.B : Nous allons donc consulter nos collègues de l'université, et

penser à la validation des acquis de l'expérience.

Alain Blanchet : L'université est un monde ouvert où il existe déjà des

mastères de psychothérapeutes proches de l'esprit de ce texte (…)

Bruno Dal-Palu : J'aimerais savoir si le nouveau mastère professionnel

se substitue aux formations des écoles de psychothérapie qui existent ?

B.B : Le décret vaudra dès sa publication et dès que les conditions de

mise en oeuvre seront réunies. L'université fera alors des propositions

d'enseignement. C'est à elle qu'est confié le pilotage de l'opération, il

s'agit bien de confier la formation à l'université, laquelle pourra, si elle

le désire, passer des conventions avec des institutions externes. Le

nouveau décret définira ce qu'on ne peut pas mettre dans un décret à

envoyer au Conseil d'État. Cela permet de faire évoluer la situation. Il

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est difficile d'inscrire dans le marbre du décret en conseil d'État tout ce

qui concerne la formation.

Alain Abelhauser : Il ne s'agit pas d'une nouvelle profession, mais du

cadre d'une fonction. Il s'agit de fixer les pré-requis sur lesquels on

puisse s'entendre. Pourquoi des pré requis réducteurs ? (art 8).

Pourquoi fixer déjà les quatre approches ? les choses vont évoluer.

Pourquoi dès maintenant les graver dans le marbre ? Cela est

discutable.

B.B : On peut en ajouter une cinquième si vous y tenez (…). Soit on en

crée de nouvelles. Dans le cadre du cahier des charges, ce texte vous

est soumis. On vous présente un vrai texte auquel vous avez loisir de

vous confronter. Vos rédactions alternatives sont sollicitées.

Michèle Clément : Les praticiens sont déjà sur le terrain. Dans le

service public, il y a déjà des "psychothérapeutes", le titre est déjà en

usage. Beaucoup d'activités psychothérapeutiques sont faites pas des

psychologues. Et vous dites ne pas créer une nouvelle profession ?

Patrick Avrane — Société de psychanalyse freudienne : Une

déclaration sur l'honneur ? Mais qui donc décide que tel ou tel est un

organisme de formation public ou privé à la psychothérapie ?

B.B : Je vous répondrai ultérieurement.

Patrick Guyomard : Il y a deux directions dans ce projet. Il y a des

aspects positifs : la prise de position sur le titre, et la formation assurée

par l'université. Et qu'il ne s'agisse pas d'une profession en tant que

telle. Restent plusieurs difficultés : validation des connaissances, et des

pratiques dans la formation en psychothérapie pour les "ni-ni"

B.B : Nous ne souhaitons pas du tout intervenir sur les pratiques.

P.G : Pour créer un mastère nouveau sans créer une profession

nouvelle, il convient de l'insérer dans des mastères déjà existants.

B.B : Ma voisine me souffle que le mastère de psychologie ne donne

pas droit au titre de psychologue.

Lécuyer : Si, sous certaines conditions. Fixer les quatre approches,

c'est problématique mais l'idée de pluralité conserve sa valeur.

B.B : À condition qu'il n'y ait pas de dérive sectaire

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Michel Patris — FEDEPSY : Le vrai problème, c'est la situation

critique de la psychiatrie. L'organicisme dominant a donné lieu à la

désertion de la psychothérapie par les psychiatres. Une fois le titre

ciselé approuvé, viendront d'autres étapes où ces psychothérapeutes

prendront leur place. Profession de santé mentale, cela se dit déjà.

Nous allons vers une sous-traitance de la question de la psychothérapie

par de nouveaux professionnels. C'est pour cela que nous devons être

attentifs au niveau de la qualité professionnelle, menacée évidemment.

Pouvons-nous, dès à présent, psychiatres, psychologues, associations

de psychanalyse, collaborer à des mastères de psychologie clinique

voire de psychothérapie ? La violence verbale excluant la collaboration

et le dialogue, comment allons-nous faire pour faire tenir la carpe, le

lapin et le serpent à plumes dans la même boîte ? Nous sommes en

train de ciseler une pierre dans un édifice, le plan de la santé mentale.

B.B : là-dessus un groupe de travail sera bientôt en place.

Roland Gori : Jusqu'à maintenant, on examinait des projets de mastères

pour quatre ans. Désormais, il y aura une confusion totale avec cet

usage du titre.

Jean Cottraux — Association francophone de formation et de

recherche en thérapie comportementale et cognitive : Il y a déjà un

diplôme universitaire de formation post-mastère. On peut le faire

cohabiter dans le cadre du pluralisme.

Madame Craignou : Il est indispensable de garder la pluralité. Il

convient de savoir que l'on crée un mastère de psychologie clinique et

non de psychothérapie clinique. Attention à ce qu'il n'y ait pas

confusion avec d'autres mastères existants.

Catherine Mathelin Espace analytique : Il s'agit certainement d'un

plan de santé mentale comme le souligne Michel Patris. Il s'agit de

protéger les patients. Mais comment se protéger des sectes si des gens

sont autorisés à visser leur plaque et agréés après avoir parlé à

quelqu'un à la DDASS ?

B.B : Le texte que nous proposons est plus exigeant que cela.

Christian Vasseur : L'idée du titre infère l'accession à une qualité. Les

inquiétudes concernant une nouvelle profession sont fondées. Déjà,

dans la pratique hospitalière actuelle les infirmiers sont employés au

titre de psychothérapeutes. On gagnerait à inventer une instance qui

réfléchirait à la question des psychothérapies. Enfin, il y a la question

de la formation personnelle. Le refus d'un travail sur soi constitue une

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contre indication à la pratique de la psychothérapie. La remise en cause

auprès d'un tiers ou l'analyse de sa pratique, il y faudrait une invitation

évidente

Jean-Claude Stolov — Société psychanalytique de recherches et de

formation, scission du Quatrième Groupe : Cette loi constitue une

préservation contre les sectes. Au moins, elle vise, avec l'usage du

titre, à souligner le danger qu'il y a à définir une profession de

psychothérapeute. Si on s'engage dans cette voie, on peut aller de

Charybde en Sylla et déboucher sur quelque chose qui mettrait l'État en

position de déterminer ce qui est recevable ou non. Or, il est nécessaire

de s'abstenir de définir ce qu'est la psychothérapie.

Bernard Basset : Vous avez un mois de réflexion. Vos textes devront

être prêts pour le 10 février afin que nous puissions siéger à nouveau le

21. Le plus simple c'est que lorsque je réponds à une personne, toutes

les autres en soient informés. Je vous engage donc à constituer un

carnet d'adresses collectif.

Correctif de Roland Gori :Je souhaite faire la correction que voici au Verbatim qui se trouve dans le Petit journal: "A une première (et rapide) lecture du Verbatim de la réunion du 10 janvier rédigé par Philippe Grauer et Genviève Mattei, je découvre une "erreur" concernant mes propos: j'ai indiqué à Bernard Basset qu'un tel "projet de décrets d'application -pris en Conseil d'Etat- excédait la loi votée par les parlementaires." La loi visait l'usage du titre de psychothérapeute, les décrets procèdent à définir ce qu'est la psychopathologie clinique (article 8). J'ai précisé que dans le texte l'Etat entrait dans le débat épistémologique en prenant parti. J'ajouterais aujourd'hui que la "validation scientifique" à laquelle l'article 8 se réfère est stupéfiante de rhétorique: qui valide la "Science" ici si ce n'est l'Etat? Sur la validation "scientifique" des psychothérapies, qu'en pense l'ex-ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy?"