Mais que se passe-t-il donc au Royaume Uni

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Mais que se passe-t-il donc au Royaume Uni ?

L'IPA tente une OPA.

Le 23 janvier 2003, surprise : un appel de soutien lancé par un collègue britannique (Darian Leader du Centre for Freudian Analysis and Research) nous informe sur la situation des psychanalystes en Grande Bretagne, situation préoccupante en fait depuis …une vingtaine d'années.

En effet, depuis 1980, les relations entre la Société Britannique de Psychanalyse (SBP - section anglaise de l'IPA) et l'United Kingdom Council for Psychotherapy (UKCP) sont plus ou moins difficiles, sujettes à disputes, modérées toutefois, tant dans la forme que dans le fonds jusqu' en 1999. Là, la tolérance hostile a fait place à une offensive déclarée concernant l'épineuse question de la formation du psychanalyste et, par conséquent, de l'usage de ce titre; La SBP accuse publiquement tout analyste anglais n'ayant pas été formé par l'IPA d'être “un charlatan”, et fait ouvertement pression sur l'UKCP pour restreindre l'attribution de ce titre. Après des débats houleux, l'UKCP prend la décision de suspendre l'usage du terme dans la liste publiée des cliniciens, pendant qu'une enquête est mise en place. Pendant cette période de consultation, les noms publiés sont marqués d'une astérisque avec une note expliquant que le titre “psychanalyste” est accordé mais que son usage est actuellement en discussion.

Plus de trois ans plus tard, aucune décision n'est encore prise, et durant l'été 2002, la BPS met sur son web-site une rubrique intitulée “Imposters in the World of Psychoanalysis”. Les instances dirigeantes de l'UKCP avance alors la date du 21 février comme butée ultime à leur enquête et à leur décision officielle. D'où la virulence accrue de la BPS à l'approche de l'échéance, voire les coups bas …Ainsi, l'adresse email ouverte par le comité d'enquête sur le principe d'une “consultation démocratique” des divers groupes, personnalités de l'UKCP et au-delà s'est avéré très récemment ne pas fonctionner…. d'où une absence de voix autres que celles de l'IPA, qui eux, avaient une autre adresse email, en bon état de marche !

Cette situation est d'autant plus étonnante qu'elle semble complètement anachronique et va à contre-courant de l'évolution des mouvements analytiques et de la société. L'hégémonie de l'IPA n'est plus de mise depuis longtemps, l'existence de nombreuses autres associations psychanalytiques ayant une reconnaissance mondiale en témoigne, et la question de la formation des analystes, débattue depuis la naissance de la psychanalyse ne peut être ainsi refermée par la volonté d'un groupe de s'en attribuer la prérogative. D'ailleurs, de par le monde, des contacts, des débats et des échanges voient le jour entre des sections locales de l'IPA et des groupes divers, lacaniens notamment….hormis en Angleterre, semble-t-il !

Pour mieux comprendre.

En Grande Bretagne, au début des années 1980, tous les groupes de différentes tendances psychanalytiques et psychothérapiques se sont réunis pour la “Rugby conférence” qui est devenue, en 1989 l'UKCP (United Kingdom Council for Psychotherapy), sans aucun lien avec l'IPA. Cette dernière a fondé sa propre organisation, le BCP (British Confederation for Psychotherapy) qui comprend les formations proposées par l'IPA.

La particularité de la Grande Bretagne est la quasi nécessité, pour un psychanalyste, d'être membre de l'un de ces 2 groupes, soit de l'UKCP soit du BCP pour que les médecins lui adressent des patients en privé et pour pouvoir travailler au sein du National Health Service (l'équivalent de la Fonction Publique).

Nous avons donc d'un côté le BCP en lien avec l'IPA, et de l'autre l'UKCP, qui veut “favoriser et maintenir la profession de la psychothérapie et des niveaux élevés dans la pratique de la psychothérapie au profit du public, dans l'ensemble du R-U” et qui regroupe “actuellement 80 organismes de membres. Ils sont groupés ensemble dans les sections autonomes représentant toutes les traditions principales dans la pratique de la psychothérapie. L'UKCP s'est transformé en une organisation de parapluie nationale indispensable pour toutes les psychothérapies”13.

Une organisation qui souhaite adhérer à l'UKCP doit remplir des critères bien précis [avoir un but psychothérapique, posséder une structure administrative responsable compatible avec les articles de l'UKCP ainsi qu'un code éthique en accord avec celui de l'UKCP, avoir au moins cinquante membres et trois ans d'existence] pour solliciter le Comité d'adhésion.
L'UKCP est constitué de cinq sections, et chacune d'entre elles est formée de représentants des organismes adhérents. Lorsqu'une organisation répond aux critères d'admission, elle est invité à se déterminer pour une des cinq sections, qui étudiera alors les fonctions de l'organisation (telles que la formation ou l'accréditation) et si celles-ci répondent à aux exigences de la section.

La section la plus importante est la section psychodynamique et psychanalytique qui recouvre des mouvements psychanalytiques freudiens, kleiniens, lacanien - le Centre for Freudian Analysis and Research, par exemple -, etc… Chaque section se met d'accord sur les différents titres que les membres d'un groupe peuvent utiliser, par exemple dans le cas de la section psychanalytique et psychodynamique : “ psychoanalytic psychotherapist ou psychodynamic psychotherapist ou psychoanalyst ou group analyst ou group psychotherapist ou analytical psychologist - Jungian analyst ou attachment based psychotherapist ou couples psychotherapist ”14.

L'appartenance à l'UKCP est donc extrêmement codifiée, et de même, les critères de formation de la Section P & P (Psychoanalytic and Psychodynamic Section) sont très précis, s'apparentant même parfois à ceux de l'IPA…

“ la section P&P a essayé de mettre sur pied une convention sur les critères de formation. Ceci ne pouvait se faire qu'en observant ce qui se pratiquait dans les différents groupes existants. Après s'être mis d'accord sur ce qui devait être observé (…) et ayant étudié les rapports, le comité ébauche les critères de 1992 qui furent unanimement acceptés par la section.

Nous espérons que ces critères seront compris comme étant la ligne de base sur laquelle toutes les formations pourront se développer et se perfectionner en accord avec leur philosophie spécifique et que chaque organisme sera capable d'atteindre ses objectifs en modifiant ses critères dans la mesure du raisonnable. [souligné par l'auteur]

Les critères de formation suivant posent ce qui se pratique habituellement dans la section :

- Tous les membres des organismes et des formations au sein de la section doivent partager un même engagement fondamental : celui de la théorie psychanalytique. C'est un unique et précieux accomplissement pour la section d'avoir rassemblé la grande diversité théorique qui existe en psychanalyse.

- Les organismes de formation au sein de la section P&P ont pour but de dispenser des formations théoriques et cliniques, ce qui reflète l'engagement de la section au niveau de la pratique et de la théorie de la psychanalyse (…). Les formations sont supposées se conformer aux exigences générales de formation et à l'image de l'UKCP, ainsi qu'aux critères génériques suivants :

- Doit apparaître clairement dans les objectifs de chaque formation quel est le titre du registre de l'UKCP qui sera appliqué ( psychoanalyst ou psychotherapist ou… - cf liste plus haut). Chaque formation doit clairement présenter ses objectifs, sa philosophie et ses exigences spécifiques. Les objectifs et la philosophie doivent être en accord avec ceux de la section expliqués ci-dessus, spécialement pour les sections à orientation psychanalytique. Les exigences doivent être au minimum à la fois celles de la section et de l'UKCP.

- Pour entrer à l'UKCP, il faut avoir un “premier diplôme professionnel” ( comme un DESS, par exemple...). Les formations doivent poser clairement un minimum d'exigences et de critères de sélection. Elles incluent normalement :

Une expérience pertinente dans le milieu du travail

2. Une année de psychothérapie personnelle avec un psychanalyste agréé ou un thérapeute psychodynamique, préalable au début de la formation. Les organismes devront décider du moment où cette année doit avoir lieu.

3. Des dispositions personnelles pour cette formation et ce travail

- Une formation adéquate doit être constituée des points suivants :

Une partie théorique qui doit être au minimum de 4 ans. Il ne doit pas y avoir moins de 250 heures de cours, et environ 500 heures si les temps en bibliothèque, groupe, observations… sont pris en compte.

Les cours doivent rendre compte de ce qui est au cœur de la pensée et de la pratique psychanalytique. Les éléments ajoutés doivent être en accord avec la position théorique particulière de l'organisme et la forme psychanalytique particulière enseignée basée sur la psychothérapie. Les psychothérapies de groupe et individuelles demandent des modules spécifiques.

L'élève doit travailler sur des textes originaux et avec des présentations orales et des devoirs écrits qui démontrent sa compréhension de la théorie et sa pertinence dans le travail clinique. Des capacités à l'appréciation critique de la théorie doivent être développées.

- Une partie clinique qui consiste en des stages pour se rendre compte des différents cas pathologiques, même les plus graves, et savoir comment se positionner par rapport à ces réalités.

- Une expérience analytique ou de thérapie personnelle, à raison d'au moins deux séances par semaine et chez un analyste ou thérapeute agréé

- Les élèves doivent être reçu en travail de supervision toutes les semaines par quelqu'un de compétent et d'agréé par l'organisme, et cela tant pendant la période d'apprentissage théorique que clinique. Chaque élève doit être supervisé individuellement et séparément, et des rapports doivent être rendus régulièrement (au moins un par an) sur lui.

Le travail pratique doit être supervisé pendant au moins 18 mois, que ce soit pour une thérapie de groupe ou individuelle. Les étudiants doivent rendre des rapports oraux et écrits tous les 6 mois.

- Les Séminaires "cliniques" ne commencent pour l'étudiant que lorsqu'il reçoit déjà lui-même des patients. Ces séminaires se poursuivent tout au long des études et permettent aux élèves de présenter et de discuter de leur travail ensemble. Ces séminaires doivent être dirigés par des praticiens expérimentés.

- Les élèves doivent avoir un tuteur ou un conseiller qui les guide en accord avec le comité de formation, et les soutient dans leurs demandes et leurs difficultés. Le tuteur est aussi le lien entre les différentes matières enseignées.

Les élèves ne doivent pas être évalués par leur thérapeutes, mais par d'autres enseignants, même extérieurs à l'établissement, ou par des tuteurs. L'évaluation finale est un rapport écrit comprenant la théorie et la pratique. Les organismes doivent pouvoir présenter certains de ces dossier afin que des organismes extérieurs jugent de la qualité de leur enseignement”.15

Au vu de ces critères de formation, qui sont en accord avec une formation psychanalytique fondamentale : une cure analytique, un enseignement théorique et clinique, la supervision des pratiques, et qui même sont proches de ceux de l'analyse didactique selon l'IPA ( la durée, l'analyste agrée, les rapports sur le futur analyste, le tutorat…) on reste plus perplexe que jamais quant aux exigences de l'IPA ! Et commence à surgir le soupçon qu'il s'agit là d'une pure et simple volonté d'être les seuls à “en être”, au delà des arguments avancés. Probablement que l'insupportable réside dans la possibilité pour chaque organisme, malgré l'établissement de ces critères très précis, de les adapter avec ses propres options théoriques, et de désigner soi-même ses propres “analystes agrées”…

Lorsqu'en 1999 la section principale (la Section P & P) a utilisé le titre de psychanalyste, la BSP (IPA) a donc mené campagne auprès du comité d'inscription en arguant que seule leur formation est vraiment psychanalytique, du fait de cinq séances d'analyse par semaine et de séminaires d'un niveau très “profond”…. On ne peut que s'étonner que les instances dirigeantes de l'UKCP aient prêté l'oreille à de tels propos et aient imposé un moratoire quant à l'utilisation de ce titre de “psychanalyste”. Pour protester contre cette décision, d'ailleurs, la Section P&P a quitté le congrès annuel de l'UKCP ( tout en restant membre, précisons-le).

La question de l'utilisation de ce titre va être “réglée” le 21 février, du moins une réponse sera apportée sur le fait de savoir qui, en Grande Bretagne, peut se prévaloir de ce titre… Réglementation du titre, donc, question politique qui n'est pas sans enjeu.

La véritable réponse ne pourra jamais s'aborder par l'établissement de standards, quels qu'ils soient, parce qu'en elle-même, c'est une question : qu'est ce qui opère dans l'expérience analytique pour qu'un sujet attrape ce quelque chose d'énigmatique que Lacan nomme “le désir de l'analyste” et veuille le mettre à l'œuvre pour d'autres, pour que se dégage chez un sujet quelque chose de l'ordre de “l'Etre de l'analyste”… Cette question est au travail depuis longtemps dans bon nombre d'associations analytiques, dans un débat qui ne peut être que théorico-clinique, mais qui a besoin, pour être vivace et opérant (cf les pays européens dans lesquels la psychanalyse est exsangue, voire inexistante depuis qu'ils ont légiféré sur sa formation et sa pratique clinique, la faisant disparaître dans les nombreuses thérapies existantes…) d'avoir un espace de liberté qui lui laisse la possibilité d'exister.

Il est donc tout à fait important d'informer le groupe de travail de l'UKCP de sa position à l'égard du monopole que L'IPA veut s'arroger, de protester en son nom pour la multiplicité des formations analytiques sans que l'une prévale sur les autres, puisque jusqu'au 21 février le recueil de lettres continue. Vous pouvez écrire à : JoS@psychotherapy.org.uk.

Quelques réactions.

A ce jour, les quelques réactions d'associations de psychanalyse sont d'orientation lacanienne… peut-être que ces questions y sont plus au travail… Il s'agit de :

l'A.L.E.P.H (Association Lilloise pour l'Etude de la Psychanalyse et de son Histoire)

L'Association des F.C.L - E.P.C.L - France ( Association des Forums et de l'Ecole du Champ Lacanien)

L'I.F.C.L (L'International des Forums des Champ Lacanien)

Geneviève Morel a contacté les Etats Généraux de la psychanalyse, qui sont restés sans réponse pour l'instant. De même, la SPP (IPA-France), et l'IPA- Anglaise, contactés par moi pour avoir plus de renseignements n'ont pas répondu.

Communiqué de L'A.L.E.P.H.

Chers collègues

Ceux qui sont d'accord pourraient-ils renvoyer leur signature à cette lettre (ou une autre qu'ils écriront), avec leurs titres et fonctions à :

JoS@psychotherapy.org.uk.

Il s'agit de protester contre les intentions monopolisantes de l'IPA qui prétend confisquer le nom de psychanalyste à son seul exercice. L'UKCP a fondé une commission d'études et nos signatures l'informeront qu'il y a beaucoup de psychanalystes formés dans le monde qui souhaitent garder ce nom et n'accepteront pas cette labellisation abusive.

Geneviève Morel

 

A well-known english psychoanalyst tells me that the British Psychoanalytic Society tries to  "impose a restriction on the use of the term psychoanalyst". Such a restriction is absurd! There are many well-trained psychoanalysts in the world who don't belong to any psychoanalytic society affilated to the IPA.The idea that this association should monopolize the term "psychoanalyst" has to be rejected. Could doctors united in one medical organization pretend that those belonging to another corporation should not be called "doctors"? Many psychoanalytic associations and schools all over the world have serious training programms and assure excellent teachings and writings. They should now work together and defend psychoanalysis against bad therapies. The narcisstic assertion that only the members of societies belonging to the IPA are  "true psychoanalysts" is ridiculous and against the interests of our praxis and of our patients. We protest against that assertion.



Franz Kaltenbeck

psychoanalyst, Paris, Lille, President of ALEPH (Association Lilloise pour
l'Etude de la Psychanalyse et de son Histoire) et director of Savoirs et clinique. Revue de psychanalyse.

Geneviève Morel,

psychoanalyst, Paris, Lille, coordinatrice de Savoirs et clinique, association pour la formation permanente en psychanalyse

Communiqué des FCL-France.

Jean-Jacques Gorog psychiatrist, "médecin des hopitaux", psychoanalist, president of the FCL-EPCL-France (Forums of the Lacanien field and School of psychoanalysis of the Lacanian field) which represents 480 members, a part of the International of Forums of the Lacanien field (1250 members all over the world)

Dear collegue,


I am very surprised of what I have heard about what is going on in Great Britain. The IPA in France is represented by two groups training for psychonalysis but they are not even the most important ones. The great  majority of the French practitionairs are outside IPA and well recognized for their work. The training in our group includes personal analysis, supervision and reading of the important authors amongst them you can find not only Freud and Lacan, but also Abraham, Ferenczi, Melanie Klein, Winnicott or Anna Freud. These items have allways been  recognized all over the world as necessary for the training of the analysts.

The Centre for Freudian Analysis and Research is well known in France for the quality of its practice and I am sure that a solution will be found so that it can pursue its activity further on.

 

Jean-Jacques Gorog and the "Conseil d'Orientation" ( Directing Committee, 15 members who rule the association)

Communiqué de L'I.F.C.L.

25/01/03

Le Collège des Représentants
Aux membres de l'IF
Objet : Angleterre, demande de l'IPA auprès de l'UKCP (United Kingdom Council for
Psychotherapy) de restreindre l'usage du terme de "psychanalyste" à ses seuls membres .

Le Collège des Représentants
The College of Representatives,

Le Collège des Représentants des Forums du Champ Lacanien, et au nom de l'Ecole de Psychanalyse du Champ Lacanien,
Aux membres de l'UKCP chargés de réglementer l'usage du titre de psychanalyste et, par conséquent, la formation des psychanalystes.

Votre intérêt sur cette question nous a été transmis par un collègue Britannique. Comme ces questions de réglementation touchent tous ceux qui pratiquent la psychanalyse, nous prenons la liberté de vous adresser notre point de vue, dans l'espoir de contribuer de façon fructueuse à votre débat.

Nous sommes l'une des instances de direction d'une association internationale de psychanalyse, l'Internationale des Forums du Champ Lacanien, qui représente plus de 1250 membres dans 9 pays. La grande majorité de nos membres sont psychanalystes et ont une pratique clinique.
Dans chaque pays où nous sommes représentés, nos membres assurent une formation psychanalytique, avec ses trois axes reconnus : une psychanalyse, une formation théorique, le contrôle des pratiques. Nos membres se retrouvent à l'occasion de rencontres nationales et internationales, de séminaires et de conférences et publient des articles dans différentes revues de psychanalyse mais aussi  de psychiatrie et de psychologie, ainsi que dans des revues culturelles. Un certain nombre d'entre eux sont reconnus internationalement comme des psychanalystes d'une formation indiscutable, ayant une approche théorique approfondie et une longue expérience.

Nous sommes aussi sensibles à l'existence de nombreuses autres associations de psychanalyse dans le monde, qui ne sont ni membres ni affiliées de l'Association Internationale de Psychanalyse.

Nous considérons comme parfaitement infondée la revendication par une quelconque orientation psychanalytique de s'aroger la propriété du titre de psychanalyste, pour deux raisons :

1/ Elle méconnait la réalité où, en plus de 100 ans d'existence de la psychanalyse, d'autres courants sont apparus que celui représenté par l'IPA.
Ces autres courants ont constitué des associations pour la pratique clinique, l'enseignement et l'extension de la psychanalyse et leurs membres ont effectué des traitements, publié et contribué à la psychanalyse et à la culture. Ces contributions sont archivées et accessibles dans des écrits cliniques, la presse, des films. Elles sont qualifiées et reconnues comme
psychanalytiques et il n'existe ni standard ni éthique qui permettrait de les juger "non-analytiques".

2/ Il n'y a jamais eu de démonstration pertinente par l'IPA de sa supériorité dans les domaines du traitement ou de la formation des analystes. Il est difficile d'imaginer la forme que pourrait prendre une telle démonstration, autre que le débat théorique. En fait, le débat théorique a toujours enrichi la psychanalyse. Celui concernant la formation des analystes peut être suivi dans de nombreuses publications professionnelles, qui sont loin de se limiter à celles de l'IPA. Et même dans celles de l'IPA, on peut trouver sur la formation des positions et des pratiques qui sont si éloignées de celles qu'elle veut préconiser qu'elles semblent plus proches des pratiques de groupes n'y appartenant pas, par exemple ceux relevant d'une orientation lacanienne.

Ainsi, nous considérons qu'il n'existe aucune démonstration, ni dans l'histoire des théories de la formation, ni dans les pratiques de formation, qui puisse justifier la revendication d'une association analytique à une quelconque supériorité, encore moins à une exclusivité, pour la formation des psychanalystes.

Donc, la mise en place de standards permettant la reconnaissance des psychanalystes doit commencer par intégrer toutes les orientations qui comprennent dans leur formation les trois axes universellement reconnus pour la constituer : les études théoriques, une expérience personnelle de la psychanalyse et du contrôle, la référence aux textes fondamentaux, en
premier lieu ceux de Freud et ensuite ceux de ses successeurs, qui ont proposé une lecture de ses textes. Cela inclut Lacan, Klein, Winnicott, Ferenczi, Abraham, Bion,Ana Freud et de nombreux autres, qui donnent leur extension aux trois ou quatre orientations fondamentales qui existent dans la théorie psychanalytique.

Si les instances responsables de l'établissement des standards de la formation souhaitent limiter cette formation à une seule de ces trois ou quatre orientations, ces instances doivent d'abord faire le démonstration théorique du fondement de leur choix, comme de l'exclusion des autres. Une tâche que plus de 100 ans de débat n'a pas encore achevée.

Avec l'expression de toute notre considération,
Le Collège des Représentants de l'Internationale des Forums du Champ Lacanien.
Ana Canedo, Espagne : acanedo@ilimit.es
Fulvio Marone, Italie : fumarone@tin.it
Gladys Mattalia, Argentine: gmattalia@arnet.com.ar
Ramon Miralpeix, Espagne : RMIRALP@terra.es
Patricia Muñoz, Colombie, Porto-Rico et Venezuela : fernanmunoz@epm.net.co
Vera Pollo, Brésil: vpollo@ieg.com.br
Marc Strauss, France, Belgique et Grèce : strauss@easynet.fr
Megan Williams, Australie et Israel: meganwilliams@projectx.com.au

         Véronique Sidoit

P.S : Pour avoir plus de renseignements sur l'historique de la crise : allez sur le site www.psychotherapy.org.uk et cliquez sur “registration board ukcp registred psychoanalyst“ .De même, pour avoir des renseignements et des formulaires concernant l'enquête menée par l'UKCP, allez sur le même site : www.psychotherapy.org.uk, et cliquez sur Registration Board - 'UKCP Registered Psychoanalyst' - Label.


  • 13.

    Site Web de l'UKCP : www.psychotherapy.org.uk.

  • 14.

    www.psychotherapy.org.uk, “United Kingdom Council for Psychotherapy, Psychoanalytic and Psychodynamic Section”, traduction Anne Lanco.

  • 15.

    Ibid.