Arrestation en Syrie de notre collègue Rafah Nached



Rafah Nashed
C’est avec une grande inquiétude que nous apprenons que notre collègue, la psychanalyste syrienne Rafah Nached, a été arrêtée le samedi 10 Septembre à 1 heure 30 du matin (heure de Damas) à l’aéroport de Damas. Elle devait embarquer sur le vol d’Air France en direction de Paris afin d’être présente à l’accouchement de sa fille. Une fois passée la sécurité Rafah a été arrêtée par les services de renseignements. Elle a tout juste pu appeler ses proches pour prévenir de son arrestation, depuis aucune nouvelle n a été donnée d’elle. Malgré les demandes incessantes, les services de l’aéroport refusent de communiquer la moindre information. Elle souffre de problèmes cardiaques et doit prendre ses médicaments régulièrement.

Rafah Nached, âgée de 66 ans, a fait son cursus de psychologie clinique à l’UFR de Sciences Humaines cliniques, elle est diplômée en Psychologie clinique de l’Université Paris Diderot.

Première femme psychanalyste à exercer en Syrie, Rafah a publié une étude historique de la psychanalyse en Syrie dans le numéro de la revue Topique consacré à la psychanalyse au Maghreb et au Machrek. Elle a récemment fondé l’Ecole de Psychanalyse à Damas en collaboration avec des psychanalystes français.

Le choc est d’autant plus violent que nul ne comprend les raisons de cette interpellation. Son engagement professionnel a toujours été de nature scientifique et humanitaire. Elle avait pris l’initiative avec la communauté jésuite de Damas d’organiser des réunions entre citoyens syriens de toutes obédiences afin de leur offrir un espace ouvert et multiconfessionnel au sein duquel verbaliser leurs angoisses et leurs peurs dans le climat de violence qui ravage actuellement le pays.

Rafah compte de nombreux amis dans la communauté psychanalytique en France avec lesquels elle entretient des liens de travail importants et réguliers.

Nous demandons que tout soit fait en vue de sa libération immédiate.

 

Sophie de Mijolla Mellor

Comments (7)

Dans ce genre d'afaire, les médias ont un rôle crucial, on l'a vu avec les affaires d'otages. Je suppose que l'info. a été donnée aux grands médias immmédiatement par les correspondants de R. Nached.
En tout cas, hier soir je n'ai rien entendu au sujet de R.Nached à la TV. Je vais écouter un peu la radio ce matin.

Portrait de Le Vaguerèse Laurent

Communiqué de J. A. Miller

Paris, le 13 septembre 2011, 15h 37

Le pouvoir syrien aux abois s’est lancé dans une politique de répression sans pitié.

Certains de nos amis, ayant des contacts anciens avec le gouvernement syrien, agissent en sous-main pour obtenir la libération de RAFAH, qui serait dans les pattes des plus durs des services.

D’autre part, il s’agit de faire autant de bruit que possible pour intimider, s’il est possible, des tueurs revêtus de l’autorité de l’Etat syrien, ou de ce qu’il en reste.

Je fais appel aux sept sœurs, aux 7 Ecoles du Champ freudien dans le monde, et à leurs membres un par un, pour :

1) signer l’appel « Libérez RAFAH ! Du raffut pour RAFAH ! » : c’est le minimum ;

2) contacter dans leur pays journalistes, intellectuels, artistes, écrivains, personnalités, afin de maximiser la fonction « Bruit » ;

3) temps suivant, si RAFAH reste au secret : des rassemblements - pacifiques bien entendu.

L’enjeu est majeur.

a) Les « révolutions » du début de l’année ont convaincu l’opinion mondiale que la démocratie libérale est une aspiration des peuples arabes, courbés depuis trop longtemps sous le joug des dictateurs, avec la complicité des « Occidentés », acoquinés avec la classe de ces compradors qui trahissent sans vergogne l’intérêt vrai des classes populaires comme celui de la bourgeoisie nationale.

b) Désir de consommer, liberté de parole et d’association, droit à la jouissance, oui, partout les peuples veulent, eux aussi, goûter aux plaisirs vénéneux de l’Un comptable et de l’Un-tout-seul, dont se goberge Uncle Sam. Peu importe qu’un certain oiseau de mauvais augure (Lacan Jacques, pour ne pas le nommer, le kojévo-heideggerien bien connu) puisse penser que ce ne sera pas la panacée, et que le « Paradis » (Sollers) n’est certainement pas au bout de ces fantasmes. Les peuples veulent ça, et la boussole du temps logique indique qu’ils doivent en passer aujourd’hui par le moment libéral-consommateur de l’histoire du monde, c’est-à-dire par la production intensive du « manque-à-jouir » - pour aller, un jour, au-delà : vers la sainteté, proposait Lacan.

c) La psychanalyse, la pratique de l’association libre, est partie intégrante de ce moment, au même titre que Ipad, i-phone, Facebook, Google, Go Go Girls, Lady Gaga, The Huffington Post, The Daily Show with Jon Stewart, and the whole megillah.

d) RAFAH en prison, RAFAH rafflée, RAFAH effacée, c’est la tentative de minus, de Lilliputiens, pour ligoter le Gulliver du discours universel. Une figure de l’Esprit achève de vieillir. Aidons le serpent de la sagesse à se dépouille de sa vieille peau !

La psychanalyse au XXIe siècle est devenue une question sociale.

Elle mobilise partout l’attention des législateurs, rêvant de « combler les vides juridiques ». C’est en effet leur job. Mais le nôtre n’est pas celui-là. C’est de nous faire les auxiliaires du temps logique, en activant partout la puissance des lacunes, en donner du jeu aux semblants, en y insinuant la liberté d’association, l’association libre.

La psychanalyse est devenue une question sociale ? Les « sociomanes » (Sollers) désormais nous traquent ? Très bien ! Etre attaqué par l’ennemi est une bonne et non une mauvaise chose, disait un sage chinois. Il est temps, il est logique, que, partout, elle devienne maintenant une force matérielle, une force politique.

Tel est l’enjeu vrai de l’affaire RAFAH.

Du raffut pour RAFAH !

Portrait de Le Vaguerèse Laurent

Détails sur l’arrestation de la psychanalyste syrienne Rafah Nached
http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/09/13/details-sur-larrestation-de-la-p...

Le Dr Faysal ABDALLAH, professeur d’Histoire ancienne à l'Université de Damas, a rédigé, samedi 11 septembre, le communiqué dont on trouvera ci-dessous la traduction française.

COMMUNIQUE SUR LES CONDITIONS D’ARRESTATION

DE LA PSYCHANALYSTE RAFAH TAWFIQ NACHED

Je tiens à porter à la connaissance de tous que mon épouse, le Dr Rafah Tawfiq NACHED, psychanalyste, s’est présentée au point de contrôle des bagages de l’Aéroport International de Damas, samedi 10 septembre à 1h33 du matin. Elle devait se rendre à Paris pour des raisons familiales et de santé. Elle m’a alors appelé et m’a dit : « Ils procèdent à des contrôles avec nervosité. Ils ont des listes… On m’a pris mon passeport et on est parti avec… ». La conversation s’est arrêtée là. Mais, son téléphone portable étant resté allumé, j’ai entendu du bruit et de l’agitation, ainsi que les mots : « Madame… enlevez cela », puis la communication s’est totalement interrompue.

Je me suis immédiatement rendu à l’Aéroport, où je suis arrivé aux alentours de 2h15 du matin. Je me suis dirigé vers le premier poste de contrôle des bagages et j’ai demandé à un policier de se renseigner pour savoir si une femme de 66 ans était passée par là. Le policier en civil m’a répondu qu’il allait poser la question à l’intérieur. Il est entré, est revenu quelques instants plus tard et m’a déclaré : « Nous ne savons pas. Tu dois interroger le bureau de la Sécurité ». Je lui ai dit : « J’ai reçu un appel de ma femme, il y a peu de temps, dans lequel elle m’a dit qu’elle se trouvait au point de contrôle des bagages qui précède la pesée et l’enregistrement ». Il m’a répliqué : « Personne ne sait rien » et m’a conseillé à nouveau d’interroger la Sécurité.

Je me suis rendu en hâte vers un bureau situé dans le grand hall de l’Aéroport au-dessus duquel se trouvait un panneau « Sécurité ». Je leur ai posé la même question et on m’a répondu : « La Sécurité n’a aucune information. Si nous savions quelque chose, nous vous dirions avec exactitude ce qui s’est passé ». J’ai fait observer que ma femme était passée par là, qu’elle s’était mise en contact avec moi depuis le point de vérification des bagages pour me dire qu’ils la contrôlaient, que la conversation avait alors été coupée, et que, depuis ce moment-là, je considérais que ma femme avait disparu à l’intérieur de l’Aéroport - plus exactement au premier point de contrôle, avant la pesée des bagages. Un fonctionnaire de la Sécurité en habit civil m’a répondu : « Nous n’avons aucune information. Si nous savions quelque chose, nous te l’aurions dit ». Je me suis étonné : « C’est étrange. Je suis un citoyen. Je vous informe que ma femme a disparu chez vous. Puis-je compter sur une aide quelconque de votre part en tant qu’autorité responsable ? » Il m’a répété à nouveau : « Nous, nous ne savons rien. Vois plutôt la Sécurité Générale. Va voir la Police et pose-lui ta question ».

Je me suis dirigé vers un bureau voisin où se trouvaient des policiers en uniforme. J’ai raconté l’affaire de la disparition de ma femme. On m’a demandé quel était son nom complet. J’ai donné une photocopie de sa carte d’identité. Un policier s’est retiré pour revenir quelques minutes plus tard et me déclarer : « Ta femme n’a pas franchi le poste de la Sécurité Générale. Cela signifie qu’elle n’est pas encore partie. Regarde du côté du premier poste de contrôle des Douanes et de la Sécurité Aérienne ». Je lui ai fait remarquer qu’on ne me laissait pas entrer là-bas, et que « le bureau censé être celui de la Sécurité Aérienne m’avait déjà fait savoir qu’il ne savait rien à son sujet, et que s’il savait quelque chose il me le dirait ». Le policier m’a alors regardé en riant. Il m’a dit : « Nous, nous avons fait ce que nous devions faire. Ta femme n’est pas passée par chez nous. Interroge de nouveau la Sécurité ».

J’ai ainsi passé quelques heures à discuter avec les responsables des bureaux de la sécurité de l’Aéroport. Au petit matin, je me suis finalement retrouvé dans le bureau du Général Commandant en Chef de la Police de l’Aéroport. Je lui ai raconté ce qui s’était passé, que j’avais perdu ma femme dans l’Aéroport depuis 1h33 du matin, qu’elle n’avait pas franchi le premier poste de contrôle, que son nom figurait sur la liste de réservation des passagers d’Air France en direction de Paris, mais qu’Air France m’avait indiqué qu’elle ne figurait pas sur celle des passagers ayant embarqué. Cela voulait dire qu’elle avait été arrêtée au premier point de contrôle. L’officier supérieur m’a répondu avec amabilité et m’a fait comprendre que si la Sécurité Générale n’avait pas enregistré le passage de ma femme, cela voulait dire qu’un autre service de sécurité, autrement dit la Sécurité Aérienne, était responsable de ce qui s’était passé.

J’ai tenté à de multiples reprises de retourner aux bureaux de la Sécurité Aérienne. J’ai demandé à en rencontrer l’un des officiers. Mais toutes mes démarches sont demeurées vaines. J’ai dû me contenter de la réponse des fonctionnaires des bureaux accessibles au public.

Au terme de la journée de samedi, toute entière occupée à passer des bureaux de la Sécurité à ceux de la Sécurité Aérienne et de la société Air France, je me suis résigné à admettre que le Dr Rafah NACHED, psychanalyste âgée de 66 ans, avait été arrêtée au poste de contrôle des bagages de la section départ de l’Aéroport de Damas, par des membres des Services de Renseignements (moukhabarat) de l’Armée de l’Air, et qu’il me faudrait suivre l’affaire de son arrestation le jour suivant. C’est ce que je fais maintenant.

Ma femme a passé sa première nuit dans un lieu dépendant d’un service de Sécurité dont j’ignore tout. Je signale qu’elle souffre de plusieurs problèmes de santé et qu’elle se rendait à Paris pour raisons familiales mais aussi pour des examens médicaux. Elle a été arrêtée à l’Aéroport de Damas par les moukhabarat de l’Armée de l’Air. J’entreprendrai ce jour-même les procédures légales auprès du ministère de la Justice pour obtenir une réponse des autorités sur le sort de ma femme.

C'est terrible, et terriblement symbolique, puisque la psychanalyse n'existe que dans des pays démocratiques. Il serait important que "faire pression" dépasse le cadre de la seule corporation psychanalytique, et aussi de la seule psychanalyse française.
Souhaitons que la demande de libération émane aussi de façon internationale. Je pense très fort à cette femme, je pense à sa fille qu'elle devait rejoindre pour un heureux évènement, ainsi qu'à tous leurs proches, et je me dis que compte tenu de la violence là-bas, chaque minute compte. Faire du bruit, signer très vite la ou les pétitions.

COMMUNIQUÉ DE JACQUES-ALAIN MILLER

Je suis Jacques-Alain Miller, psychanalyste, gendre de Jacques Lacan.
J'alerte M. Alain Juppé, que je m'honore de connaître, sur le cas de Mme Rafah NACHED.
Voir ci-dessous le mail que je viens d'adresser au secrétariat de mon amie, Mme Carla Bruni-Sarkozy.
Il est d'importance majeure que le nom propre de la psychanalyste arrêtée soit prononcé dans les plus brefs délais par les services officiels des Affaires étrangères.
Sa vie peut être en danger.
Vous avez mon mail.
Voici mes téléphones:
01 45 48 56 72
06 ……

De : Jacques-Alain Miller <ja.miller@orange.fr>
Date : Mon, 12 Sep 2011 13:52:06 +0200
À : GR….
Objet : URGENT_POUR CARLA

Chère […], il arrive une urgence, pour laquelle je vous prie de déranger Carla, avec mes excuses. A vous, JAM

Chère Carla,
Je m’autorise de nos conversations sur Lacan et sur la psychanalyse, et de votre gentillesse à mon égard, pour vous prier d’intervenir auprès de votre mari afin de faire libérer Mme Rafah NACHED, qui exerce la psychanalyse en Syrie après avoir été diplômée en psychologie clinique dans une Université parisienne.
Je ne la connais pas, mais, selon Le Monde, elle a été arrêtée samedi 10 septembre à 1 heure 30 du matin, heure de Damas, à l’aéroport de Damas, au moment d’embarquer pour Paris, où sa fille est sur le point d’accoucher. Les services de renseignement refusent de communiquer à son sujet. Elle a 66 ans, et doit prendre régulièrement des médicaments pour lecœur.
Par ailleurs, je viens d’écrire à BHL, et je vais alerter Alain Juppé.
A vous, chère Carla, bien amicalement,
Jacques-Alain

Portrait de Le Vaguerèse Laurent

JACQUES-ALAIN MILLER
Psychanalyste
01 45 48 56 72
Paris

1) La famille de Rafah a pris contact avec moi.
Elle nous remercie de l'intérêt que nous prenons au sort de la prisonnière.
Elle insiste sur le caractère apolitique des activités de Rafah, et souhaite que le régime syrien ne soit pas mis en cause.
J'ai donné les assurances demandées.
2) Le conseiller d'Alain Juppé pour le Moyen-Orient m'a téléphoné.
Il a pris note de notre mobilisation, et m'assure de la sollicitude nécessairement discrète des autorités françaises,
qui ne feront aucune déclaration susceptible de nuire à la cause défendue.
Je l'ai informé du fait que Sollers et moi évoquerons le cas Rafah lors du séminaire Lacan de la Règle du Jeu,
dimanche prochain à St Germain des Près.
3) Catherine Clément a alerté ses amis à l'Unesco et dans diverses organisations internationales.
4) Raquel Cors Ulloa, notre collègue bolivienne résidant à Santiago du Chili, s'active dans les milieux littéraires latinoaméricains.
5) Maria de França, la rédactrice en chef de La Règle du Jeu, va contacter les auteurs publiant dans sa revue.
6) Josefina Ayerza, de Lacanian Ink, à New York, a diffusé l'information; le camarade Slavoj Zizek signe pour Rafah.
7) Gil Caroz à Bruxelles a joint le secrétariat de Cohn-Bendit. Réveille-toi, Daniel! C'est pain bénit pour toi!
8) German Garcia, de Buenos Aires, s'exprime comme analyste et comme écrivain.

Nous approchons, à mon avis, du point critique où l'affaire Rafah va débouler dans l'espace public.
Français et autres, encore un effort pour être républicains ! Comme disait… hum… un grand écrivain français… publié dans la Pléiade…. finalement.
Il nous faut maintenant motiver un homme ou une femme politique.
Nous n'avons rien à cacher, donc:

Où est le sénateur Sueur, si présent à nos côtés dans les Forums? Pauline, à vous de jouer.
Qui peut alerter les candidats des primaires PS, qui sont en mal de publicité?
Pascale, vous êtes l'amie de Martine, bougez-vous.
Il n'y a pas un Corrézien du Champ freudien pour entreprendre Hollande?
Jean-françois Copé, l'UMP sera-t-elle absente de ce grand combat pour la liberté de Rafah? Muriel, tu le connais depuis qu'il est tout petit, n'attends pas pour le secouer.
Alexandre (Adler), tu as toujours ton émission de France-Inter? Donne de ta voix puissante.
Lilia, vous me disiez que Bayrou prenait tous les matins son café près de chez vous. Allez le vamper…
Jean-Louis Borloo, Rama Yade, les droits de l'homme, c'est leur créneau. Qui va les toucher?
Jorge (Forbes), tu connais Lula, c'est toujours l'homme politique le plus populaire du monde entier. Un mot de lui, et…
Carla, un mot de vous, et la planète chavire. Si, si, je vous assure.

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