Lettre du 3 janvier 1962

5 rue de lille viie

littre 30-01

Ce 3.I.62

Mon cher Marc

Je t'envoie tous mes vœux tendres venus du fond de ce qui nous unit par delà toute absence fraternelle.

(Je joins là la proposition que me fait Michel Roussan )vu le contexte, il peut s'agir d'espoir-espérance-attente (elpis), soit la citation : "tè gar elpida", du genre "de l'espérance donc" (??) pour la référence, je ne vois pas.)

Je n'ai pas répondu tout de suite à ta bonne lettre. D'abord sans doute parce que ce n'est guère dans mes habitudes., mais aussi parce que je n'ai pas retrouvé tout de suite ton article sur

et que je voulais le lire.

Je suis loin d'une telle thématique, moi qui m'efforce depuis des années d'établir la place dans l'être de ce qui s'appelle : le désir.

Essence de l'homme – à entendre Spinoza. Et dans ce cas combien maltraité.

Je m'essaie à fonder la topologie de sa transcendance.

La seule place de l'espérance là dedans, c'est ce que « j'espère » d'une telle entreprise.

Je sais que le désespoir n'est pas à la portée de notre main.

J'ai une théorie de la fonction de l'écriture dans le langage qui pourra t'intéresser (ce n'est pas un coq à l'âne, car tout cela est profondément lié à mon seul sujet)

Comment, pour le reste de ta lettre, ne pas te dire que j'approuve tes propos – et ne pas te remercier de ce que tu fais en ma faveur (je te signale à toutes fins utiles que, si la chose est faite, je n'ai reçu de la banque aucun avis)

Mon petit frère, peut-être que je t'écrirai un peu plus cette année. Que je me sens serf de ma vie.

(je ne suis pas arrivé à lire. Cf photo de l'original. S. Hajlblum)

A toi

Sylvie et Judith t' (envoient)

les vœux de leur affection véritable pour toi. Jacques.