"élémentaire" au Théâtre de la Tempête; Laurent Le vaguerèse

élémentaire

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Théâtre de la Tempête

Cartoucherie de Vincennes

Élémentaire

Texte et jeu de Sébastien Bravard

Mise en scène Clément Poirée

Du 26 juin au 9 juillet

Réservation : 01.43.28.36.36
Tarifs : places de 10 à 22€, mercredi : places 13€, tarif réduit 10€.
Lieu principal : Cartoucherie
Site web : www.la-tempete.fr

 

Ce n’est certes pas la première fois,  que ce soit au théâtre ou au cinéma, que l’on prend pour sujet ce qu’il advient lorsqu’un adulte nommé enseignant, instituteur, professeur des écoles ou autre se coltine avec une classe que ce soit au collège ou dans les classes primaires. Ce qu’il y a de particulier ici, c’est que l’acteur,  Sébastien Bravard, est aussi celui qui a vécu cette expérience et qu’il nous la conte avec talent, émotion, générosité. De l’acteur à l’enseignant me direz-vous il n’y a qu’un pas et il est vite franchi. La seule différence c’est le huis clos et le choix des participants. On choisit sa pièce et/ou les acteurs qui vont avec et on est libre de quitter la salle si le spectacle n’est pas à notre goût. Rien de tel avec une classe  pas le choix de l’enseignant ni des élèves et pas question de quitter sans excuses la classe ou l’école, même si il peut exister quelques aménagements dont la pièce donne quelques exemples savoureux : « mon fils sera malade le 23 mai ».

 

Ce qui frappe tout d’abord dans ce spectacle c’est l’extraordinaire capacité de Sébastien Bravard à occuper physiquement et à faire vivre, tout l’espace de la scène. Il entre ainsi en dialogue permanent  avec les spectateurs et nous fait vivre ce qu’ont pu ressentir ses élèves et le type de lien qu’il s’est employé à créer dans sa classe. C’est un truc habituel et facile des acteurs : faire intervenir les spectateurs dans le cours du spectacle. Ce n’est pas ce dont il s’agit ici mais d’un échange au combien plus subtil et plus sensible.

 

Les mises en garde des collègues quant au risque de débordements sont présentes évidemment , la classe étant souvent présentée comme un animal sauvage qu’il faudrait dompter. De même ces conseils de bienveillance assénés de façon plus qu’insistante  par les inspecteurs et autre conseillers pédagogiques. Mais précisément ce terme de bienveillance mérite que l’on s’y arrête. Il y a une forme de condescendance dans ce terme et l’on perçoit à quel point et sans aucun doute grâce à ses efforts et à son talent le lien qui s’est créé entre maître et élève est ici d’une autre nature, comme un effet subtil d’un travail de création.

 

Il en est ainsi dans tout métier ; Il y faut du courage, de la créativité pour le rendre chaque jour plus vivant. Est-ce possible dans le long terme, une telle énergie ne dépasse-t-elle pas les limites acceptables pour tout être humain ?

 

C’est ce type de questions auxquelles ce spectacle très revigorant nous confronte . Un spectacle de sortie de confinement en quelque sorte. Un exemple particulièrement réussi de ce qu’est ou devrait être toujours un spectacle vivant et qui en fait la spécificité et son caractère unique et irremplaçable.

 

Laurent Le Vaguerèse