Cinema

camille claudel
Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont commence avec quelques lignes affichées sur l’écran : « Originaire de Villeneuve dans l’Aisne, Camille Claudel est une artiste statuaire, née en 1864, sœur de l’écrivain Paul Claudel de quatre ans son cadet. Elève puis maîtresse du sculpteur Auguste Rodin, quinze ans durant, jusqu’en 1895 quand elle le quitte. En 1913 à la mort de son père et après dix années passées recluse dans son atelier du quai Bourbon à Paris, elle est internée par sa famille pour troubles mentaux, à Ville-Évrard près de Paris, puis dans le sud de la France, à Montdevergues dans le...
dans la maison
« Dans la maison », François Ozon, ou le « Malaise dans la culture » ? Mieux vaut tard que jamais. C’est en effet ce début mars 2013 que j’ai pu enfin visionner ce film, dont l’annonce m’avait attirée à la rentrée scolaire 2012. J’avais entendu Fabrice Luchini sur un plateau TV (était-ce le 20h ?) louer avec son humour habituel la fonction professorale, et regretter le manque de reconnaissance envers cette fonction. Cet acteur, qui incarne une certaine « qualité française », faite de finesse, et d’amour de la langue, n’a jamais fait mystère de son parcours analytique. François...
django
Tarentino se déchaîne Une salle comble, des chaises ajoutées aux premiers rangs, un frémissement d’intérêt, on sent que la soirée de rentrée de l’Université Populaire de Pessac fera événement. On attend une conférence sur Tarentino suivie de la projection du film Django unchained qui sort cette semaine. Et de fait, quand la lumière reviendra après la conférence puis après le film, le public, toujours aussi nombreux applaudit, ravi de cette véritable fête à laquelle il vient de participer. L’Unipop, créée il y a trois ans, à Pessac, par le cinéma Jean Eustache et son directeur, François Aimé...
la chasse
Libre opinion : LES HABITS NEUFS DE LA FAMILLE « La chasse » est un film du réalisateur danois Thomas Vinterberg, sorti le mois dernier en France. Au dernier Festival de Cannes, le film a reçu le Prix du Jury Œcuménique et Mads Mikkelsen le Prix d’interprétation masculine. Il tient le rôle de Lukas, professeur de son métier, qui a échappé au chômage en acceptant un poste d’animateur dans le jardin d’enfant d’une petite ville : est-il tout à fait à sa place dans ce nouvel emploi ? Une amie à qui la vie danoise est familière m’assure que oui : nul déclassement, me dit-elle, de...
amour
« Amour » : La Shoah en Histoire de fond ou Haneke et la structure analytique de son film. Brigitte Voyard. La palme d’Or décernée à ce film ne serait peut-être pas là où on l’attendrait. Au-delà de toute attente, c’est, cette fois-ci encore, la surprise que réserve ce film qui, par l’étonnement généreux qu’il produit, mérite son pesant d’or. Une fois de plus, Mickaël Haneke donne à lire les références à la grande Histoire à l’occasion de son travail, mais cette fois-ci, la manière est encore plus fine que dans ses œuvres précédentes, et je pense à son travail sur le film « Caché » en 2005...
dans la maison
François Ozon, 2012, Dans la maison : Les noms du père ? Jacques Lacan nous a laissé un certain nombre de formules étranges, dont on sent qu’il faut du temps et du jeu pour que peu à peu, ou par chance, à l’occasion, l’une d’elle s’éclaire : « il n’y a pas de rapport sexuel », « la femme n’existe pas », « ne pas céder sur son désir », [lenõdyper] qu’on pourrait écrire « noms du père/Père », « nons du père », « non dupes errent » ? Le film de François Ozon, Dans la maison, m’a fait songer à ce dernier aphorisme, comme si la formule lacanienne s’en éclairait ou qu’à l’inverse ce...
amour
Michael Haneke, 2012, Amour. Ouverture La première séquence est une effraction dans le lieu. La mort, dès ces premiers plans, découverte par des étrangers et par des fonctionnaires représentant leurs institutions, a deux visages : elle pue mais elle est belle, monstrueuse comme ce corps étendu sous les fleurs enfin livré par l’image, dans un entrebâillement. À l’instar de Georges : « Tu es un monstre parfois, mais tu es gentil », lui dit Anne, la mort est une chimère qui terrifie et délivre. Jean-Roger Caussimon en a fait une belle chanson. « La mort est délivrance, elle sait que le...
Labaki
Nadine Labaki, Et maintenant, on va où ? 2011, France. Disons-le tout de suite, je n’aime pas ce film. J’ai même failli sortir, agacée par les invraisemblances d’un scénario qui empilait les ruses imaginées par des femmes, certes truculentes ou pathétiques à leurs heures, mais dont les inventions sont totalement aberrantes. J’avoue que je n’ai rien compris. Le pire, c’est qu’un de mes amis libanais m’avait incitée à aller voir « Et maintenant on va où ? » en déclarant, à propos du conflit libanais : « allez voir ce film, vous aurez tout compris ». Tout ce que j’ai compris, c’est que malgré le...
rome
En règle générale, aimant les (bonnes) surprises, je n’apprécie pas vraiment qu’on me raconte les films que j’ai le projet d’aller voir, pas plus que les « bandes annonces ». Alors, me voilà bien embarrassée pour évoquer ici un film que j’ai bien aimé, sans pour autant tout dévoiler aux lecteurs par mon récit. Ce film aux couleurs romaines dégage une chaleur, une fantaisie, une vitalité contagieuse, réconfortante… Toute la presse en parle, et je n’y reviens donc que brièvement : on le sait, W. Allen fait actuellement le tour des villes d’Europe pour camper personnages et situations...
audiard
Jacques Audiard continue, dans ce nouvel opus, une belle réflexion sur le pouvoir, la puissance et la fragilité. Les protagonistes, Stéphanie, dresseuse d’orques et Ali, homme au corps puissant, filmé comme un paquet de muscles un peu lourd, sont tous les deux fascinés par la majesté, la force excitante et intimidante, purement physique, opaque. Ces masses aveugles des orques, comme de grosses peluches, de même que le corps élastique et rebondi du boxeur luisant, ont quelque chose à la fois d’effrayant et d’attendrissant, comme des forces naïves, enfantines, faute d’une intelligence (supposée...

Pages