Ce livre nous entraine dans une réhabilitation des pères, même encombrants, au regard de ceux qui se dénoncent habituellement : le pervers, le sadique, le père incestueux.

Patrick AVRANE raconte des histoires cliniques où le père occupe cette place, laissant à l’enfant le soin d’en tirer des conséquences et des effets pathologiques ou non.

C’est le travail de l’analyse qui fera la différence !

Livre plutôt accueillant et léger où l’auteur défend cette problématique plutôt dans l’air du temps et des nouvelles figures de la modernité : le pragmatisme.

L’analyste doit écouter, entendre, laissant la théorie dans un espace qui n’est pas celui de la rencontre avec le patient.

Psychothérapie dira t-on, qui se félicite des effets de guérison en acceptant de lâcher sur une position d’analyste académique qui se présenterait dorénavant comme un obstacle à la pratique de l’analyse.

Importance de la relation de communication explicite, modestie de l’analyste quant aux modifications attendues de la structure du patient.

Ces différences entre le discours des psychanalystes d’enfants et des psychanalystes d’adultes ont toujours existées, mais l’auteur ici en oublierait presque son rapport à la théorie.

Figures du père déculpabilisantes puisque fabriquées dans les méandres des névroses paternelles et maternelles, sans volonté de nuire ou de détruire.

Ce livre me paraît dans la lignée de la littérature analytique à propos des enfants.

L’analyse devient une pratique humaine compréhensive, une démonstration des capacités thérapeutiques de celle-ci à l’encontre de ce que soutient notre chère ministre*1 : la psychanalyse n’aurait jamais fait les preuves de son efficacité, les sciences cognitives doivent être encouragées.

Restauration d’une psychanalyse thérapeutique, même si il est entendu qu’elle vaut plus que ça.

Parfum d’une époque où la psychanalyse décriée, bannie de toutes les structures institutionnelles doit démontrer son efficacité à travers la guérison du symptôme : le terrain de la psychiatrie.

Histoires inventées, fictions pour dire l’existence de l’inconscient et très peu la position de l’analyste.

  • 1.

    Marie-Arlette Carlotti Ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion.

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Mal de femme. La perversion au féminin d’Alain Abelhauser fait partie de ces ouvrages trop rares, un livre intelligent dans le sens où il nous ouvre des pistes absolument étonnantes, innovantes. Au cœur de ses pages, s’y rencontrent des disciplines qui ne se côtoient guère. Ici, elles se répondent et se complètent et le regard de son auteur nous révèle toute la richesse de cette pluralité, mais n’est ce pas le résultat d’un parcours particulier : Alain Abelhauser a commencé à travailler dans un labo de l’assistance publique (hématologie, immunologie), expérience rare d’un psychanalyste dans ce cadre médical, et d’une personnalité singulière : il ne se revendique d’aucune école, ni association analytique mais se révèle un compagnon de route quand il en partage la cause.
Ainsi la perversion au féminin, concept décliné dans les pages de cet ouvrage au travers de cinq pathologies (anorexie, pathomimie, le syndrome de Münchhausen, le syndrome de Lasthénie de Ferjol, le syndrome de Meadow), semble répondre à une tout autre logique que la perversion phallique. Il ne s’agit plus de débusquer le manque de l’autre, non celle-ci va beaucoup plus loin, vers l’au-delà, pourrait-on dire, aux frontières de l’indicible, de la mort ; elle vise une autre jouissance, quasi mystique, qui laisse le témoin sidéré comme le transcrit magnifiquement la quatrième de couverture. Cette quête ou enquête est aussi remarquable par la conception qu’elle offre de la clinique comme une véritable mise à l’épreuve du champ théorique, une clinique qui donne toute sa place, non à pathologie mais à l’être, dans ce cas précis à ELLES dans leurs constructions complexes et destructrices.
L’écriture est précise, ciselée, sensible sans jamais renoncer à cet humour qui n’est pas la moindre de ses qualités. Voyager en sa compagnie, visiter mythes et origines, parcourir les méandres de ces généalogies devient aisé, il suffit de se laisser porter par le rythme des lectures d’un érudit, certes, mais qui domine parfaitement ses sources tout comme l’art de conter, de partager observations, de transmettre une curiosité intellectuelle qui se joue des frontières. A la parfaite connaissance des textes de références s ‘ajoute celle des études et des recherches les plus récentes comme le démontrent les citations.
L’on apprécie ce regard porté sur ces êtres en mal être... dont il parcourt et déroule le fil parfois inextricable de leur histoire... ELLES sont fragiles et absolument redoutables comme le nu de la couverture qui séduit et déconcerte, sexe exposé, corps noueux, noué. La quatrième de couverture est certes une invitation à la lecture mais plus encore une véritable déclaration d'amour à la clinique ! De sujets difficiles, Alain Abelhauser fait un récit en apparence simple, précis, documenté sans renoncer à ce qu’il est : un enseignant et un chercheur, un clinicien et un intellectuel engagé. Il joue ce rôle indispensable de passeur qui sait abolir les frontières. Alors quelle que soit notre aire de recherche, psychanalyste ou non (et j’appartiens à cette dernière catégorie), on ne peut que lui en savoir gré.
S. Lairys