Soumis par Le Vaguerèse Laurent le
« Décoloniaux » suite et je l’espère, du moins pour l’instant, fin.
Il y a de cela quelques semaines je signais avec plusieurs collègues un manifeste contre le danger représenté par les dits « décoloniaux ». Alerté par Céline Masson, notamment du fait de certains relents nauséabonds d’antisémitisme, j’ouvrais même le site à ses signataires ; le temps a passé et j’ai pu quelque peu approfondir la question. Je vous propose donc la lecture d’un texte de réflexion issu de la Fondation Jean-Jaurès et signé de Gilles Clavreul. Ce texte, comme tous ceux que je publie sur le site sont issus d’une réflexion approfondie. Il mérite à mon sens toute votre attention. Je sais que ce thème paraît bien éloigné de la psychanalyse, mais en ce qui me concerne, je ne saurai séparer la pratique de la psychanalyse de la défense des valeurs universelles. L’un, à mon sens , ne va pas sans l’autre. À ce propos je ne saurai trop vous recommander la lecture du livre de Francis Wolff : « Plaidoyer pour l’universel » publié chez Fayard.
LLV
RADIOGRAPHIE DE LA MOUVANCE DÉCOLONIALE : ENTRE INFLUENCE CULTURELLE ET TENTATIONS POLITIQUES
Gilles Clavreul
Trop méconnue du champ politique et intellectuel, la mouvance des
"décoloniaux" bénéficie pourtant d'une médiatisation importante et
régulière. Gilles Clavreul livre un première tentative de "radiographie" de
cette mouvance ; d'autres notes avec une analyse différente suivront
dans les prochains jours et viendront nourrir le débat. La prochaine
sera celle de Pascal Blanchard et Nicolas Bancel.
Prêter attention aux mouvements politiques radicaux ne va jamais de soi.
Lorsqu’on n’est pas suspecté de complaisance ou de curiosité malsaine, on
se heurte à l’incompréhension : pourquoi diable braquer les projecteurs
vers les marges, sinon pour en exagérer l’importance, imaginer des périls
hypothétiques, au risque de donner une notoriété indue à des mouvements
par nature confidentiels et, croit-on, destinés à le rester ?
Ne pas faire de publicité à des mouvements dont certains peuvent être
considérés comme radicaux ou même dangereux ; privilégier les forces
politiques de premier plan parce qu’elles intéressent davantage les
électeurs et qu’elles ont vocation à participer à l’exercice du pouvoir ; enfin,
ne pas s’attarder sur des idées extravagantes, douteuses, irrationnelles ou
bien folkloriques. Voilà trois solides arguments pour passer son chemin
comme, au début des années 1980, certains se désintéressèrent de la
renaissance de l’extrême droite nationaliste ou comme, plus récemment,
d’autres conseillèrent de ne pas parler de Dieudonné de peur de donner un
écho à des thèses jugées plus farfelues que néfastes.
Les « décoloniaux », cette mouvance composite qui va du Parti des
Indigènes de la République (PIR) au Collectif contre l’islamophobie en
France (CCIF) en passant par une kyrielle de microcollectifs, dont certains
ne comptent pas cinq membres, n’échappent pas à ce traitement. Les
politiques, les journalistes et les intellectuels en parlent de plus en plus
souvent ; ils commentent les meetings qu’ils organisent, la plupart du temps
pour les dénoncer ; des porte-parole font des apparitions sur des plateaux
télévisés où il est question de racisme, de discrimination ou d’islam. Mais
tout se passe le plus souvent à mots couverts, dans une langue codée, un
jeu de rôles auquel les militants décoloniaux se prêtent eux-mêmes
volontiers, préférant souvent apparaître comme « militant associatif »,
« entrepreneur » ou encore « citoyen » plutôt que d’afficher explicitement
leur raison sociale. En somme, les décoloniaux paraissent dans le débat
public comme à l’état spectral, présents mais insaisissables. Pourquoi ce
traitement si particulier ? LIRE LA SUITE :