Journal de mon contrôle avec Lacan (1974-1981)
des traces
Élisabeth Geblesco Élisabeth Geblesco a été l’une des dernières analystes à rencontrer régulièrement Lacan, depuis 1974, époque où elle conduit ses premières analyses sous sa direction, jusqu’à la mort de ce dernier en 1981. Elle ne faisait nullement mystère de cette analyse de contrôle, mais personne ne savait qu’elle en tenait le journal. Ses proches, comme ses élèves, ignoraient tout de l’existence des cinq cahiers que nous publions ici, qui n’ont été découverts qu’après la la mort de leur auteur. Élisabeth Geblesco n’a laissé aucune indication directe quant à une éventuelle publication. Mais, dans son manuscrit même, à la date du 20 décembre 1976, elle s’exprime clairement quant à son projet d’inscrire ces pages dans l’histoire de la psychanalyse. Le journal de bord qu’É. Geblesco rédigeait à chaud, après chaque rencontre avec Lacan, est donc un témoignage de première main sur l’élaboration incessante de la pensée lacanienne, sur les jeux du transfert et l’expérience du contrôle des cures analytiques. C’est aussi une mine d’informations sur la vie et la dissolution houleuse de l’École Freudienne de Paris. Élisabeth Alexandrine Dana Geblesco est née à Bucarest, d’un père diplomate et d’une mère descendante du maréchal Lannes. Elle arrive à Monaco avec sa mère et sa sœur cadette, après le divorce de ses parents pendant la Deuxième guerre mondiale. Elle deviendra psychanalyste, d’abord membre de l’Ecole Freudienne de Paris puis, après la dissolution de l’E.F.P., membre de l’Ecole de la Cause Freudienne. • Un document unique par ses modalités de rédaction et de transmission, mais aussi parce qu’il constitue un témoignage complet sur l’analyse de contrôle. • Une œuvre de poète et de dramaturge, qui joue sur tous les registres et où le sens de l’humour de l’auteur transparaît constamment. • Une poignante histoire d’amour.

« ]'ÉPROUVE, à écrire, une répulsion telle que je ne sais si
je pourrai en venir à bout. ]e m'oblige car je pense que seul le
fait que toutes les entrevues soient notées donne une valeur à
ce que j'ai écrit jusqu'ici, qui un jour s'inscrira dans l'histoire
de la psychanalyse ; non en soi-même mais par ce que l'on
en pourra lire plus tard, sur Lacan, comme recoupement avec
d'autres opinions.

Cette entrevue est complètement ratée par ma faute. Il faut
dire à ma décharge que je suis malade, et à bout de fatigue.
Il faut dire aussi que chaque fois qu'il insiste pour me voir,
c'est raté. Soit que je préfère que la décision vienne de moi,
soit que je m'interroge trop sur son transfert à lui - désir de
l'analyste - et que cela fausse quelque chose. »

E. G.
le 20 décembre 1976