Théorie queer et psychanalyse
Javier Sâez

EPEL, Collection « Les grands classiques de l'érotologie moderne », octobre 2005.
220 pages, 20,5x13,5 cm, 24 euros, ISBN : 2-908855-85-2

La théorie queer est-elle le haut talon d'Achille de la psychanalyse ? Œdipe en « drag », ne
voudrai t-on rien en savoir côté fauteuil ? L'œuvre de Lacan est-elle hétérocentrée, ou, au contraire,
déplace-t-elle les attentes d'un sujet en marche vers un rapport harmonique entre les sexes ? Quels sont
les défis actuels que la théorie et la pratique-queer adressent à la psychanalyse ?

Nul ouvrage, en Europe tout du moins, n'avait jusqu'à présent abordé ces questions dans toute leur
extension. On les voyait, ici ou là, surgir de manière ponctuelle, isolée ; les voici prises à bras le corps.

Javier Sàez décrit selon quelles nécessités historiques et logiques s'est constitué le mouvement
queer. Il en présente les thèses majeures sur le sexe, le genre, l'identité. Il est aussi amené à rappeler
quelques-unes des thèses les plus prégnantes de Freud et de Lacan auxquelles ont eu affaire les
mouvements homosexuel, gay puis queer. Celles de Freud à l'endroit de l'homosexualité sont subtiles,
nuancées, ouvertes, ce qui n'a nullement empêché que s'installe chez nombre de ses disciples une
homophobie aujourd'hui clairement repérable et justement dénoncée. On a aussi voulu voir une
homophobie patente chez Lacan (Didier Eribon). Javier Sàez discute cette lecture, et présente les points
qui, chez Lacan, y objectent : l'invention de l'objet petit a, l'inexistence de la femme, l'impossibilité
d'écrire un rapport liant les sexes, le concept d'une jouissance qui ne serait pas phallique.

Le contexte post-structuraliste de ces débats (Foucault, Deleuze-Guattari, Derrida) n'est pas pour
autant négligé.

À seulement envisager le titre de l'ouvrage, on pourrait s'attendre à un affrontement duel réitéré
chaque fois que viennent en discussion les rapports entre théorie queer et psychanalyse. Mais Javier Sàez
est un lecteur précis. Lorsqu'il décrit et discute les thèses de Monique Wittig, de Gayle Rubin, d'Adrienne
Rich (le féminisme lesbien), ou encore les positions queer d'Eve Kosofsky Sedgwick, de Judith Butler, de
Teresa de Lauretis, de Michael Wamer, de Beatriz Preciado, de Judith Halberstam, ses analyses sont
nuancées - ce qui en fait tout le prix.

L'éditeur