La psychanalyse et les pathologies sociales
Giuseppe Di Chiara, psychanalyste titulaire, ancien président de la Société psychanalytique italienne. Préface de François Sacco Ouvrage traduit de l'italien par Coline Rocheman

Giuseppe Di Chiara
SYNDROMES PSYCHOSOCIAUX

La psychanalyse et les pathologies sociales

En s'intéressant au sort de ses patients en dehors de son cabinet dans le contexte social
qu'il partage avec eux, l'auteur tente de repérer, décrire et définir les situations sociales
susceptibles de remplir des fonctions défensives pathologiques, situations qu'il nomme
syndromes psychosocianx.

Les syndromes psychosociaux correspondent à des comportements collectifs, ils
répondent à des angoisses profondes partagées par la collectivité, dont les origines réelles
sont inconscientes. Un caractère spécifique les différencie des mécanismes de défense
névrotiques et psychotiques et les rapproche plutôt des mécanismes pervers : leurs
protagonistes en tirent du plaisir, et pourtant ils provoquent des dommages aux autres et à
eux-mêmes. Enfin, leur mise en œuvre et la transmission de leurs modèles s'opèrent
essentiellement à travers les systèmes éducatifs de groupe.

L'auteur soutient que la psychanalyse et les institutions psychanalytiques doivent montrer
le chemin d'une révision critique des modes de vie collectifs, et surtout ne pas œuvrer
dans le sens de la normalisation des pathologies. Le prétendu pessimisme freudien a
souvent été utilisé pour endormir l'esprit critique qui avait été insufflé à la psychanalyse
par Freud lui-même. Dans la suite de Freud, d'Otto Kemberg, Di Chiara reprend à son
compte « l'application pragmatique des connaissances psychanalytiques aux problèmes
sociaux, dans un but de prévention des comportements destructeurs » (Kemberg, 1994). Il
s'appuie en cela sur la théorie et la pratique de l'analyse de groupe qui permettent de
révéler les connexions entre les psychismes subjectifs et le corps social.