Les auteurs. Gayle Rubin : Anthropologue féministe, son champ de recherche va de la théorie de l'anthropologie au sexe SI M et à la littérature lesbienne modeme. Ses oeuvres majeures sont donc Marché aux femmes, Penser le sexe, et une étude sur la communauté gay-cuir de San Francisco, à paraître. Judith Butler : Professeur en Sciences humaines et connue aussi comme philosophe et critique. Auteur de Gender trouble : Ferninisrn and the subversion of Identity et d'Antigone's clairn ainsi que de nombreux articles notamment sur la pornographie, le féminisme, la psychanalyse et les questions politiques liées au sexe et la race.

Marché au sexe Gayle S. Rubin et Judith Butler traduction Éliane Sokol et ora Bolter 176 p., 23 euros

Cet ouvrage est un recueil de trois textes. Ce sont des classiques dans le monde anglosaxon qui sont étudiés couramment dans les grandes universités américaines. Ils font partie des Études gay et lesbiennes ou encore« études Queer »

Publié pour la première fois aux États- unis en 1994, sous le titre de Sexual Traffic.

Dans son dialogue avec J. Buffer, G. Rubin détaille de façon vivante, très documentée, son parcours politico-théorique, qui va de son premier essai remarqué Trafic in Wornen,« Marché aux femmes » à Penser le sexe .

Marché aux femmes, fut écrit au moment d'une intense effervescence intellectuelle ou la pensée marxiste influençait encore largement la pensée en général, et la pensée féministe en particulier. Selon Rubin, le marxisme paraissait néanmoins peu efficace pour traiter les questions spécifiques du sexe et du genre. Rubin s'est alors servie de Lévi-Srauss, Lacan, et de la sociologie américaine qui utilisait déjà le terme de genre. La fin des années soixante-dix, ont marqué un tournant. Une vague de répression s'est alors abattue aux États-Unis, sur la communauté homosexuelle et diverses minorités sexuelles. Le mouvement féministe a initié une campagne antipornographie, relayée par la droite. Au plan théorique, Foucault, avec son Histoire de la sexualité ,inventait des paradigmes nouveaux.
Rubin a donc écrit Penser le sexe avec l'idée que le genre et le sexe n'étaient pas à relier automatiquement dans une même théorie, que le féminisme, théorie de l'oppression des genres, ne pouvait traiter de tout. D'où sa défense du pluralisme et d'une théorie autonome de la sexualité.
Penser le Sexe.

Gayle Rubin. Publié pour la première fois aux États-Unis en 1984, sous le titre de Thinking Sex : Notes for a Radical Theory of the Politics of Sexuaiity.
Cn pense généralement que depuis le XIXè siècle, les moeurs sexuelles se sont beaucoup libéralisées. La réalité est plus complexe et plus violente. Chaque étape de transformation sociale de la sexualité a connu ce que Gayle Rubin appelle des paniques sexuelles, comme par exemple les campagnes contre les homosexuels, le Sida, l'avortement, les pédophiles.

Au cours de ces campagnes, l'opinion publique est mobilisée par les médias, l'appareil d'État, la psychiatrie, les experts, les autorités morales et religieuses, contre une minorité sexuelle, désignée comme population -cible. À la fin du processus, les boucs-émissaires sont laminés, i'État a accru son pouvoir de contrôle et la société tout entière est réorganisée juridiquement et socialement: une nouvelle hiérarchie du sexe, des comportements et des activités sexuels se met à fonctionner, qui conceme tout le monde.
Avec ce texte, Gayle Rubin, a jeté les bases d'un champ d'études sur le sexe qui se veut recherche théorique sur les pratiques sexuelles, le désir, la jouissance, la diversité érotique, et en même temps, instrument d'analyse et d'action politiques.

Imitation et Insubordination du genre.
Judith Butler. Publié pour la première fois aux États-Unis en1991, sous le titre de Imitation and Gender Insubordination.
Ce texte étudie la question de l'identité et soutient que les lesbiennes n'ont rien d'autre en commun que leur expérience du sexisme et de l'homophobie. Contre le repli identitaire, Buffer défend l'idée qu'il faut subvertir le genre et l'identité sexuelle, en déstabilisant les catégories qui les ont fabriquées. Elle montre que le genre est une sorte d'imitation qui n'a pas d'original, que l'hétérosexualité tente et échoue à reproduire sa propre image idéalisée, et que sexe et genre ne réalisent leur supposé caractère naturel, qu'à travers la scène sociale, quasi représentation théâtrale, et par le truchement d'un scénario psychique individuel. Ces développements lui permettent de critiquer la pratique habituelle du corning out, qui souvent revient à échanger un carcan contre un autre et surtout feint de croire que la sexualité peut se déclarer de façon transparente et exhaustive, comme si l'inconscient n'était pas la part secrète de toute sexualité.