Catholicisme, psychanalyse

L'INCIDENCE DE LA VÉRITÉ
CHEZ THÉRÈSE DE LISIEUX

Catholicisme, psychanalyse
Louis-Georges Papon

Préface par RenéLew

Thérèse de Lisieux réinvente un chemin inédit qui conduit à l'amour du père. Le mystère vient
palpiter pour chacun, si du moins nous nous libérons des représentations immédiates du Pater
Familias. Cette déroutante spiritualité suppose dans le cœur maternel un inépuisable
émerveillement. C'est alors le moyen d'un détour inespéré pour révéler la discrète ressemblance
d'une paternité fragile et durable à la fois. Mais, à bien des égards, le doute qui s'empare de
la jeune femme tout au long de sa maladie est l'autre versant de cette surprise. Il n'en est pas
le contraire ni surtout le parasitage. Il se présente plutôt comme une épreuve, le prix qu'exige
l'authentification.

La fréquentation de Thérèse n'est pas saugrenue dans le champ freudien. Le style et les
préoccupations des différents manuscrits sont parfois étrangers à notre époque. Mais
le psychanalyste y reconnaît ce qui régulièreaacat chez-lui ne demande qu'a-s'oublier : dire « "je »
ne va pas de soi. On y trouve une façon attentive et minutieuse de se laisser habiter par
les différentes réfractions de la vérité. C'est là qu'on peut parler d'une implication thérésienne
dans la modernité.

Il ne s'agit donc pas de « psychanalyser » la sainte, pour la charger ou la soulager d'une apologie
encombrante. Ici l'exploration de sa biographie est vite amortie. Les souffrances de son âme sont
mises en valeur mais en étant pressenties comme des apprentissages du vrai, principalement là où
d'autres n'y flairent qu'une clinique repérable. Se lover dans une psychologie descriptive
reviendrait à édulcorer l'effroi de la qualité que l'on rencontre — croyant ou incroyant - quand
on demande une vie qui brûle.

Se laisser enseigner, telle doit être au contraire la position de l'anaïyste. Quand celui-ci évite de
se prononcer sur les vérités dernières de la religion, ce n'est pas au nom d'une neutralité
transparente. C'est pour donner toute sa mesure à une pensée dont chaque articulation subvertit
la conception que nous avons du sujet.

Dans ces conditions les derniers jours de Thérèse ne livrent plus la seule chronique d'une agonie
édifiante, vraie ou contestable. Sur une autre octave, ils posent la question d'une mort
thérésienne, d'une possible mort féminine.

Louis-Georges Papon, né à Lille en 1947, est psychanalyste.

240 pages — 23 euros
ISBN : 2-204-07983-9

Éditions du Cerf- 29, boulevard de La Tour-Maubourg - 75007 Paris