L'angoisse de castration de la femme

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Sândor Radô (1890-1972), d'origine hongroise comme Ferenczi, a été l'un des représentants importants de la première génération des psychanalystes viennois. Aucun de ses ouvrages n'avait été jusqu'ici traduit en français, ce qui explique en partie l'oubli injuste où est tombée sa réputation dans notre pays.

L'angoisse de castration n'a pas la même origine, la même phénoménologie et le même destin chez le garçon et chez la fille. De ce point de vue, Sândor Radô entend rester fidèle à la doctrine de Freud tout en l'enrichissant. La clef psychique de la sexualité féminine normale et pathologique serait d'après lui le conflit développé, en général à partir du stade phallique, par le système de défense établi entre un narcissisme de nature plus « masculine » et un masochisme érogène d'essence plus « féminine ». L'angoisse de castration signifie alors la menace d'un danger de retour de la pulsion masochiste vers le moi narcissique. Sândor Radô a été sans fondement sérieux accusé de phallocentrisme. Au contraire, son hypothèse lui permet de proposer une symptomatologie aussi originale que cohérente de l'univers des situations singulières de la féminité.
Sândor Radô anticipe d'une certaine manière les idées de Lacan sur les formules de la sexuation (1972) où s'opposent la relative abstraction d'un générique masculin à la singularité radicale des situations féminines.
Marc Géraud et Emile Jalley