Entretiens psychanalytiques à Fort-de-France

Préface de Jeanne Wiltord

L’exercice de la psychanalyse peut-il apprendre de la configuration historique particulière des Antilles ? À l’inverse, la pratique analytique aux Antilles, la littérature et la théorie linguistique peuvent-elles se nourrir des apports lacaniens ? L’expérience antillaise peut-elle donner un sens particulier à l’accent que Lacan aura porté sur la figure et le discours du maître ? La configuration familiale antillaise peut-elle infléchir notre conception de l’Œdipe ? Ces questionnements, qui engagent une réflexion sur le bilinguisme et la langue créole, sont autant d’occasions pour Charles Melman de repenser la tradition et l’actualité de la psychanalyse et de prouver qu’elle est encore capable d’invention.

À chacun des séminaires et avec un abord toujours différent, Charles Melman a le souci de montrer en quoi les conséquences subjectives complexes de la distorsion des lois de la parole et du langage – dont s’est soutenue la colonisation esclavagiste et racialisée (CER) – concernent « des problèmes généraux de notre rapport à la langue et à l’habitation qu’elle nous donne en tant que parlêtres », soulignant la dimension de jouissance traumatique de l’esclavage dans laquelle ces questions restent engluées aux Antilles.