Réponse à Michel Foucault
Jean ALLOUCH exerce la psychanalyse à Paris. Derniers ouvrages parus : Ombre de ton chien. Discours psychanalytique, discours lesbien (Epel, 2004), Ça de Kant, cas de Sade (l'Unebévue éd., 2001), Le Sexe du maître. L'Erotisme d'après Lacan (Exils, 2001).

En récusant qu'elle soit une psychologie (avec ou sans pro-
fondeur), un art, une religion, une magie et même une science,
Lacan aurait-il laissé la psychanalyse comme flottant en l'air, ne
sachant plus ce qu'elle est ni où elle est ? Jacques Derrida la te-
nait pour un discours instable et insituable, mais « discours » ne
va pas non plus.

Pourtant, en 1982, dans son cours sur « l'herméneutique du
sujet », Michel Foucault adressait aux psychanalystes une pro-
position effective. La psychanalyse n'a pas su, notait-il, se pen-
ser « dans le tranchant historique de l'existence de la spiritualité
et de ses exigences ». Partant, elle se serait faite oublieuse de
cela même qu'elle est : une expérience spirituelle, par laquelle,
via un autre, le sujet opère sur lui-même les transformations né-
cessaires pour accéder à sa vérité.

Seul Lacan, ajoutait Foucault, n'aurait pas participé de cet
oubli. De là trois questions : y a-t-il lieu d'accréditer cette gé-
néalogie de la psychanalyse que bâtit Foucault ? Qu'en est-il de
la spiritualité chez Lacan ? et chez Freud ?