Tome 2 1954-1964 D'une scission à l'autre
Alain de Mijolla est psychanalyste, président-fondateur de l'Association interna-tionale d'histoire de la psychanalyse, directeur du Dictionnaire international de la psychanalyse. Notions, biographies, œuvres, événements, institutions (Hachette), auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Les visiteurs du moi (Les Belles Lettres), Freud, fragments d'une histoire (Puf), Préhistoires de famille (Puf) et Freud et la France, 1885-1945 (Puf). --------------------------------------- Trois tomes pour conserver l’histoire de la psychanalyse, pour rendre accessible à tous, cette histoire. Trois tomes puisqu’en 2010, Alain de Mijolla a, comme vous le savez, publié, toujours aux PUF, Freud et la France, 1885-1945. Voici La France et Freud, en deux volumes, tome 1, 1946-1953, une pénible renaissance ; et le tome 2, 1954-1964, D’une scission à l’autre. Alain de Mijolla a opté pour une présentation chronologique des faits, l’avantage paraissant indéniablement de présenter le moins de biais possible, le moins d’interprétation subjective. Les documents qui sont mis à notre connaissance sont en soi suffisamment intéressants pour que le lecteur se plonge dans ces histoires de famille qu’est le monde psychanalytique. La richesse contenue dans ces ouvrages est évidemment formidable pour tous les psychanalystes. Ce sont des livres qui nous parlent. Ce sont des livres vers lesquels retourner. Ce passé est notre terreau. Les découvertes que chacun y fait dépendent bien sûr de ce que chacun sait déjà et de ce qui l’intéresse. On peut lire de multiples façons ces trois tomes. Si on a beaucoup de temps, de la première page à la dernière, sans jamais s’ennuyer, on visite la « planète-psychanalyse ». Si on a moins la possibilité de s’extraire du monde, l’index est si bien fait que l’on y suit quelques-uns des psychanalystes qui nous intéressent ou une période précise… Voilà un autre intérêt du choix méthodologique fait par l’auteur. Prenons un fil… « La psychanalyse, son image, son public », titre d’un livre de Serge Moscovici, qu’il n’est pas sans intérêt de reprendre pour creuser quels arguments de nos détracteurs ont changé depuis 1961, et quels autres sont identiques. En suivant les références que nous donne Alain de Mijolla nous voyons qu’il n’y a pas grand-chose de neuf sous le soleil des critiques de la psychanalyse… Est-ce rassurant ? En tous les cas, pour nos argumentations actuelles, la culture que nous donne l’auteur en ayant regroupé ces archives, c’est indéniablement essentiel. Les éléments tiennent compte de l’époque, ils sont datés et socio-culturels mais en même temps leur sous-bassement est toujours le même. Ce livre offre des repères dans les grandes disputes intellectuelles. Alain de Mijolla est un grand psychanalyste de notre époque, il est aussi un témoin de la psychanalyse. Ces livres sont impressionnants à de nombreux égards. A une époque où la psychanalyse est vilipendée par certains, ces ouvrages sont extrêmement bienvenus. Ils apportent un savoir qui manque à nombre d’entre nous tout simplement parce que l’histoire de la psychanalyse n’est pas écrite. Regrouper des faits et les exposer est donc particulièrement utile car le monde analytique affronte une désinformation qu’il nous est difficile de combattre sans savoir. Catherine Grangeard

À la suite de la scission de la Société psychanalytique de Paris en 1953, la Société française de psychanalyse fondée par Daniel Lagache, Juliette Favez-Boutonier et Françoise Dolto trouble le paysage institutionnel. Non reconnue par l'Association psychanalytique internationale, cette nouvelle entité trouve alors son principal soutien en Jacques Lacan, Elle se confronte aux commissions d'études, rapports et « Business meetings » hostiles à sa reconnaissance internationale, jusqu'aux « Recommendations » de 1963, qui écartent Dolto et Lacan de tout enseignement.
Ce second volume de La France et Freud (1946-1964) narre les années troubles de la constitution du réseau psychanalytique français. Un rapport demeuré jusqu'à ce jour inédit est ici intégralement publié : signé par Pierre Turquet, directeur de la Commission d'enquête de l'Association psy-chanalytique internationale, il sonne en 1964 le glas de la Société française de psychanalyse en tant que telle. Une partie de ses membres vient alors former l'Association psychanalytique de France, tandis qu'une autre suit la proclamation par Jacques Lacan le 21 juin 1964 qui donne naissance à l'École freudienne de Paris : « Moi, Jacques Lacan, seul et aussi seul que je l'ai toujours été, je fonde... »

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