De l'organique à l'inconscient
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« J'ai, comme tellement d'autres personnes, souffert dans mon corps. Ces moments insupportables de l'existence ne semblent pas laisser de traces, mais on s'en souviendra toujours. Psychologue auprès de toxicomanes et au centre d'analgésie de l'hôpital Cochin (Paris), j'ai pu constater que médecines et/ou traitements psychothérapeutiques restaient le plus souvent inefficaces.

Lorsque je suis devenue psychanalyste, ma clinique a continué d'interroger ce phénomène de la douleur, malgré mes expériences professionnelles et mes multiples lectures sur ce sujet. Pendant plus de dix ans, je me suis donc attelée à étudier les théories neurophysiologiques, à réfléchir plus particulièrement sur ce mystère de la douleur, sur lequel butaient tout autant Sigmund Freud et ses successeurs qui ont eu trop souvent tendance à la dénier.

Ce livre aboutit à :

- dénoncer impuissances, contresens et abus de pouvoir de la médecine à qui les politiques ont donné toute la latitude pour « panser » la douleur ;
- reprendre le discours de mes patients en prenant comme postulat que seul celui qui souffre dit le vrai ;
- reprendre des pistes de réflexions théorique et clinique chez Freud et Lacan pour les développer vers ce qui fait la spécificité de la clinique psychanalytique, et qui devrait l'être pour toutes sciences : reconnaître qu'il existe un réel en dehors de nous et que la douleur est l'événement même dans l'existence de cet indomptable de la vie psychique. « Vie psychique », car c'est le sujet qui souffle, pour son corps, son bras ou sa jambe, et pas le contraire ; aucun organe ne peut ressentir de la douleur.
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Même si je m'adresse essentiellement à un public éclairé et souvent même directement aux cliniciens , médecins, infirmières, kinésithérapeutes, etc.), les thèses que je développe dans cet ouvrage sont valables pour tous.

À ceux qui me liront, et qui m'entendront, de mettre en pratique et de communiquer ce devoir de reconnaissance de la douleur à la hauteur de son impact dans la conscience humaine.
À mes patients, qui m'ont tant appris. » Laurence Croix paris, le 28 février 2002