Eliane Allouch est maître de conférences de psychopathologie à l'Université Paris XIII et psychanalyste. Elle a fondé et dirigé de 1990 à 1993 le département Art et médiations thérapeutiques de l'Université Paris VII.

Les troubles de la corporéité issus des états de psychose infantile et d'autisme entrànent aux confins de la vie du corps et de la vie psychique.

Équivalents de cauchemars et de délires, ils génèrent, à même la surface du corps, des figures hybrides entre monstre, minéral, végétal et humain qui distordent lois anatomiques et pouvoir corporels hors de toute cause organique. Lorsque la parole des patients, qui ne sont plus de tout jeunes enfants, n'est pas signdiiante ou reste inexistante, un traitement psychanalytique à partir des techniques du corps permet d'interpréter ces troubles et d'atténuer la terreur qu'ils manifestent. Il peut même ouvrir les patients à une mutation psychique essentielle, ce que montrent les cinq constructions de cas développées. Ce traitement requiert une capacité poétique du thérapeute, au plus près des mythologies et des contes qui excellent à traduire en mots la mémoire d'être corps. Mises en tension et en résonance avec les mises en scène concrètes et symboliques des techniques du corps, objets culturels à part entière autant que supports spécifiques de la sensorialité et de la gestualité, la corporéité des patients et leur parole peuvent émerger au sens. Cela suppose un travail de mise en place et d'élaboration du moi-corps et du moi-je que la clinique proposée permet d'approfondir. Il conduit en outre l'auteur à repérer deux voies de l'identification primaire où les deux modalités du contact théorisées par Freud doivent s'intriquer pour devenir les supports de la figurabilité.

Ces deux voies et ces deux modalités du contact sont les éléments d'un modèle, théorique et pratique à la fois, du traitement des états de psychose infantile et d'autisme et de ce que Freud a appelé une esthétique d'orientation économique.