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Attendre un enfant après une interruption médicale de grossesse
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Le décès périnatal est un problème de santé publique puisque, toutes situations confondues, entre 20 % et 30 % des grossesses ne vont pas à leur terme. 86% des patientes démarrent une nouvelle grossesse dans les 18 mois suivant la perte.
Pourtant, la question de la spécificité de cette grossesse suivante, dans un contexte de deuil, n’a retenu l’intérêt de la communauté scientifique que depuis une quinzaine d’années. Certes, la grossesse suivant une perte périnatale vient rassurer les parents dans leur capacité à procréer mais celle-ci n’est pas sans risque d’un point de vue psychologique.
Considérée par certains auteurs comme une crise comparable à celle de l’adolescence, la grossesse est une période de remaniements psychiques où se réactualisent des conflits prégénitaux et des identifications œdipiennes entrainant une fragilisation particulière pour la femme enceinte. Si la grossesse survient à la suite d’une perte périnatale, elle est particulière du fait qu’elle condense deux crises : les mouvements identificatoires de la grossesse auxquels s’ajoute la dynamique du deuil périnatal. Nous assistons donc à une crise dans la crise : temps de crises, temps de réactivation des conflits œdipiens et préœdipiens où l’inquiétante étrangeté du fœtus attendu est majorée par l’histoire précédente. Cette grossesse est source d’interrogations multiples et d’angoisse de la part des femmes enceintes.
La littérature psychanalytique évoque fréquemment le statut d’ « enfant de remplacement » pour l’enfant puîné. Diane de Wailly propose de parler plutôt de « l’enfant palimpseste » qui correspond mieux à sa clinique quotidienne en maternité. En effet, elle me montre combien la grossesse suivant un deuil peut être le temps d’une élaboration nouvelle de la perte, contribuant ainsi à donner une place à chacun des enfants, celui qui est décédé et celui qui vit.