Bonjour,

Je viens de prendre connaissance du livre de Pierre Kammerer sur l’enfant et ses traumatismes. Je l’ai lu avec attention et grand intérêt, car il traite essentiellement de la violence qui est en chacun de nous et comment vivre avec, sans passer à l’acte.

Le cas Florian m’a évidemment fortement interpellé. Pierre Kammerer a eu beaucoup de courage et d’abnégation pour tenter de sauver Florian de sa mise hors d’état de nuire à la société par la société.

Si vous le permettez je ferais deux remarques principales :

-          Florian était apparemment un garçon intelligent car il se gardait bien d’attaquer les plus forts que lui. Alors pourquoi Pierre Kammerer n’a pas essayé d’exercer un rapport de force avec Florian, en lui faisant comprendre par sa technique psychanalytique que s’il faisait souffrir, les autres aussi pouvaient le faire souffrir et s’il tuait, lui aussi pouvait être tué. On dirait que Florian manquait de référence de douleur. Il tapait, tentait de tuer sans que personne lui fasse comprendre que la souffrance qu’il infligeait aux petits, pouvait de retourner contre lui, et peut-être avec plus de violence encore par des plus forts que lui. Si on se contente de dire à un enfant qui tape, que ça fait mal, il redoublera de violence. Si par un moyen adapté, non blessant, on inflige à Florian une douleur de même niveau, il y a de fortes chances qu’il intègre le danger de nuire aux autres. Je crois que nous en sommes plus ou moins passés par là dans notre enfance, avec des degrés plus ou moins forts. Il est capital de donner à un enfant une référence de douleur. Cette dernière comptera parmi les autres références permettant à l’enfant de construire sa personnalité et sa compréhension de la société.

-          Autre question dont je n’ai pas trouvé la réponse dans le livre de Pierre Kammerer et dans les discussions postérieures : est-ce que Florian a définitivement cessé ses agressions envers les petits ? Est-ce qu’il a pu suivre un enseignement normal et être capable d’apprendre ce que l’école enseigne à son âge ? Une réponse me paraît capitale, car il est intéressant de savoir si Pierre Kammerer s’est épuisé pour un succès ou pour un échec. De la réponse dépendent des enseignements à tirer pour des cas semblables et pour l’attitude que doivent adopter non seulement les spécialistes du monde psychique, mais aussi les enseignants et plus généralement les parents d’enfants « normaux » qui peuvent aussi avoir des accès de violence auxquels il convient de réagir.