Édito : « La psychanalyse ? Il y a d’autres approches possibles vous savez, ce n’est pas la seule »

Autres articles de l'auteur

Autisme et HAS

Autisme : le conseil d'état dit non aux psychanalystes Nous avons reçu cet avis d’une collègue, texte publié par le site vivrefm. « Le 23/12, les juges du Conseil d'état ont considéré que les recommandations de la haute autorité de santé pour l'...

Lire la suite

Homosexualité, homoparentalité,adoption, procréation médicalement assistée : quelques repèress

Le débat public s’organise aujourd’hui autour de différents pôles assez facilement énumérables. Ceux que nous assènent les journaux du matin comme du soir et qui ont pour seul effet de nous enfoncer dans une morosité impuissante. Déroute économique et...

Lire la suite

Père, ne vois-tu pas ?

Père ne vois-tu pas ? Qui chevauche si tard à travers la nuit et le vent ? C’est le père avec son enfant. Il porte l’enfant dans ses bras, il le tient ferme, il le réchauffe. Mon fils pourquoi cette peur, pourquoi te cacher ainsi le visage ? Père, ne vois tu...

Lire la suite

Pages

« La psychanalyse ? Il y a d’autres approches possibles vous savez, ce n’est pas la seule »

 

Parfois, la redite par des interlocuteurs différents, à peu près dans les mêmes termes, d’une question ou en l’occurrence d’une affirmation, conduit à s’interroger. Que la psychanalyse ne soit pas la seule approche thérapeutique ni la seule théorisation concernant le fonctionnement du psychisme, cela n’a rien de nouveau et même cela a toujours été le cas ; D’une certaine façon depuis Janet jusqu’au cri primal en passant aujourd’hui par le comportementalisme tellement à la mode, la psychanalyse a toujours existé avec d’autres sans que cela ne provoque cette affirmation teintée de reproche voire d’agressivité.

Pourquoi tant de haine pourrait-on dire en souriant.

 

Sans doute l’une des réponses se trouve-t-elle dans le passé récent au cours duquel la psychanalyse s’est voulue dominante voire exclusive de toute autre approche. La jeune génération qui ne veut pas qu’on lui impose quoi que ce soit, a tendance à s’affirmer contre cette prétention supposément le reflet d’un passé dépassé.

 

J’ajouterai que dans ce monde marqué par le consumérisme, ou tout semble s’équivaloir et où domine l’idée qu’il est souhaitable de tout faire pour éviter les conflits chacun ayant un droit égal à la parole et peut se comporter comme il l’entend, penser ce qu’il veut, comme dit la chanson « chacun fait c’qui lui plaît, plaît, plaît », il ne vient peut-être plus tellement à l’idée qu’il existe des différences fondamentales entre ces approches et que, certes, on peut être davantage en accord avec telle ou telle , encore faut-il faire la part de ce qui les distingue et fonde leur singularité.

 

La psychanalyse, de par la complexification croissante de sa théorisation, les combats entre les différentes Écoles, le chahut qui a marqué son histoire récente sans parler des querelles de personnes, n’aide pas vraiment à ce que l’on puisse réfléchir calmement à quelques éléments essentiels qui la distinguent des autres approches et théories du psychisme. La grande majorité des psychanalystes, fidèles à l’esprit scientifique qui les anime par essence, loin de les écarter d’un revers de manche sont en dialogues constants avec les recherches les plus avancées dans tous les domaines. Il est vrai que c’est davantage du côté des neurosciences que les choses ont semblé avancer dernièrement, mais faut-il le souligner, tout autant Freud que Lacan pour ne citer que ces deux exemples se sont toujours sentis concernés par les contributions d’autres disciplines  et les ont intégrés dans leur réflexion.

 

Si l’on se penche sur les milliers de pages écrites par des psychanalystes qui ne sont pas avares en ce domaine et sans doute avec beaucoup d’excès, peut-on encore en quelques mots rappeler ce qui distingue un psychanalyste quelle que soit son orientation, d’un praticien se revendiquant d’une autre approche. Il me semble que cela est possible en effet. Pour ma part j’en distinguerait quelques-uns qui me semblent essentiels. Sans doute pourrait-on, en énoncer bien d’autres, et je ne doute pas que je vais me faire rappeler à l’ordre par mes confrères ; Mais soit, j’en accepte l’augure.

 

Bien évidemment le point de départ c’est l’existence de l’inconscient. Une fois ceci posé je dirai que la première conséquence et elle n’est pas mince, c’est que tout psychanalyste a fait, de par sa propre analyse l’expérience de ce qui peut animer ses choix conscients. L’importance de cette donnée n’échappera à personne car elle implique que la formation du psychanalyste passe par sa propre analyse et non par une quelconque théorie. Dans la pratique, évidemment cela change tout car cela permet d’écouter, sans mettre la parole du patient en coupe réglée, de se laisser traverser par cette parole.

 

Le second point consiste dans l’approche du symptôme. Ce dernier n’est pas notre cible, loin de là. Les autres approches visent à la suppression de ce symptôme, pas le psychanalyste pour lequel ce dernier est support de la structure. Autrement dit, il n’est pas là par hasard. Il sert à quelque chose pour le patient. La question étant de savoir préalablement à quoi.

 

Je ne dirai rien du transfert, bien que ce point soit également déterminant et que Freud en faisait l’essence même de la psychanalyse, affirmant ainsi que toute personne qui en admettait l’existence était de fait un psychanalyste, au moins en puissance.

 

Ces trois considérations fondamentales obligent celui qui veut recevoir des patients à se positionner, car elles s’opposent fondamentalement aux autres approches qui existent actuellement. On ne peut pas avoir un pied de chaque côté. Tout en effet ne s’équivaut pas . À chacun ensuite, de choisir ce qui lui semble le plus pertinent.

 

Laurent Le Vaguerèse