Michel Onfray, un shérif de l’esprit ou version 2010 de Portnoy et son complexe

Michel Onfray, un shérif de l’esprit ou version 2010 de Portnoy et son complexe

De tous les textes reçus sur l’ouvrage de Michel Onfray « Le Crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne » Ed.Grasset (avril 2010), c’est bien celui d’Elisabeth Roudinesco, « Pourquoi tant de haine, (suite) », qui est essentiel. Il nous montre que se livre présente aussi bien des références manquantes, erronées, que des violentes critiques autoproclamées, infondées, émaillées de fausses accusations, que des prises en compte suspectes de basses rumeurs et d’énormités malveillantes. A son titre, l’historienne de la psychanalyse en France y adjoint le mot ‘suite’ pour indiquer au lecteur que c’est bien la suite du « Livre Noir de (contre) la psychanalyse », sur lequel Onfray dit amplement s’appuyer, et qui vient d’être réédité ce 23 avril, comme par hasard… « Livre noir… » et ses 40 auteurs dressés contre la psychanalyse pour éviter dés leur titre de soutenir ouvertement leur méthode de soins si bénéfiques soi-disant, en n’inscrivant pas leur travail dans un « Livre blanc du cognitivo-comportementalisme », car un tel énoncé, plus déontologique à l’évidence, les mettrait face à leur vide théorico-clinique qu’ils voudraient masquer par des attaques où ne se révèle rien d’autre que l’échec de leur formation psychanalytique et dont ils sont pourtant seuls responsables. Etre dés lors contre Freud, les psychanalystes, la psychanalyse, signe leurs limites et leur manque d’auto-questionnement sur leur parcours personnel. Oui, pour des médecins, des psychologues, des philosophes, des éducateurs et d’autres encore, se former à la psychanalyse obéit à cette règle toujours aussi vivante, de faire d’abord sa propre psychanalyse personnelle auprès d’un praticien déjà formé, qui, lui-même, membre d’un groupe analytique, décide, autre exigence admise de tous, de continuer sa formation, dans des colloques, séminaires, groupes de travail en confrontant sans cesse auprès d’autres psychanalystes leurs avancées et leurs impasses cliniques, éthiques, théoriques.

‘Suite’ donc au « Livre noir », l’ouvrage de M.Onfray est à peu près dans la même veine en se posant comme provocateur en pleine recherche de scandale où il occuperait le premier rôle sur la scène médiatique… Je dis à peu près, parce que M.Onfray contrairement à bon nombre des auteurs du Livre noir, n’est en rien un praticien confronté quotidiennement à une écoute de patients. Lui il se veut seul contre tous, pour crier gare aux graves griefs envers un Freud bien posé en idole, bien tout seul lui aussi. Face à face, d’homme à homme…comme dans un western d’intellos, où Onfray, ayant bien gravi les échelons sociaux, a malgré tout, quelque aigreur, semble-t-il, de n’avoir pas été un certain Freud afin de se saboter lui-même pour rendre caduque sa pratique en le disqualifiant comme penseur. Penseur d’une doctrine bourrée soi-disant de contradictions au point de dresser Freud contre Freud … Soit en lui-même, Michel O., seul comme et contre lui-même…

Voilà pourquoi c’est en tant que lecteur des philosophes qu’il mène son combat virulent et plein de haine pour écrire la vraie histoire et défaire « la légende » du Père de la psychanalyse. Tel Alan Lade face à nous tous dans le western culte « L'Homme des vallées perdues » (‘Shane ‘,1953, de G.Stevens), Onfray se voit, se posant en shérif de notre esprit, seul face à tous ces petits trafiquants psychanalystes qui l’insupportent car ils « empochant les bénéfices de [leur] petit commerce freudien ». Un vrai justicier du monde de l’esprit. Pour son attaque, il situe donc Freud s’attaquant lui-même en le posant uniquement comme philosophe détestant la philosophie… et le tour est joué… Certes Freud est enseigné comme tel dans les lycées… Peut-être est-ce un apport de ce « Crépuscule… », que de faire préciser désormais que toute l’œuvre de Freud est surtout celle d’un praticien de la psychanalyse qui n’hésitait pas à abandonner telle ou telle théorisation si son écoute clinique le lui indiquait…Ainsi dans son texte de 1910 à propos d’Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci » c’est sa position vis à vis du refoulement de la sexualité infantile, point majeur de sa découverte, qu’il vérifie et modifie en avançant combien la sexualité active de type infantile, si elle est précoce, est « néanmoins non perverse ».

Oui, préciser combien la psychanalyse peut être une voie des plus thérapeutiques, et notamment auprès de nos lycéens et écoliers en proie à la découverte de leur propre sexualité, tout particulièrement quand apparaissent parfois des symptômes de souffrance psychique. Ce n’est pas M Onfray qui pourra le contredire, lui qui évoque combien la lecture de Freud l’a aidé dans son adolescence à réguler son choix sexuel (in Philosophie Magazine-TV, avril 2010, Dialogue avec J-A.Miller ).

Onfray, comme dans une cure analytique, eh oui eh oui !, se mettrait dans la tête du Freud qu’ll a lu/relu quelques mois ou depuis des années (1973 dit-il), au point de vouloir en vain savoir soi-disant tout de lui jusqu’au tréfonds de son être, de son « crâne d’enfant » (p/95 in « Crépuscule »)… Et de lui reprocher d’exister encore aujourd’hui, de ne s’être pas supprimé dés lors qu’il a commis tant et tant de fautes, de celles qu’un fils reproche des années durant à son propre père, d’avoir existé, d’avoir même été bien sourd, comme on l’entend si souvent en séances au moment où une cure est dans son rythme de croisière, reproche du genre combien tel père était absent, ou trop présent, ou salaud moyen, ou trop collant, pas assez décisif…. Beaucoup d’entre nous reconnaissent qu’une cure permet de savoir beaucoup mieux et plus intensément combien le pacte contre la haine entre père et fils nécessite beaucoup de temps pour qu’ils se regardent enfin, qu’ils se serrent enfin la cuillère. Et c’est souvent au moment où le fils devient lui-même père à son tour que cela se résout le plus souvent. Ou au contraire si ce pacte ne peut pas ou mal voir le jour, alors ça vire au pire, et cet homme-là, père enfin, le voilà à frapper à la porte de celui qu’il choisit comme devant être son psychanalyste…. Tant la violence anti-père se redouble sans cesse, et réclame un espace d’écoute pour y adresser sa parole avec tout le poids d’impossible régulation de cette haine-là pendant un temps plus ou moins long.

Il n’y a pas à mon sens de haine de soi, ni pour l’auteur du « Crépuscule… », ni pour personne. La haine de soi est un moment trop facilement décrit, notamment concernant les victimes de tous bords, les juifs en tête bien sur, qu’Onfray ne semble pas oublier de citer en bonne place . Suspicion créée chez le lecteur au point que ce serait sur leur propre dos que pèserait la responsabilité du drame européen qui leur est arrivé. Il nous rend aussi perplexes par la suspicion qu’il crée encore chez le lecteur à le mettre en mesure, en proie, de savoir s’il doit ou non entendre une complicité avec le nazisme de la part de Freud représenté par Ernst Jones son 1er biographe dans ses négociations avec les instances nazies de la psychanalyse depuis Hitler au pouvoir, celles de l’Institut Mathias Goering à Berlin. Alors qu’entre autres raisons, comme celle de savoir quoi faire dans de pareilles conditions de répression politique extrême, existe aussi, et il faut le dire ici, la raison suivante : celle d’ordre pratique et éthique de cliniciens, soit de ne pas fermer trop vite avant de partir en exil, la Polyclinique de Berlin afin de transformer en dossiers de névrosés, les dossiers de patients psychotiques pris en charge par des psychanalystes berlinois, qui sous ce qualificatif risquaient fort d’être gazés (cars à gaz dans l’Aktion T4), assassinat qui leur était destiné en tant que «vie sans valeur de vie ».. Oui, la philosophie qu’ utilise Onfray comme une arme anti-Freud est –elle de la philosophie si elle ne cesse pas son tir de barrage devant de tels enjeux que notre héros du jour semble ne pas prendre en considération d’aucune manière ? Ajoutons, pour donner quelque aperçu de la situation d’une extrême difficulté, pour la survie sous le IIIe Reich de la découverte de la psychanalyse, que ces instances nazies lui donnent le nom de TiefenPsychologie – psychologie des profondeurs- pour ne plus la soutenir de son nom d’origine puisque c’est une « science juive ».

Prenons bien la mesure des choses que M. Onfray ne semble pas avoir. Ce à quoi aboutissent quand même les hésitations tant reprochées dans « Crépuscule » produites par les négociations entre des psychanalystes de Berlin et les instances nazies c’est le contre coup et la rapidité avec laquelle la Gestapo va occuper lors de l’Anschluss de l’Autriche le 12 mars 1938, dés le lendemain 13 mars, l’appartement de Freud. On ne peut pas juger d’un tel mode de se défendre dans le calme d’aujourd’hui contre une telle destruction réelle dans la réalité qui avait lieu en Europe en voie d’être nazifiée de plus en plus.

C’est pourquoi il y a de quoi être choqué qu’Onfray en vienne à exhiber la face d’une certaine haine populiste, civile, en un montage textuel pour se persuader lui-même de plus en plus loin en lui de la faute de Freud, de l’accuser d’affabulation pleins tubes tout au long de son œuvre. Mais, au plus simple, pourquoi donc s’occuper, se prendre la tête à ce point d’un Freud si mauvais ‘philosophe’, dont l’œuvre est truffée de choses hétéroclites, et non pas homogènes comme le sont les œuvres de Nietzsche, Marx , Kant dont Onfray se veut lecteur critique et (bien) nourri de leur pensée… ? Et ainsi de l’attaquer sur ses bases : celle du père. Ce montage est nécessaire à Onfray pour le faire savoir au monde entier en prenant à témoin son public, composé maintenant de centaines de milliers de lecteurs, selon les succès de librairie de notre chercheur de scandales. Sa méthode, dit-il, est venue du « Gai Savoir » de Nietzsche, mais là sans plaisanterie, ni ruse et pourtant avec beaucoup de vengeance, au point que de cette méthode (toute œuvre de philosophe est liée de facto à la biographie de son auteur philosophe), Onfray/Alan Lade en charge son colt et tire. Seul contre tous... à Caen. Une question ici : qu’en disent nos philosophes si prompts à nous éclairer sur notre temps ?

Nous voilà obligés de chercher pourquoi tant de haine, pourquoi s’occuper d’un Freud si fautif, si rétracté égoïstement sur son complexe d’Oedipe personnel, si personnel que lui seul en est le lieu, la victime, le coupable… Alors que cet Œdipe des psychanalystes vient tout droit de Sophocle que Freud cite dans son « Interprétation des rêves », ouvrage qui ouvre notre XXème siècle. Où il prend d’infinies précautions pour impliquer son lecteur, par exemple dans ces pages 216 et sq, par ce qu’il nous dit des « rêves de mort de personnes chères ». Là Freud démontre l’existence dans la culture de ce désir de meurtre d’un père à partir de la tragédie grecque d’Œdipe Roi. La connaissance de la mort chez l’enfant, dit-il, s’effectue du fait d’un tel désir de meurtre inconscient. Oui, l’Œdipe que vous récusez, Mr Onfray, existe pour tous.

Qui a fait une analyse le sait, un névrosé le sait, les analystes le disent. Oui, ‘le disent’ parce que le complexe d’Œdipe est lié au fait de parler. et parler est le propre de ce qui s’appelle langage. Et le langage nous dirige, il est le paradigme de notre temps, de ce quelque chose qui a lieu depuis le début du XXe siècle, d’être ce paradigme actuel qui gére notre époque, oui le langage, dont des œuvres surgissent et en témoignent : cinéma, Mallarmé, psychanalyse, Marx , Marcel Duchamp etc… naissent en ce siècle et s’y déploient. Et l’Europe des totalitarismes, ces Anti-Lumières veulent sa destruction. C’est exactement ce qu’Onfray voudrait faire dans son approche. Et quelle que soit la séduction médiatique qui l’accompagne, son « Crépuscule… » n’alimente pas du tout une formalisation constructive du Malaise dans la civilisation/culture, ouvrage le plus philosophique de Freud (écrit en 1929), et sur lequel Onfray ne semble se pencher que pour ignorer –est-ce volontaire ? – que le mot culture chez Freud veut dire qu’il y a un Malaise que la psychanalyse définit du fait d’un discord radical, à la racine, entre l’individu et le collectif, ente le sexuel et le fait que l’humain est un être parlant.

Cela est déjà dit dans ce texte que Freud expose lors de sa première conférence au membres juifs du B’naî-Brith de Vienne sur « Nous et la mort », repris dans son œuvre daté de 1916 sous le nom d’« Actuelles sur la guerre et sur la mort » où il avance combien dans « l’inconscient nous ne sommes qu’une bande d’assassins ». Entendons : que si dans l’inconscient le désir de meurtre y est présent, sous forme de fantasme de désir, l’Etat en guerre l’est dans le réel, et entre les deux l’individu ne peut que sublimer ce désir en partant au combat le matin la fleur au fusil et rentrer le soir enterrer ses morts. Et qu’en temps de paix, l’individu ne peut produire qu’un pacte avec cette agressivité, et en mettre la libido à la disposition de l’amour…

Toujours actuel, ce texte immense de Freud reste toujours centré par l’existence du conflit sexuel au sein de notre psychisme, il se retrouve indicé, poinçonné, marqué par l’horreur des camps nazis. Au point que le terme de néantisation de notre subjectivité dans notre civilisation est plus proche de ce que Freud voulait nous indiquer par ce terme de Malaise.

Il y a une torsion s’aggravant dans la lecture qu’Onfray a de Freud au fil des pages de son ouvrage. L’affaire de la dédicace à Mussolini en est un exemple. Notre héros de la culture de l’Université populaire de Caen se gausse ici de façon ridicule. Je cite la dédicace de Freud étudiée p 524/25 du « Crépuscule » : «A Benito Mussollni, avec le salut respectueux d’un vieil homme qui reconnaît en la personne du dirigeant un héros de la culture. Vienne le 26 avril 1933 ».

Oui Onfray ne peut pas voir que le mot culture est à entendre au sens de Freud puisque c’est lui « qui signe » comme notre auteur se régale de le dire, et que le livre dédicacé, daté de 1932 est « Pourquoi la guerre » , texte qui fait pendant à celui cité plus haut « Actuelle sur la guerre et sur la mort » de 1916 et à « Malaise dans la civilisation/culture daté de 1929 dont « Pourquoi… » est la reprise dans un échange avec A.Einstein sur l’invitation de la plus haute instance internationale d’alors, la SDN … Comment, et avec l’humour qui lui est propre, mieux indiquer à un dictateur sa participation à la violence d’Etat, sinon par ce texte qui lui est dédicacé... ? Echo chez Onfray : dés la 4e de couverture, le « Crépuscule » accuse agressivement Freud d’être le gage d’une complicité avec le fascisme d’alors …. Torsion dangereuse dans la soi-disant « philosophie » d’Onfray.


« Crépuscule… » pour mieux cacher quelque chose qui sourd, cette haine de soi en soi-même, en lui Onfray adressée à un Sigmund Freud là pour ça, et qu’il s’approprie quelque peu méchamment, et d’être alors à coté de la plaque… Est-ce pour plaire beaucoup/passionnément avec son « Crépuscule » à ses nouveaux alliés du « Livre noir » dont il dit avoir besoin…?

Entendons cette haine de soi comme celle du père, du père présent dans le psychisme et que Freud a si bien décrit dans « Psychologie des masses et analyse du moi »(1921), avec le mot incorporation/Einverleibung, qui désigne l’intériorité psychique en train de s’inscrre dans le psychisme. Soit cet Autre, ce fameux Autre, dans cette autre scène, l’inconscient. Et à quoi il y a à s’accommoder, faire avec, le rencontrer. Y trouver dés lors du Père, du père primordial que le sujet retrouve plus tard dans le complexe d’Œdipe, sous la forme du pater familias avec un pacte à produire avec la dette que ce père incarne, ses jouissances, du fait de ce fameux phallus, symbole qui se distribue entre mère, enfant et père, pour les unir/désunir….

Pourquoi vouloir à ce point se faire entendre du monde entier, et crier au complot des freudiens contre toute critique ? D’accord, d’accord, dirai-je, mais la critique de ce « Crépuscule » est basse, et cherche les poux dans la tête pour les trouver même s’ils n’y sont pas comme par exemple reprocher à Freud de croire à la télépathie… Fondateur d’une certaine science de l’esprit, auteur d’une Geistigkeit/progrès dans le vie de l’esprit, d’en découdre avec ce qui serait transmissible sans langage ne pouvait que l’obliger à répondre. Tout simplement Freud relie la communication par phénomène télépathique au reste diurne du rêve, reste diurne à partir duquel le rêveur communique avec lui-même pendant le rêve qu’il va construire dans son sommeil. La communication télépathique, tout comme l’initiation et ses mystères, ou les propos des diseuses de bonne aventure, sont pour Freud, non pas à prendre dans leur contenu -tous les exemples qu’il donne ne se réalisent jamais- mais sont le signe, le signal d’un désir de communiquer 5 sur 5, désir qu’il y ait sans mot dire, du langage en silence… Et ça c’est la position de l’hystérique où il/elle veut communiquer en fusion avec un autre tout puissant… Demande d’amour de parler sans mots… les amants en savent quelque chose… Les proverbes aussi : « je pensais à toi et tu m’appelles au téléphone, tu vivras 120 ans…dieu te protège »…etc

« Les non-dupes-errent » (=les noms du père, errer contre le père) est le nom d’un séminaire de Lacan (1974, non édité) dont le titre irait comme un gant télépathe avec ce qu’énonce notre justicier de l’inconscient…, s’il s’en prenait à lui-même afin de savoir à ce point combien il ne veut pas être la bonne dupe du problème Père, quel que soit l’état de ce père de nos jours… A vouloir à ce point rester dans sa certitude uniquement et tellement universitaire concernant la psychanalyse, il ne peut que crier au complot, au mensonge, et par là même soutenir une position de maîtrise sans issue…

Et ce d’autant plus que poussé par un vent médiatique de force 9 à l’échelle de Beaufort – qui mesure la vitesse des vents, elle va jusqu’à 13 et à 10 c’est déjà la tempête, le marin Onfray devrait en connaître un bout- de cette allure du vent en ¾ face arrière, celui qui pousse bien par derrière et permet de hisser son Spi. Voire son Psy…

Nous y voilà : la navigation anti-freudienne empêche notre héros du jour de rentrer dans un port, le risque et qu’il démâte, perde sa boussole… s’il ne cesse pas de voir le mal partout dans Freud, faire faire à certains l’équation suivante : la laideur de l’humain que Freud désigne pour nous en désaliéner quelque peu, viendrait lui coller à la peau, et à la notre aussi, celle des psychanalystes actuels. Onfray voudrait là nous faire gober son fiel, genre c’est celui qui le dit qui l’est. En rendant tous complices entre nous de la laideur, celle du Schweinerei , de la cochonnerie sexuelle humaine que le juif Shylock dans Shakespeare est forcé d’incarner. Et cela fait peur aujourd’hui encore au vu des relents d’antisémitisme pur porc dans notre quotidienneté… Quelque chose d’une telle rage du fait de l’existence de l’inconscient équivaut à un refus de soi… Ça peut évoquer une âme de kamikaze qui veut oublier l’esprit, tuer tellement Freud déjà tué encore et encore, en se tuant soi-même intellectuellement.

Alors la question arrive : peur ou ‘même pas peur’ de l’analyse ? C’est presque clair, Mr Onfray, vous en fixez le prix : 450 euros ; et, ainsi face à vos 600 pages/séances de votre « Crépuscule », trouvez quelqu’un(e) pour vous lancer un beau matin ce que Philip Roth vous aurait déjà dit avec un accent yiddish sur votre ‘Onfray et son complexe’ : « Bon ! nous bouvons baindenant gommencer »...

JJ Moscovitz,Psychanalyste Paris.