Comment s'orienter dans la clinique aujourd'hui?

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Date de publication:

Organisateurs

Section clinique d'Aix-Marseille

Adresse

Association UFORCA
Section clinique d’Aix-Marseille Association Uforca Aix-Marseille pour la formation permanente 5, rue Vallence – 13008 MARSEILLE (pour inscriptions)
Maison du Bâtiment 344 bd Michelet 13008 Marseille (déroulement de la formation)
13008 Marseille
France

Dates

Vendredi, janvier 17, 2020 - 14:00 - Vendredi, juin 19, 2020 - 19:30

Adresse du site Web

contact

Tél. 06 61 89 98 70 E-mail : section.clinique.am@wanadoo.fr ww7.fr/LeBlogSC www.section-clinique.org

acces:

Conditions

psychologues, professionnels de la santé, médecins psychiatres, travailleurs sociaux etc.. Pas de conditions d'âge, admission sur entretien avec un enseignant

Tarif

Individuel :420 euros. Étudiant(e): 250 euros. Employeur: 800 euros. Enseignement pris en charge par la formation permanente : 68 heures et dans le cadre de la Formation Médicale Continue (FMC)

Déroulement

ENSEIGNEMENTS/SÉMINAIRE > de 14 h à 19 h 30, les vendredis : 17 et 31 janvier 2020 7 février 6 et 20 mars 3 avril 15 et 29 mai 5 et 19 juin. avec trois modiules: présentation clinique, élucidations des pratiques et séminaire théorique.
ET:
Une CONVERSATION CLINIQUE > de 10 h à 13 h et de 15 h à 18 h, le vendredi : 27 mars 2020. INVITÉS : Dalila Arpin (Paris) Yves-Claude Stavy (Paris) Domenico Cosenza (Milan) Yves Venderveken (Bruxelles)

Deux MATINÉES DE LA SECTION CLINIQUE > de 10 h à 13 h, les samedis : 7 mars 2020 6 juin.

Psychose ou pas psychose ?

Sachons faire un retour en arrière en posant cette question simple : quelle est la visée du Séminaire théorique (parfois nommé Le cours) qui, depuis près de vingt-cinq ans, est l’un des trois piliers de chaque session de la Section – les deux autres étant la présentation clinique en milieu hospitalier et l’élucidation des pratiques des participants ?
Les premiers mots de Lacan qui ouvrent son Séminaire III Les psychoses (1955-1956) ont toujours fait repère pour cet enseignement : « Cette année, commence la question des psychoses. Je dis la question, parce qu’on ne peut pas d’emblée parler du traitement des psychoses […] nous ne manquerons pas […] de traiter de tous les problèmes que les psychoses nous posent aujourd’hui. Problèmes cliniques et nosographiques d’abord, à propos desquels il m’a semblé que tout le bénéfice que peut produire l’analyse n’avait pas été complétement dégagé. Problèmes de traitement aussi, sur lesquels devra déboucher notre travail de cette année – c’est notre point de mire. » L’article de Lacan (déc. 1957-Janv. 1958), par son titre « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », indique qu’avant de parler du traitement, soit de l’action clinique voire thérapeutique avec les psychoses, il y a l’obligation de construire une question, sans laquelle aucun traitement n’est envisageable. Autrement dit, sans cette question, la pratique du clinicien face à la psychose est tout bonnement arrêtée. Lacan écrivait : « Un demi-siècle de freudisme appliqué à la psychose laisse son problème encore à repenser, autrement dit au statu quo ante. » La formule est raide et il faut entendre la tâche dantesque que Lacan, psychiatre de formation, s’attribue : en finir avec ce statu quo ante, moteur d’une paralysie conceptuelle. Notre orientation, au sein de la Section clinique, a été de rendre informulable cette phrase que certains aimeraient voir vérifiée. Au contraire, Le lacanisme appliqué à la psychose n’a jamais cessé de produire des effets rendant l’abord des « psychoses aujourd’hui » chaque fois renouvelé. Renouvelant la question – c’est le préliminaire –, le traitement trouve de nouvelles voix, de nouveaux enjeux et dégage de nouveaux résultats y compris thérapeutiques.
Depuis près de vingt-cinq ans, le Séminaire théorique n’a pas pris pour thème que les psychoses même déclinées sous différents formes (des plus générales : la structure psychotique, jusqu’aux plus singulières : la schizophrénie, la psychose ordinaire). Mais dans chaque thème choisi, la même méthode est à l’œuvre – c’est notre made in : d’abord la question, ensuite le traitement (c’est-à-dire la pratique, la casuistique voire la cure).
Mais depuis notre première session, est-ce toujours la même question qu’année après année nous affinons ? Lacan écrit : une question préliminaire et non la question. Cette différence entre les articles défini et indéfini est essentielle. Notre question aujourd’hui n’est plus la même que celle construite pour notre démarrage. Où est le bougé ? Est-il radical ? Nous avons, dans un premier temps, saisi la clinique à partir du sujet. Le sujet n’est pas l’individu ; il ne saisit pas au creux de la main, ne se voit pas comme image, ne se livre pas comme objet localisé. Il est un effet. Affirmer le sujet comme question préalable est une balise exceptionnelle pour réordonner le champ psychiatrique des psychoses. Ces acquis sont toujours les nôtres et nous orientent quotidiennement.
Mais le pas aujourd’hui est différent. Comme le propose Lacan, dans son Séminaire XXIII, Le sinthome, changeons de place. Si nous substituons, en suivant Lacan, le concept de parlêtre à celui de sujet, que devient la question préliminaire pour traiter les psychoses ? Le parlêtre, qui n’est pas une négativité, c’est le sujet + le corps pulsionnel (le célèbre Trieb de Freud), le sujet lesté par les pulsions, soit « l’écho dans le corps du fait qu’il y a un dire ». Bref : parlêtre = le sujet + la jouissance. Dans ce fil, Lacan posera que « le langage est lié à quelque chose qui dans le réel fait trou […] C’est de cette fonction du trou que le langage opère sa prise sur le réel ».
Voilà une nouvelle question préliminaire à un traitement repensé des psychoses. Nous nous déplaçons du sujet psychotique non vers le parlêtre psychotique, expression mal construite, mais à ce qu’est désormais la psychose au temps du parlêtre. Changer de place ? Oui, optons pour celle du trou qui n’est ni le manque, ni le vide, ni l’absent : qu’y découvre-t-on ?
Alors psychose ou pas ? Tout dépend du… trou !

Hervé Castanet