matzneff

Je suis contre la censure, mais…

Je ne connais pas Gabriel Matzneff (j’ai même dû vérifier l’orthographe de son nom pour ne pas commettre d’erreur!), mais il est vrai que je ne fais pas partie des happy few de l’édition française. Je n’ai jamais rien lu de lui, rien. Je n’ai jamais entendu dire qu’il fallait absolument le faire, ce qui ne dit rien cependant sur le fond. Il était publié jusqu’à présent par la plus prestigieuse des maisons d’édition française et j’apprends qu’il ne le sera plus. Sa qualité littéraire aurait-elle diminué à ce point ? cela ne semble pas en être la raison, alors de deux choses l’une ou bien Gallimard a fait preuve d’une coupable faiblesse en accordant à cet homme le droit d’être publié dans cette maison d’édition prestigieuse ou une autre raison a présidé à sa publication puis à sa non-publication. C’est au moins certain concernant ce dernier point puisqu’Antoine Gallimard reconnaît que c’est la publication d’un autre ouvrage, celui de Vanessa Spingora qui l’a décidé à suspendre la publication du journal de G. Mazneff. Cela porte un nom, celui de censure.

 

Mais me dira-t-on les actes de cet homme sont non seulement répréhensibles, mais ils tombent sous le coup de la Loi. Fort bien, que la Loi fasse donc son travail et le poursuive si cela est justifié.

 

Mais il avoue ses actes dans son journal ! Certes mais un journal reste de la fiction. Jusqu’à plus ample informé. Dira-t-on qu’une autobiographie raconte la vérité sur la vie d’un homme ? Qu’elle aurait valeur de témoignage au sens juridique du terme ?

 

Il y a toujours un moment dans une démocratie, ou la loi du lynche prend le pas sur la Loi. C’est un moment dangereux. Certes la Loi est loin d’être parfaite, il s’en faut de beaucoup qu’elle rende effectivement la justice mais aussi imparfaite soit-elle, elle sera toujours infiniment plus souhaitable que les mouvements de foule dont les réseaux sociaux nous donnent chaque jour un exemple des plus inquiétant.

 

Laurent Le Vaguerèse