Grande Traversée. Moi, Sigmund Freud

Soyons simple et pratique. Si l’on comprend bien le propos de Sophie Robert il parait urgent de bruler les livres de psychanalyse, d’exclure les psychanalystes des lieux d’enseignement et de tout autre lieux où ils pratiquent cette science perverse et dénuée de tout fondement et dans un deuxième temps de leur faire porter un signe d’infamie afin que chacun s’en tienne à l’écart.

 Bon, ça a le mérite de la simplicité et ça tient la route si l’on se réfère à l’histoire récente. Je ne sais pas ce que les psychanalystes ont fait ou pas à Sophie Robert parce que c’est en ce domaine, une récidiviste.  Pour ma part cette question de la scientificité de la psychanalyse m’a toujours laissé froid et je laisse à d’autres le soin d’y répondre. Ce que je sais, c’est que la lecture de Freud dans mon adolescence suivie de celle de bien d’autres psychanalystes, a profondément marqué ma réflexion, que mon expérience en tant qu’analysant m’a sorti d’une situation psychique dans laquelle je cherchai désespérément une issue, et qu’en tant que psychanalyste je retrouve à chaque rencontre à la fois des choses connues et des choses nouvelles qui enrichissent ma pensée et mon quotidien et aident je l’espère, mes patients comme je le fus par le passé.

S’agissant du Figaro, pas de surprise, encore que, mais pour ce qui concerne le Nouvel Observateur, qui le premier a choisi de publier ce brulot, je ne comprends toujours pas comment certains continuent à considérer cet hebdomadaire comme un journal de gauche et à s’abonner à sa lecture. J’y ai pour ma part renoncé depuis le départ de Michel Cournot de la rubrique cinéma et cela fait donc plus de 40 ans.

 

Mes amis du SIUEERPP ( ce sont les enseignants de l’université) m’ont invité à publier leur réponse. Elle me parait à la fois juste et concise: (https://www.nouvelobs.com/justice/20191101.OBS20581/la-psychanalyse-exclue-de-la-cite.html?cm_mmc=Acqui_MNR-_-NO-_-WelcomeMedia-_-edito&from=wm#xtor=EREC-10-[WM]-20191101)   et je m’associe évidemment à leur démarche ainsi qu’à la pétition qu’ils ont mis en place même si j’aurai préféré qu’elle passe par le site oedipe puisqu’il est fait pour cela, qu’il est sans visée mercantile ce qui n’est pas forcément le cas pour celui choisi. Voilà pour ce retour de vacances de Toussaint. Business as usual.

LLV

Pétition

Contre l’exclusion de la psychanalyse

Pour la diversité des méthodes de recherches et de soins

Un appel à la pensée

 

http://chng.it/VsrmkfJjjX

 

La « contre tribune »

 

Contre l'exclusion de la psychanalyse / Pour la diversité des recherches et des soins

Le SIUEERPP a lancé cette pétition adressée à Assemblée nationale / Sénat / Ministère de l'enseignement supérieur / de la santé / de la justice

                                Contre l’exclusion de la psychanalyse
                Pour la diversité des méthodes de recherches et de soins
                                         Un appel à la pensée
 
  « On » veut exclure la psychanalyse de la cité.
           

Cette volonté n’est pas nouvelle. Elle reprend un procédé déjà utilisé en 2004 lors de la publication d’un rapport sur l’évaluation des psychothérapies, lequel avait été le support d’une demande d’éviction de la psychanalyse en tous points similaire. (Précisons pour ceux qui l’ignoreraient que les biais méthodologiques grossiers de ce rapport ont aussitôt été démontrés et ses conclusions – si tant est qu’elles aient pu justifier quoi que ce soit – depuis longtemps rejetées, y compris par ce que mettent en lumière les études les plus récentes.)
            Un procédé également utilisé en attribuant régulièrement aux psychanalystes des discours et des positions ineptes (entre autres à propos de l’autisme), positions qui ne sont pas les leurs et n’ont pour autre fonction que celle de les stigmatiser.
            Et un procédé, enfin, employé au nom d’une autorité scientifique que certains croient être seuls à détenir, laquelle leur donnerait le droit de manier l’injure et le mépris (« obscurantisme », « sectarisme », « leur diplôme – quand ils en ont ») envers ceux dont ils méconnaissent pourtant si manifestement les travaux.
 
            Que répondre ? Qu’un tel discours et un tel procédé, qui se donnent la science pour caution, sont tout sauf scientifiques puisqu’ils ne cherchent pas le débat mais instruisent un procès idéologique aux forts relents d’inquisition. Puisqu’ils cherchent simplement à condamner, à exclure et à obtenir ce qu’il faut bien appeler une forme d’épuration. Puisqu’ils ne sont, en définitive, qu’injures à la pensée et à la raison.
            Comment se fait-il que l’on puisse s’en faire le relai ? Est-ce là un signe des temps ? Le signe que l’on peut désormais confondre impunément propos idéologique et rigueur scientifique ?
             Et de quelle haine profonde tout ceci est-il la marque ? Celle-ci a déjà été maintes fois explorée, n’y revenons pas. Sinon pour souligner que chaque retour du discours qui la met en scène est également l’indice d’un enjeu précis. Dans le cas présent, celui des jeux de force au sein de la section « psychologie » du Conseil National des Universités (CNU). Enjeu scientifique, alors ? Non, hélas. Et, à vrai dire, même pas politique non plus. Enjeu purement tactique, tout simplement…
 
             Cette dimension n’est pas la bonne, évidemment. Il importe de ne pas s’y laisser piéger. De ne pas accepter que des questions sociales essentielles se voient ainsi réduites à de pures manœuvres de pouvoir. Invoquer le devoir moral, comme il est fait dans cette tribune du 22 octobre, doit avoir ce corollaire : respecter soi-même une certaine éthique. En l’occurrence, ne pas appeler inconsidérément à une chasse aux sorcières là où la modestie s’impose, là où la diversité des savoirs et des pratiques constitue pour chacun, patients, familles et proches, la meilleure garantie de soins ou d’expertises.
              S’ériger en gardien de la science et de la santé implique en retour que l’on n’ignore pas le devoir de réserve auquel on est tenu par ses fonctions. Que l’on ne se fasse pas à la fois juge et partie. Et que l’on ne prêche pas aussi légèrement l’excommunication.
 
 
Signataires de la "contre-tribune", Bureau du SIUEERPP :
 Alain Abelhauser, Professeur des Universités (psychopathologie clinique), ancien vice-président de l’université Rennes 2, président du SIUEERPP ;
Christine Arbisio, Maîtresse de conférences (psychopathologie et psychologie clinique), chargée de mission « Bien-être au travail » de l’université Paris 13 ;
Anne Brun, Professeure des Universités, (psychologie clinique et psychopathologie), directrice du Centre de Recherche en Psychopathologie et Psychologie Clinique, université Lumière Lyon 2 ;
Danièle Brun, Professeure émérite des Universités (psychopathologie clinique), ancienne directrice du Centre de recherches « Psychanalyse et Médecine » (EA 3522), université Paris 7 ;
Albert Ciccone, Professeur des Universités, (psychologie clinique et psychopathologie), université Lumière Lyon 2 ;
Roland Gori, Professeur Honoraire des Universités (psychopathologie clinique – Aix-Marseille université), président d’honneur du SIUEERPP ;
Mohammed Ham, Professeur des Universités (psychopathologie clinique – université Nice-Sofia Antipolis), secrétaire général du SIUEERPP ;
François Pommier, Professeur des Universités (psychopathologie clinique – université Paris-Nanterre), ancien vice-président de la 16ème section du CNU ;
René Roussillon, Professeur émérite des Universités (psychologie clinique et psychopathologie), ancien directeur du Centre de Recherche en Psychopathologie et Psychologie Clinique, université Lumière Lyon 2 ;
André Sirota, Professeur émérite des Universités (psychopathologie sociale clinique – université Paris-Nanterre), ancien secrétaire général du SIUEERPP ;
Alain Vanier, Professeur émérite des Universités (psychopathologie clinique), ancien directeur du Centre de recherches « Psychanalyse, Médecine et Société » (EA 3522), université Paris 7.
 
Membres :
Sidi Askofaré, Professeur des Universités (psychologie clinique), université de Toulouse-Le Mirail ;
Marie-Frédérique Bacqué, Professeure des Universités (psychologie et psychopathologie cliniques), Directrice de l’EA 3071 « SuLiSoM », université de Strasbourg ;
Céline Barriol, Maitresse de conférences (psychopathologie clinique), université Nice-Sofia Antipolis ;
Michèle Benhaim, Professeure des Universités (psychopathologie clinique), Aix-Marseille université ;
Jacques Cabassut, Professeur des Universités (psychopathologie clinique), université Nice-Sofia Antipolis ;
Jean-Yves Chagnon, Professeur des Universités (psychologie clinique et psychopathologie), université Paris 13 ;
Jessica Choukroun-Schenowitz, Maitresse de conférences (psychopathologie clinique), université Nice-Sofia Antipolis ;
Laurent Combres, Maître de conférences (psychologie clinique), université de Toulouse-Le Mirail ;
Laurence Croix, Maitresse de conférences, sciences psychologiques et sciences de l’éducation, université Paris-Nanterre ;
Vincent Estellon, Professeur des Universités (psychopathologie clinique), université Paul Valéry – Montpellier 3 ;
Jean-Luc Gaspard, Professeur des Universités (psychopathologie clinique), université Rennes 2 ;
Marie-José Grihom, Professeure des Universités (psychologie clinique et pathologique), directrice du Laboratoire Caps, université de Poitiers ;
Michel Grollier, Professeur des Universités (psychopathologie clinique), directeur de l’Unité Multi-sites de Recherches « Psychopathologie, nouveaux symptômes et lien social », université Rennes 2 ;
Lyasmine Kessaci, Maîtresse de conférences (psychopathologie clinique), université de Bretagne Occidentale, Brest ;
Dimitra Laimou, Maîtresse de conférences (psychologie clinique), université de Picardie Jules-Verne ;
Alexandre Lévy, Maître de conférences (psychopathologie clinique), université Catholique de l’Ouest ;
Pascale Macary-Garipuy, Professeure des Universités (études psychanalytiques), université Paul Valéry – Montpellier 3 ;
Jean-Claude Maleval, Professeur émérite des Universités (psychopathologie clinique), université Rennes 2 ;
Jean-Baptiste Marchand, Maître de conférences (psychologie clinique), université de Caen Normandie ;
Patrick Martin-Mattera, Professeur des Universités (psychopathologie clinique), université Catholique de l’Ouest ;
Céline Masson, Professeure des Universités (psychopathologie clinique), référent « Racisme et antisémitisme » à l’université de Picardie Jules-Verne ;
Denis Mellier, Professeur des Universités (psychologie clinique et psychopathologie),  directeur du Laboratoire de psychologie (EA3188), université de Bourgogne Franche-Comté ;
Claire Metz, Maîtresse de conférences HDR (psychologie et psychopathologie cliniques), université de Strasbourg ;
Élise Pelladeau, Maîtresse de conférences (psychologie clinique), université de Poitiers ;
Pascale Peretti, Maitresse de conférences (psychopathologie clinique), université Catholique de l’Ouest ;
Rémy Potier, Maître de conférences HDR (psychopathologie clinique), université de Paris ;
Olivier Putois, Maître de conférences (psychologie et psychopathologie cliniques), université de Strasbourg ;
Magali Ravit, Professeure des Universités (psychologie clinique et pathologique – université Lumière Lyon 2), expert près la Cour d’Appel de Lyon ;
Marjorie Roques, Maîtresse de conférences (psychologie clinique), université de Caen Normandie ;
Ouriel Rosenblum, Professeur des Universités (psychopathologie clinique), université de Paris) ;
Marie-Jean Sauret, Professeur émérite des Universités (psychologie clinique, université de Toulouse-Le Mirail) ;
Anne Thévenot, Professeure des Universités (psychologie et psychopathologie cliniques), vice-doyenne de la Faculté de psychologie, université de Strasbourg ;
Giorgia Tiscini, Maîtresse de conférences (psychopathologie clinique), université Rennes 2 ;
Yohan Trichet, Professeur des Universités (psychopathologie clinique), université Rennes 2 ;
Sarah Troubé, Maitresse de conférences (psychopathologie clinique), université Nice-Sofia Antipolis.

L’article du Nouvel Observateur dans son intégralité : https://www.nouvelobs.com/justice/20191022.OBS20163/tribune-pourquoi-les-psychanalystes-doivent-etre-exclus-des-tribunaux.html

Une tribune signée par soixante psychiatres et psychologues appelle à exclure l’approche freudienne des expertises judiciaires et de l’enseignement à l’université.

Par Véronique Radier

Publié le 22 octobre 2019 à 18h27

   

Il faut bouter la psychanalyse hors des tribunaux : tel est le nouveau combat de Sophie Robert, jeune réalisatrice en lutte contre l’influence de cette discipline depuis plusieurs années, car il y a, dit-elle, urgence. « Il est insupportable d’entendre des experts judiciaires prétendre que les bébés ont des intentions sexuelles, mettre en cause le désir des victimes d’agressions sexuelles, d’inceste ou que des parents d’enfant autistes se voient retirer la garde de leurs enfants au nom de pseudo-expertises ! »

« L’inceste, ça ne fait pas tellement de dégâts. » Ce docu dézingue la psychanalyse

Elle lance aujourd’hui une tribune en ce sens (voir ci-dessous), déjà signée par soixante psychiatres et psychologues. Parmi eux, on trouve, notamment, des responsables de services hospitaliers ou des membres du Conseil national pour les Universités (CNU). « Les familles, les associations, les avocats que je côtoie au quotidien n’en peuvent plus des dégâts, des drames humains provoqués par cette discipline qui prétend être reconnue comme médicale mais ne repose sur aucun fondement scientifique sérieux », assure-t-elle.

Familles révoltées

Auteure du documentaire choc « le Mur » qui, en 2011, dénonçait la vision psychanalytique de l’autisme et ses effets au sein du milieu hospitalier, la jeune femme a fait avancer en France le regard porté sur ce trouble et sa prise en charge. Grâce à elle, la parole des autistes et de leurs familles, révoltées par des pratiques telles que « l’enveloppement » dans des linges glacés, par des théories mettant systématiquement en cause l’environnement familial, ont pu se faire entendre.

L’Inserm met désormais clairement hors de cause les parents et en particulier les prétendues « mères réfrigérateurs » dans la survenance de l’autisme. La France est l’un des rares pays à ne pas s’être aligné sur les classifications internationales des troubles psychiatriques, avec une persistance de l’approche freudienne. Ses tenants réfutent notamment la pertinence de l’évaluation des psychothérapies.

Sophie Robert vient de signer un nouveau documentaire, « le Phallus et le néant », actuellement accessible en VOD après plusieurs mois de tournée dans des salles de cinéma. Elle s’en prend cette fois à la vision des femmes et de la sexualité défendue par les tenants de l’orthodoxie freudo-lacanienne et aux dégâts qu’elle provoque sur les victimes de violences sexuelles, d’inceste.

C’est à cette occasion qu’elle a été confrontée aux effets délétères de certaines expertises lors de procès. La tribune qu’elle lance aujourd’hui demande donc l’éviction des tenants de la psychanalyse à des fins d’expertise judiciaire.

Les signataires appellent également à ce que cesse son enseignement au titre de discipline médicale à l’université. Et met en cause, à cet égard, la responsabilité des présidents d’université, appelant à une pratique de la psychiatrie et de la psychologie fondée sur « les preuves et les données acquises par la science ».

Voici cette tribune :

« Nous affirmons que la psychiatrie est une discipline médicale, fondée, comme la psychologie, sur des connaissances scientifiques, devant s’exercer dans le respect du patient et la recherche de son mieux-être, conformément au code de santé publique et au code de déontologie des professionnels de la santé mentale. L’exercice de la psychanalyse à titre privé, pour des requêtes d’ordre existentiel ou philosophique, n’est pas critiquable, sous réserve que cela n’ait pas de conséquences pour la santé physique ou psychique de la personne. Face aux troubles mentaux, cependant, d’autres exigences s’imposent. Notre premier devoir est de proposer un accompagnement adapté, fondé sur les preuves et les données acquises de la science.

Nous refusons que soient utilisés les diplômes de médecine et de psychologie pour diffuser à l’université un enseignement en violation avec la médecine et l’état des connaissances en santé mentale, au profit de dogmes idéologiques, fondés sur des postulats obscurantistes et discriminants sans aucune validation scientifique. Aujourd’hui la psychanalyse a pratiquement disparu dans le monde. En France, des étudiants en psychologie et des internes en médecine reçoivent encore fréquemment à l’université un enseignement psychanalytique livré avec le mépris de la médecine, le rejet de la nosographie internationale des maladies mentales, le refus des traitements adaptés recommandés par la Haute Autorité de Santé, la défiance envers les politiques de santé et le rejet de tout contrôle ou évaluation de leur pratique. Dans certaines universités, les étudiants apprennent à contester le principe même de la démarche scientifique au motif que la science serait une croyance. Ils sont ensuite attirés à l’extérieur pour y recevoir une formation obscurantiste où les pathologies sont réduites au complexe d’Œdipe ou à la mère pathogène, l’ensemble étant masqué sous une rhétorique absconse qui déstabilise ses auditeurs. Nous estimons que ces étudiants sont placés en danger d’emprise sectaire et, plus important, que les patients en psychiatrie paient le prix fort d’une prise en charge digne d’un autre âge.

Contrairement aux patients en soins somatiques, les personnes atteintes de troubles mentaux sont souvent à la merci de la formation de leur clinicien. Le refus de nombre de psychanalystes de poser un diagnostic, l’ignorance volontaire des symptômes, la chosification et la maltraitance des patients et leur famille au nom de dogmes psychosexuels freudo-lacaniens obsolètes sont monnaie courante aujourd’hui. Le traitement de ces personnes comme des patients de “seconde zone” n’est plus tolérable en France.

Dans les tribunaux, les psychanalystes peuvent aujourd’hui utiliser leur diplôme de psychologie ou de médecine (quand ils les ont) pour émettre des expertises qui n’ont aucun fondement médical ni scientifique, en violation complète avec le code de la santé publique. Les conséquences sociales peuvent être dramatiques : diagnostics fantaisistes et non reconnus par les nosographies internationales en vigueur, non prise en compte des besoins des personnes handicapées ou des malades psychiatriques, exclusion scolaire et sociale, culpabilisation des victimes de violences sexuelles et des personnes qui les protègent au nom de l’idéologie psychanalytique selon laquelle la vérité se situe toujours à l’envers de la réalité tangible.

Nous affirmons qu’il existe une santé sexuelle. La sexualité est un don de soi entre adultes consentants – quel que soit leur sexe – dont la pratique harmonieuse participe au bon équilibre psychologique d’une personne. Nous refusons que soient instrumentalisées la psychiatrie et la psychologie pour légitimer des dogmes aussi néfastes que prêter des intentions sexuelles aux bébés, prétendre qu’un enfant puisse être consentant à un inceste ou un rapport sexuel avec un adulte, affirmer que tout rapport sexuel serait du registre de la perversion et du rapport de force, prétendre qu’un crime sexuel n’aurait pas de conséquence grave sur sa victime, et déresponsabiliser les auteurs de violences sexuelles. Ceci n’est pas compatible avec notre rôle de médecins, de psychiatres et de psychologues.

Nous dénonçons également des pratiques de non-confraternité généralisées : des psychiatres et des psychologues sont quotidiennement harcelés dans les établissements où ils travaillent (ainsi qu’en libéral) par des croisés du freudo-lacanisme qui utilisent parfois leur titre pour lutter contre toute démarche thérapeutique fondée sur les preuves ; par des personnes qui s’arrogent l’humanisme et n’hésitent pas à recourir à l’anathème, aux attaques personnelles pour faire taire ceux qui ne pensent pas comme eux.

Nous sommes opposés à ce que la psychiatrie et la psychologie soient instrumentalisées pour servir les intérêts d’une corporation engagée dans une démarche antisociale : pathologisant l’amour maternel, enseignant le mépris des règles et des lois, en opposition idéologique avec toute demande extérieure, fût-elle médicale, familiale, scolaire, ou judiciaire. Nous refusons que les psychanalystes se servent de la psychiatrie et de la psychologie pour investir les universités, les comités d’éthique, les institutions de soin et les prétoires au bénéfice de praticiens opposés à la médecine et la science. Ces actes mettent les patients en danger, ils engagent la responsabilité de l’Etat et des tribunaux. Cela doit cesser.

Les présidents des universités portent une lourde responsabilité dans ces problèmes graves de santé publique en continuant d’accorder des postes de maîtres de conférences et de professeurs aux filières qui affichent une orientation exclusivement psychanalytique. La justice, quant à elle, doit changer la procédure de listage de ses experts pour en exclure tout référentiel psychanalytique dans l’intérêt de l’objectivité. »

Les signataires :

Pr Joël SWENDSEN, directeur de recherche, CNRS DECU, Ecole Pratiques des Hautes Etudes membre senior, Institut universitaire de France
Pr Christine ROLAND-LEVY, professeure de psychologie, université de Reims. Vice-Présidente de la Section 16, Psychologie et Ergonomie, du Conseil national des Universités (CNU 16). Présidente de l’Association internationale de Psychologie appliquée 
 International Association of Applied Psychology (IAAP)
Pr Franck RAMUS, professeur au laboratoire de Sciences cognitives et Psycholinguistique à l’Ecole normale supérieure
Pr Stacey CALLAHAN, psychologue clinicienne, professeur des universités, université de Toulouse-2
Didier PLEUX, psychologue psychothérapeute, docteur en psychologie, directeur Institut Ellis France
Pr Milena KOSTOVA-DIMITROV, professeure de psychologie à l’université Paris-8, membre du laboratoire Paragraphe (neurosciences cognitives, psychopathologie et psychologie du développement)
Dr Gabriel WAHL, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, essayiste
Pr Abdel Halim BOUDOUKHA, psychologue clinicien et professeur des universités
Pr Marie-Carmen CASTILLO, professeure de psychologie clinique, directrice du laboratoire de psychopathologie et neuropsychologie, université Paris-8
Pr Jacques VAN RILLAER, professeur de psychologie émérite à l’université catholique de Louvain, ancien psychanalyste
Pr Esteve FREIXA I BAQUE, professeur des universités, titulaire de la chaire d’Epistémologie et Sciences du Comportement de l’université de Picardie Jules-Verne
Pr Pierluigi GRAZIANI, professeur des universités en Psychologie clinique et Psychopathologie, université de Nîmes et Aix-Marseille université
Pr Christophe LANÇON, professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’APHM
Pr Nouchine HADJIKHANI, professeur en psychiatrie expérimentale de l’enfant et de l’adolescent, professeur associé en radiologie, titulaire de la chaire d’excellence Pierre de Fermat en 2013
Pr Wissam EL HAGE, professeur de psychiatrie, praticien hospitalier au CHRU de Tours
Pr Patrick CHAMBRES, professeur de psychologie cognitive, université Clermont-Auvergne
Pr Yehezkel BEN-ARI, neurobiologiste, directeur émérite Inserm et grand prix Inserm
Nicolas STEFANIAK, maître de conférences en psychologie
Dr Djea SARAVANE, praticien hospitalier, médecin spécialiste de la douleur
Aude FIEVET, docteure en psychologie sociale, université Paris-V René-Descartes
Stuart SCHNEIDERMAN, psychothérapeute, ancien psychanalyste
Pierre BORDABERRY, docteur en psychologie, psychothérapeute
Françoise MARIOTTI, docteure en psychologie et psychologue, Montpellier
Dr Gisèle GEORGE, pédopsychiatre, psychothérapeute et enseignante en psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent
Dr Igor THIRIEZ, psychiatre, praticien hospitalier en psychiatrie adulte
Ludivine BONNEFOY, psychologue clinicienne en développement
Nicolas GAUVRIT, chercheur en sciences cognitives, laboratoire Chart, EPHE, Paris
Sarah THIERRÉE, chercheuse en neurosciences
Dr Vincent GIRARD, psychiatre, praticien hospitalier, Marseille
Séverine ROSSET, psychologue-psychothérapeute TCC et EMDR, praticien hospitalier
Dr Ludovic PETIT, psychiatre, ancien praticien hospitalier
Thomas VILLEMONTEIX, psychologue-clinicien, maître de conférences en psychologie clinique à l’université Paris-8
Nathalie GIORGI, psychologue TCC
Dr Alain PERROUD, psychiatre spécialiste des troubles alimentaires
Dr Joachim MÜLLNER, psychiatre, praticien des hôpitaux, Paris
Olivier BOURGUEIL, psychologue BCBA
Jérôme LICHTLE, psychologue, psychothérapeute, doctorant Université Paris
Dr Jean-Pierre LEDRU, psychiatre, ancien psychanalyste
Laure BARREAULT, psychologue praticienne hospitalier en psychiatrie adulte
Dr Coraline HINGRAY, psychiatre praticien hospitalier
Simon DEJARDIN, psychologue BCBA
Dr Charly CUNGI, pédopsychiatre
Audrey HENRY, maître de conférence en psychologie, université de Reims
Dr Karina ALT, anthropologue, analyste du comportement
Julia GUEDES DA ROCHA, docteure en psychologie à l’Université Pontificale Catholique de Sao Paulo, Brésil, psychologue en France depuis 2014
Illel KIESER, psychologue spécialisé en psychotraumatisme
Morgane HUET, psychologue, neuropsychologue
Dr Cécile LAFITTE, psychiatre Bayonne
Stéphanie DUCROT, chargée de recherches CNRS en psychologie cognitive, spécialisée dans les apprentissages scolaires et les troubles neuro-développementaux
Boris GUIMPEL, psychologue psychothérapeute TCC, superviseur de l’AFTCC et sexologue
Louise DANELUZZI, psychologue BCBA, spécialisée autisme
Serge CHRISTIN, psychologue
Fabrice GUILLAUME, enseignant-chercheur en psychologie à l’université d’Aix-Marseille
Patricia BOURNIER, psychologue
Edith HOUSPIC, psychologue, praticien hospitalier
Marjorie CAMUS CHARRON, psychologue de l’Education nationale, spécialisée en neuropsychologie
Dr Yann HODE, psychiatre, ancien praticien hospitalier
Christine DESCAMPS, ancienne maître de conférences neurosciences Lille
Nathalie DESSEAUX, psychologue, psychothérapeute TCC, responsable pédagogique du DIU de sexologie de Nantes
Pr Daniel RIGAUD, médecin spécialiste des troubles du comportement alimentaire, membre de la Société française de nutrition et de gastro-entérologie

Véronique Radier