Décès d'Éva Brabant

Eva-Brabant-Gérö est décédée hier à l’âge de 86 ans des complications d’une tumeur maligne. Parmi ses contributions les plus importantes, avec Ernst Falzeder elle a assuré la traduction et l’édition de la Correspondance entre Sigmund Freud et Sándor Ferenczi. 

Née en 1935, elle a soutenu sa thèse en psychologie clinique en 1985 au sujet de l’Histoire du mouvement psychanalytique hongrois. Sa thèse a été assez innovatrice, dévoilant à ses collègues français un monde qu’ils ne connaissaient pas. Sa première partie est aujourd’hui bien connue et traitait de Ferenczi. Ensuite elle étudiait les parcours de quelques psychanalystes hongrois qui restent toujours peu connus des français, comme Jozsef Brenner (1887-1919), psychiatre et écrivain, Istvan Hollos (1872-1957), Attila Jozsef (1905-1937), poète et psychanalyste.

En 1991, elle integra l’Ecole de hautes études en sciences sociales, à travers le Centre de recherches historiques (CHR-UMR-19). Et en 1993, elle publia sa thèse à L’Harmattan, dans la collection « Psychanalyse et Civilisation » dirigée par Jean Nadal sous le titre Ferenczi et l’école hongroise de psychanalyse. La collection de Jean Nadal est réputée pour publier des auteurs « difficiles » et, à l’époque, la psychanalyse hongroise était un domaine encore considéré « difficile ».

En 2002, Eva Brabant-Gérö est devenue la directrice de la rédaction du Coq-Héron auprès de la maison d’édition Érès qui fit et fait tellement pour la diffusion de la psychanalyse en France. Depuis lors, elle a été associée à grand nombre de publications d’auteurs hongrois en français, par exemple, de Géza Csáth, elle a traduit avec Emmanuel Danjoy, Silence noir (1988), En se comblant mutuellement de bonheur (1996), Le jardin du mage (2006). Elle assura la direction d’un grand nombre de numéros du Coq-Héron avec Judith Dupont, Emmanuel Danjoy, Eva Landa, Elena Adam, Pierre Sabourin.

Récemment encore, le 6 février dernier, avec Judith Dupont, elle participa à l’émission « Toute une vie » consacrée à Ferenczi à France Culture.https://www.franceculture.fr/emissions/toute-une-vie/sandor-ferenczi-1873-1933

La scène psychanalytique française perd avec elle une créatrice importante. 

Eduardo Prado de Oliveira