Décès de Jean Claude Lavie

----- Message transmis ----- De : Association psychanalytique de France ASSOCIATION PSYCHANALYTIQUE DE FRANCE 24, PLACE DAUPHINE 75001 PARIS tel : 01 43 29 85 11 e.mail : lapf@orange.fr site internet : http//associationpsychanalytiquedefrance.org Le Président Paris, le 10 juillet 2020 Chers collègues, Nous avons à vous annoncer une bien triste nouvelle : Jean-Claude Lavie nous a quittés. Né en novembre 1920, il était dans sa centième année. À l’âge de vingt-deux ans, il s'engagea activement dans la résistance contre l’envahisseur nazi, participa à la libération de Paris puis servit dans les chars de La 2e Division Blindée du Général Leclerc. Il restait étonnamment modeste et discret à ce sujet. Après la guerre, sa formation de psychiatre l’amena à fréquenter ceux qui, à l’époque, faisaient souffler sur la psychiatrie et la psychanalyse un vent nouveau : en particulier Jacques Lacan dont il suivit pendant plusieurs années le séminaire. De cette aventure-là il parlait fréquemment. Il sut, dès la décennie SFP, prendre ses distances avec celui qui fut son analyste, tout en conservant une écoute, une parole, une pensée, très marquées du jeu des déterminations langagières. En 1964, il fut, avec Wladimir Granoff, Jean Laplanche et Daniel Widlöcher, un membre fondateur de l’Association psychanalytique de France. Il fut le Président du Conseil d’administration de l'APF de 1979 à 1982. Il en était membre d’honneur depuis 2013. Ceux qui ne l’ont pas connu pourront, à partir d’une exploration de Documents & Débats mesurer le degré, la rigueur et l’endurance de ses engagements dans l’histoire de l’APF, les activités scientifiques, la formation, le fonctionnement institutionnel. Il savait susciter dans ses séminaires une forme particulière de trouble, potentiellement très fécond, chez qui acceptaient de s’y laisser prendre. Durant toutes ces années ceux qui qui l’ont suivi, accompagné dans ces différentes circonstances, resteront sans doute à jamais marqués par son style : cette écoute souvent silencieuse, ponctuée d’interventions brèves, souvent surprenantes, puisées de préférence aux sources de l’humour, du trait d’esprit, de la formule paradoxale, voire de l’anecdote, aptes à faire entendre à qui le voulait bien ce que le sens commun, l’évidence et l’esprit de sérieux s’attachent en général à maintenir refoulé. Un style en rapport étroit avec son objet mais sans violence ni sauvagerie, toujours dans le respect des fragilités individuelles et collectives. Une manière bien à lui de nous faire partager ce qu’il avait à transmettre. Il est réputé avoir su exceller aussi dans d’autres pratiques apparemment très étrangères à celle de la cause psychanalytique (le trapèze volant, l’électronique, la mécanique, la restauration de voitures de collection en compagnie de Wladimir Granoff et autres passions). Quelquefois Il laissait entendre que l’inspiration vient au psychanalyste d’autant plus volontiers qu’il peut s’autoriser ces sortes de détours. Il a aussi écrit : des articles et des livres dans lesquels on retrouve cette créativité, qui sait combiner humour et sérieux, inspirée aux sources de la découverte freudienne. Son dernier livre parle d’amour, reprenant un thème qui parcourt toute son œuvre : dans Pour et contre l’amour on l’entend débattre avec deux de ses interlocuteurs/contradicteurs favoris : Jacques Lacan et Wladimir Granoff. Dès que les conditions le permettront, nous organiserons une journée qui donnera la parole à ceux qui l’ont connu et à d’autres qui l’ont découvert à travers ses écrits, pour parler de l’homme et de son œuvre. Merci à Mélanie Gribinski pour cette photo qui lui ressemble si justement. Claude Barazer