nous sommes tous des fous dangereux

Bonjour à tous,

Malgré mon souhait de ne pas vous encombrer de trop de messages dont je sais qu'à la fin vous renoncez à les lire, je ne peux m'empêcher de vous faire suivre cette courte lettre, car elle résume bien certains points qui me semblent importants.

LLV

La voici donc :

Bonjour,

je lis avec inquiétude l'article ci-dessous. Comment ça se fait qu'en france 80% de certains pavillons soit en arrêt de maladie? Je suis psychologue, en Flandres, en retraite partiellement - je travaille encore en cabinet privé - je vois des patients sur place, ou par internet , les deux, en ce moment. J'ai du arrêter mon atelier en bénévole dans une unité psychiatrique avec des patients psychotiques, mais je suis en lien étroite avec mes collègues la-bas, ainsi que dans d'autres hôpitaux. J'ai en thérapie des psychologues au travail dans d'autres villes, avec des patients résidentiels: tout le monde travaille ici - à moins qu'ils soient vraiment malades, bien sûr.Ceux qui sont au travail sont plutôt à l'aise.  Un collègue disait qu'il fait des courses pour son unité une fois par semaine, son jour de congé. 
La vie est difficile pour les patients, qui ne peuvent pas sortir de l'hôpital. Ils s'ennuient, ou se retirent dans leurs chambres. Certains sont réticents. Je suis en lien également avec certains d'eux, par couriel. Ils disent que ça va, mais que c'est difficile. Quelqu'un craint la mélancholie quand ça durera trop longtemps - ils sont accompagnés et visités par leurs psychologues et infirmiers tous les jours (dans les appartements thérapeutiques) - et dans les hôpitaux les soignants et psychologues sont présents, ils vivent avec les patients. Personne ne porte des masques ici, il n'y en a pas assez. Sauf les médecins et les infirmiers et infirmières dans les hôpitaux généraux. D'ailleurs on en discute de l'utilité de ces masques: faut-il les laver tout le temps, pour avoir un  masque désinfecté? 

 

Pourquoi y a-t-il tant de différences entre les pays?

 

Avec quelques-uns on est en train d'essayer de comprendre, et de promouvoir une autre communication que celle qui est plutôt propagande de l'angoisse que communication sereine. Une communication qui est réaliste, qui responsabilise les gens, qui contient les grandes émotions serait préférable.

 

Essayions d'apprendre la leçon de la guerre: des milliers et milliers de patients psychiatriques sont morts en France, parce que les soignants s'enfuyaient des hôpitaux. C'est le psychiatre et psychanalyste Jacques Schotte qui me l'a raconté, mais depuis c'est documenté. En Flandres les soignants sont restés sur place, en présence de leurs patients, et il n'y a pas eu autant de morts ici qu'en france, où les patients mourraient la mort de la famine - à part d'exceptions, sans doute, dans certains hôpitaux.

 

Pourquoi les proportions de morts sont si inégaux à l'instant dans les différents pays. Est-ce que les seuls facteurs responsables sont l'âge de la population, et les mesures prises à temps? Ou est-ce que le facteur de la communication qui influence l'angoisse de masse est un des facteurs déterminants? 

 

En Belgique on travaille donc, mais le pourcentage de morts est aussi grand qu'en italie et en espagne. Pourtant on a pris des mesures de quarantaine très vite.  La communication de la part des politiciens est ici (comme dans ces autres pays) très angoissante. Les médias sont très peu respectueux par rapport à la souffrance dans les hôpitaux et au travail des médecins: ils montrent de façon exhibitionniste ce qu'ils peuvent - des images de malades et de morts partout, le long de la journée. Des chiffres qui se contredisent tout le temps, le long de la journée. des ministres et certains médecins "experts" qui déclarent à la télévision des mesures arbitraires et ritualisées qui ressemblent aux rituels qu'on connait de la psychopathologie de la névrose obsessionnelle... "faire des tours en forme de coeur autour de la maison..."!? Les gens deviennent de plus en plus angoissés, et comment est-ce que ça influence la résistance physique (par les cellules-t?) des gens déjà affaiblis physiquement et psychiquement? Est-ce qu'on ne se pencherait pas sur le phénomène des Mass Psychogenic Illness?

 

Si on ne peut pas mettre à la chaine ce monstre qu'est le virus, est-ce qu'on peut influencer son impact sur notre psyche individuel et collectif, par notre travail "alphabêtisant" bionien - est-ce qu'il y a quelque chose à faire pour nous, psychothérapeutes, journalistes, spécialistes de la communication?

 

Influenceurs de tous les pays, réunissons-nous ! 

 

Mileen Janssens