Alberto Eiguer est psychiatre, psychanalyste, président de la Société française de thérapie familiale psychanalytique, habilité à la direction de recherches et enseignant à l'Institut de psychologie de l'Université Paris 5. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Le pervers narcissique et son complice et L'inconscient de la maison publiés aux Editions Dunod. Nouveaux portraits du pervers moral de Alberto Eiguer. Collection : Psychismes Prix : 19,50 euros. En librairie à partir du 10 avril 2005

Nouveaux portraits du pervers moral

Alberto Eiguer

Alberto Eiguer, psychiatre et psychanalyste, a choisi dans ce nouvel ouvrage publié aux éditions Dunod
de dresser le portrait de ces pervers moraux que chacun peut côtoyer, au quotidien et ce, parfois à son
insu.

Pyromane dévastateur, kleptomane à la recherche de l'énigme maternelle, escroc, en manque de repère
et de père, corrupteur décidé à mettre à bas et à pervertir les valeurs chères à sa victime, traître qui
dénie toutes ses relations familiales et de proximité : Alberto Eiguer décrit avec verve et subtilité les
figures comportementales et les êtres qui les incarnent dans la réalité.

Qu'est ce qui unit l'ensemble de ces pervers moraux, au-delà même des spécificités de leur perversion ?
Sur quels ressorts psychologiques s'appuient-ils pour parvenir à leurs fins ? Comment éviter de tomber
dans leur toile d'araignée et se prémunir contre leur influence délétère et destructrice ?

C'est à cet ensemble d'interrogations que répond avec talent l'auteur dans ce livre original.

Manipuler l'autre afin de l'utiliser, montrer que l'imposture est la règle parmi les humains, convaincre
son partenaire-victime que les croyances et les règles auxquelles il se plie ne possèdent aucune légitimité,
voilà les armes chères aux pervers moraux.

Leur logique : la soumission à une parole séduisante. C'est particulièrement vrai pour le corrupteur et
l'escroc, « félin prédateur » qui, fins psychologues, ressentent chez leur proie ce besoin d'être reconnus,
aimés et enfin compris.

Les pervers moraux sont des chasseurs instinctifs et vifs comme l'éclair qui agissent dans l'instant. Ce qui
guide, par exemple, la pensée du kleptomane est le principe général de la supériorité de la célérité. « Je
vole plus vite que tu n 'as fait pour gagner ['argent que cet objet t'a coûté. »
Ils exècrent la construction patiente. Ils lui préfèrent la destruction instantanée, où s'exprime leur « goût
de l'omnipotence et de la démesure » à l'image du pyromane, animé d'une rage inextinguible contre le
vivant. « Son credo : démontrer que tout est passager et que la vie ne tient qu 'à un souffle. »

Le traître ou le corrupteur, quant à eux, se considèrent comme des êtres d'exception qui n'ont de devoir
envers personne. La norme morale commune n'existe pas. La seule loi qui tienne, qui fasse sens c'est leur
loi, celle qu'ils vont imposer à leurs victimes. La loi de leur plaisir, de leur bon plaisir.

Le pervers moral se prend pour un grand démiurge. Il est animé par une volonté de puissance qui lui
permet de s'assimiler à une divinité créatrice d'un nouvel ordre du monde.

Comment alors ne pas tomber dans ses filets, au risque d'abdiquer toute liberté ? Comment échapper aux
pièges tendus par ce pervers (ou cette perverse) beau parleur et enjôleur qui sait peindre ses propositions
aux couleurs des envies et des attentes de la victime ?

Tout simplement en osant s'affirmer comme un être libre. Alberto Eiguer exprime cette stratégie de
protection avec pertinence. « Si vous vous défendez, vous existez, vous soulignez votre épaisseur, votre
substance. Votre surprise sera de noter que le bourreau l'ignorait. Il / elle se pensait unique au
monde. »

Soyons donc plus intelligents que ces bourreaux potentiels, ne leur offrons aucune prise leur permettant
de mener à bien leur jeu d'anéantissement et de soumission et renvoyons les pervers déjoués à leur amère
solitude.