Monette Vacquin, psychanalyste, travaille depuis des années avec des biologistes, philosophes, psychanalystes et anthropologues. Elle a publié Frankenstein ou les délires de la raison François Bovin, 1989, réédité chez Julliard), a contribué au Magasin des enfants sous la direction de Jacques Testart (Gallimard, coll. «Folio», 1990) et a dirigé un numéro de la revue Autrement « Ia responsabilité : la condition de notre humanité », coll « Morales » (1994).

#1 De la genèse à la génétique

Moins de vingt ans séparent la première naissance par fécondation in vitro des perspectives annoncées de clonage et de transgenèse humaine. Dans l'intervalle, c'est à un formidable déchainement expérimental que nous auront convié les biologistes. Sous couvert de « projet parental » s'élabore ainsi une inquiétante instrumentalisation de l'être humain. L embryon, simple matériau, se prête aux combinaisons les plus aberrantes : bébés postmortem, grandsmères porteuses, jumeaux conçus à là même date en laboratoire et naissant à des années d'écart... Quelles sont les significations profondes de cet acharnement sur la filiation qu'aucune urgence humaine ne rend compréhensible ?

C'est à cette interrogation que Monette Vacquin nous invite, cherchant le sens de ces interventions sur l'espèce, dont les conséquences échappent à toute représentation.

Soulignant la faiblesse de la «bio-éthique », ainsi que la stérilité et la violence des controverses actuelles sur le sujet, l'auteur révèle un déficit symbolique sans précédent dans notre société. Aura-t-il pour conséquence ultime une casse irrémédiable de l'homme ?

Main basse sur les vivants renverse toutes les certitudes acquises. En tentant de cerner ce qui prend la forme d'un redoutable passage à l'acte sur l'espèce, l'auteur affronte l'un des enjeux essentiels de cette fin de siècle.