Psychanalyse
Docteur en sociologie, MIchael Schrôter a réalisé l'édition critique de cette correspondance. Il est également l'éditeur des lettres de Freud à Wilheim Fliess (Fischer, 1986 ; PUF, 2006) et de la correspondance entre Freud et Max Eitingon (Diskord, 2004 ; Hachette littératures, 2009). Prix France : 27 euros Traduit de l'allemand par Fernand Cambon

« Ce fut pour moi une expérience précieuse
que d'apprendre tout ce qu'on peut recevoir
de ses propres enfants. »

(Lettre à Ernst, 3 novembre 1928)

La correspondance (1907-1939) de Sigmund Freud avec ses cinq
premiers enfants, Mathilde, Martin, Olivier, Ernst et Sophie - Anna, la cadette, ayant fait l'objet d'une publication séparée - permet de
découvrir quel père a été l'inventeur de la psychanalyse et d'observer l'homme à distance de sa théorie et de sa pratique analytique.

Freud n'était pas un père au quotidien, et son activité professionnelle
l'éloignait de ses enfants. Mais il veillait à rester pour eux un soutien
inaliénable, alors même qu'ils étaient devenus adultes. Il manifestait
à leur égard une humanité profonde et palpable, une générosité
débordante. Jamais il ne leur opposait une attitude
moralisante. Au-delà de l'aide bienveillante, financière, psychologique et médicale, il contrebalançait autorité par une écoute,une compréhension, une souplesse constantes. En
patriarche, il avait « un besoin urgent à la vie à la mort » du sentiment que ses enfants «aient ce qu'il leur faut». Au risque peut-être de les maintenir dans la dépendance.

Certains traits de la pensée scientifique de Freud s'éclairent de ce
jour nouveau. La même franchise face aux questions d'argent ou
de sexualité, le même attachement à comprendre l'autre, la même
tolérance envers l'humain... Aucune autre source que ces paroles
paternelles n'exprime mieux la cohérence qui existe entre la personne
de Freud et son oeuvre.