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L'énigme du deuil
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L'ÉNIGME
DU DEUIL
Qui n'a cru voir, un jour, au coin d'une rue, le visage d'un être
aimé disparu ? C'est l'histoire des fantômes, l'histoire de ce petit
garçon s'interrogeant en voyant sa sœur jumelle morte :
« Comment sera-t-elle quand elle sera grande ? » Ou encore celle
de cet enfant dont Freud rapporte les propos : « Je comprends bien
que mon père est mort, mais je ne peux pas comprendre pourquoi
il ne rentre pas dîner. » Le traumatisme a créé une rupture dans le
temps et l'espace psychique. Et cette rupture participe de l'énigme
du deuil.
Comment faire le deuil de ceux dont on ne se souvient pas ?
Peut-on faire le deuil d'une ombre ? Le fantôme, dans l'expérience
du deuil, aurait-il fonction de fiction hallucinatoire de manière à
ce qu'apparaissent les formes du disparu ? La clinique du deuil
serait ainsi une fabrique de l'hallucinatoire. « Que me veut le
mort ? » serait alors l'une des questions de l'énigme du deuil, et
l'analyse deviendrait le lieu entre le monde des morts et celui
des vivants.
En redonnant un corps au fantôme, en redonnant aux morts la
possibilité d'être représentés sur la scène du langage, l'analyse
serait le passage qui permettrait au sujet de vivre avec la perte
plutôt que de vivre dans la perte.