Pratiques de la folie

La chose traumatique

Peut-on encore parler de traumatisme '.' La queslion mérite
d'être posée tant le mol est galvaudé aujourd'hui el qu'il autorise les
idéologies les plus diverses, les pratiques les plus contradictoires. On
le retrouve partout : il est passé dans la langue courante autorisant les
demandes de psychothérapies les plus variées, il fait office de
supplément d'âme humanitaire, il sert de viatique à toutes les
cellules d'urgence psychologiques pour gérer les crises de toutes
natures. On pourrait croire qu'il est devenu tellement répandu qu'il
a perdu toute pertinence, qu'il n'est plus l'index d'aucun réel.

Ce que ce mot banalisé implique et conforte c'est bien sûr l'empire
de la « psychologie ». même si elle se présente volontiers parée de
concepts issus de la psychanalyse. La souffrance majeure est avant tout
désormais une « souffrance psychologique ». dont la nomination est
enjeu de combats juridiques : faire reconnaître celle souffrance intime.
la faire passer au public, est devenu le préalable à l'ouverture des droits
à réparation, selon la logique du droit des victimes.

« L'enfant» est devenu par excellence cet être menacé par la
violence et le sexe el l'on se précipite dans un activisme de
prétendues réponses techniques, selon des protocoles normes, et
sous la menace omniprésente de la responsabilité juridique.

Il fallait donc en premier lieu aborder directement la critique de
certaines pratiques qui s'autorisent de ce discours sur le traumatisme.
qu'il s'agisse du signalement des abus sexuels sur mineurs, ou des
méthodes standardisées de débriefing. Il fallait aussi prendre la
mesure de l'écho de celle thématique dans la culture et dans l'hisloire.
il fallait enfin revenir au concept de traumatisme tel qu'il a été
formalisé dans la théorie psychanalytique, où il a donné lieu à des
débats dont les enjeux apparaissent du coup éminemment concrets.

Avec des textes de : Franck Chaumon, Véronique Ménéghmi, Roland
Béller, Guy Briole. Alice Cherki, Janine AIltounian. Laurie Laufer. Patrick
Guyomard.