En deça du négatif
Actualité de la Psychanalyse
Ancien interne des hôpitaux de Paris, membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris, Bernard Penot est aussi médecin-directeur du Cerep-Montsouris (Paris XIVe ). Collection « Actualité de la psychanalyse » dirigée par Serge Lesourd Du même auteur paru aux éditions érès La passion du sujet freudien Entre pulsionnalité et signfiance 2001

Bernard Penot

Figures du déni En deçà du négatif{br /}
Je trouve surprenant le coup de force opéré par la pensée de Freud, posant comme prototype du déni de réalité la difficulté première de l'enfant à entériner sa perception de l'absence de pénis chez la fille (femme-mère) ! Nous avons toujours, un siècle plus tard, à réaliser combien le rapport-au-sexe-qu'on-n'a-pas peut faire condition de l'aptitude à être sujet dans le monde. Car de fait, le déni est toujours déni d'absence.{br /}
C'est sans doute l'énormité de l'enjeu existentiel qui a rendu sa conception par Freud exceptionnellement longue : il lui a fallu un quart de siècle pour bien poser (en 1925) le déni de réalité Verleugnung) par rapport au refoulement, et inventorier la gamme de symptômes qu'il détermine : des phénomènes d'étrangeté au délire, en passant par le fétichisme...à la pratique intensive au long cours de jeunes, psychotiques ou " limites " et de leurs familles, m'a fait re-évaluer ce phénomène. A l'encontre d'éminents auteurs comme André Green ou Jean Guillaumin, je soutiens que le déni ne peut être traité comme une forme de " négatif". Contrairement au refoulement, en effet, le déni est " suspension du jugement " (Freud, 1915) et abolition du sens. Sa genèse s'avère régulièrement trans-individuelle et trans-générationnelle.{br /} Cela débouche en pratique sur cette donnée-clé d'une " communauté de déni ", telle qu'elle a pu entraver la naissance du sujet dans son milieu d'origine, et telle qu'elle aura bien sûr à se transférer dans les cures. J'en propose des exemples au travers de " cures-type " sur divan ou de travail psychanalytique mené à plusieurs en hôpital de jour. » BP