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La parole de l’enfant, spontanée ou suscitée, est pourvue d’un statut particulier. Est-elle à prendre au mot ? En protection de l’enfance, elle est attendue par les adultes pour étayer leurs réflexions, hypothèses, projets ou décisions. Mais elle peut être piégée dans des écrits professionnels, érigée en vérité, disqualifiée, amenée sur la scène judiciaire, utilisée à charge ou à décharge. L’adulte est-il alors un « rapporteur » ou un « porte-parole » ? Citer un enfant, est-ce prêter sa voix à sa parole ou est-ce l’exposer, voire le trahir ? Ces enfants protégés ont-ils encore, et comme les autres, le droit à « la carabistouille », aux histoires, à l’oubli, à la contradiction, à la légèreté, au silence, et même au mensonge ? Et le professionnel, peut-il aussi parfois choisir de ne pas entendre ? Laisser dire sans réagir ni agir ? Maudits (mots dits), les mots des enfants sont prompts à éveiller les fantasmes des adultes. Si le langage permet ou facilite l’expression des émotions et des contenus de pensée, qu’en est-il alors des enfants qui ne sont pas en capacité de puiser dans les mots de la langue : enfants trop petits (infans), ou trop malades, ceux qui agissent et ne parlent pas, ceux qui se refusent à la parole ?
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