Dates:
Samedi, mars 12, 2022 - 10:00 - Dimanche, mars 13, 2022 - 17:30

Adresse

Théâtre La Verrière 28 rue Alphonse Mercier
59000 Lille
France
Adresse du site Web: Organisateur(s) du congrès:
ALEPH et CP-ALEPH
email: contact:

Renseignements, programme et inscriptions :

www.aleph-savoirs-et-clinique.org

Antoine Verstraet : 06 26 17 63 56

blemonnier@aleph-savoirs-et-clinique.org

Déroulement:

SAMEDI 12 MARS 2022 10h00 – 11h30 Introduction du colloque : Antoine Verstraet Présidente de séance : Isabelle Baldet Discutants : Dr Emmanuel Fleury, Pascal Lec’hvien Frédéric YVAN « Mourir est un art, comme tout le reste. Je le fais exceptionnellement bien. » Sylvia Plath, Lady Lazarus (1962) Frédéric YVAN est psychanalyste à Lille, professeur de philosophie, enseignant et chercheur à l’ENSAPL. Éric LE TOULLEC Satire et mélancolie : quand le mort nous parle… Éric LE TOULLEC est psychiatre et psychanalyste à Toulouse, président du CP-ALEPH. 11h30 – 11h45 : Pause thé, café 11h45 – 13h15 Présidente de séance : Diane Watteau Discutantes : Sibylle Guipaud, Monique Vanneufville Béatrice PIRE « Franz Kaltenbeck et la mélancolie de David Foster Wallace : hommage et suggestion » Béatrice PIRE est maître de conférences-HDR en littérature américaine à Paris 3-Sorbonne Nouvelle. Ses recherches portent sur la fiction américaine contemporaine (Rick Moody, David Foster Wallace, Jonathan Franzen...). Elle est l'auteure de Hart Crane ou l'âme extravagante (Belin 2003), David Foster Wallace : Presences of the Other (ed. with Patoine, Sussex AP 2017), livre qui contient un chapitre de Franz Kaltenbeck sur Wallace. Elle travaille actuellement sur les nouveaux couples/duos littéraires américains. Mercedes BLANCO L'écriture de la mélancolie avant les Modernes : les cas d'Ovide et de Leopardi Mercedes BLANCO est professeur à Sorbonne Université depuis 2008. Ses recherches portent sur la littérature espagnole des XVIe et XVIIe siècles, en relation avec la théorie rhétorique et poétique, ainsi que la littérature antique, néo-latine et italienne. Elle a publié environ deux cents articles scientifiques à propos de Gracián, Góngora et de nombreux autres auteurs. 13h15 – 15h15 : Pause déjeuner 15h15 – 16h45 Présidente de séance : Dr Catherine Adins Discutante : Vonnick Guiavarc’h Darian LEADER Les deux mélancolies Darian LEADER est psychanalyste à Londres, fondateur en 1985 du CFAR (Centre d’analyses et de recherches freudiennes) à Londres et auteur de nombreux ouvrages. Geneviève MOREL Crimes mélancoliques : l’apport de Franz Kaltenbeck Geneviève MOREL est psychanalyste à Paris et à Lille. Ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée de mathématiques, docteur en psychologie et rédactrice en chef de Savoirs et clinique. Revue de psychanalyse (érès), elle anime un séminaire à l’UHSA de Seclin (CHRU de Lille). Ses recherches portent sur l’ambiguïté sexuelle, le pouvoir des images, le suicide. Elle prépare actuellement un ouvrage sur le crime féminin. 16h45 – 17h00 : Pause thé, café 17h00 – 18h30 Présidente de séance : Dr Brigitte Lemonnier Discutants : Lucile Charliac, Frédéric Yvan Jean-Michel RABATE Expliquer l’inexplicable : Franz Kaltenbeck entre Kafka et Beckett Jean-Michel RABATE, est professeur de littérature anglaise et comparée à l’University of Pennsylvania, co-responsable du Journal of Modern Literature, membre élu à l’American Academy of Arts and Sciences. Llewellyn BROWN Énonciation et répétition dans Solo / A Piece of Monologue. Une réflexion ouverte par Franz Kaltenbeck Llewellyn BROWN enseigne au Lycée international de Saint-Germain-en-Laye. Il est l’auteur de monographies sur la littérature française du XXe siècle. 18h30 : clôture de la première journée 

DIMANCHE 13 MARS 2022 10h00 – 11h30 Présidente de séance : Dr Geneviève Trichet Discutantes : Sophie Gaulard, Isabelle Baldet Patricia GHEROVICI Le pousse-à-la-femme comme « belvédère clinique » Patricia GHEROVICI est une psychanalyste d'origine argentine travaillant à Philadelphie et à New York. Sibylle GUIPAUD Les liens inavouables : Lucile, la sœur mélancolique du grand paon Sibylle GUIPAUD est professeure agrégée de lettres, doctorante en littérature, membre du comité de rédaction de Savoirs et clinique, revue de psychanalyse. 11h30 – 11h45 : Pause thé, café 11h45 – 12h30 Présidente de séance : Monique Vanneufville Discutant : Franck Dehon Michael MEYER ZUM WISCHEN Rabaissement et mélancolie Acting out et passage à l'acte dans Le rabaissement de Philip Roth Michael MEYER ZUM WISCHEN est psychanalyste à Westerland (Sylt) et à Hambourg, spécialiste en psychosomatique. Membre du collège de psychanalystes d'ALEPH. Co-éditeur de Y- revue pour une pensée atopique. Membre et enseignant de l'institut psychanalytique "John Rittmeister" à Kiel et de Medical School Berlin. Agrégé de l'ordre médical à Kiel pour la formation psychanalytique. 12h30 – 14h30 : Pause déjeuner 14h30 – 15h15 Présidente de séance : Bénédicte Vidaillet Discutant : Vincent Le Corre Renata SALECL Apathie et mélancolie à l'époque néo-libérale Renata SALECL est philosophe et sociologue. Elle est chercheuse principale à l'Institut de criminologie de la Faculté de droit de Ljubljana, en Slovénie, et professeure à la Faculté de droit, Birkbeck College, Université de Londres. Son livre La tyrannie du choix est paru en 2021 chez Albin Michel. 15h15 – 15h30 : Pause thé, café 15h30 – 17h30 Président de séance : Antoine Verstraet Discutants : Mohamed Nechaf, Marie-Amélie Roussille Julien JALIA L’inconscient est fait d'écriture Julien JALIA est psychanalyste, membre d’ALEPH. Lou, « l’heure de vérité ». Un entretien de Franz Kaltenbeck (avec Diane Watteau, filmé par Viviane Vagh) Décembre 2016, 43’, vidéo symptôme 17h30 : clôture du colloque

« Le roman est un putain de tueur », a affirmé l’écrivain américain Don DeLillo. Écrire n’est pas seulement composer un texte au style inimitable. Le grand auteur touche à l’inquiétante étrangeté, au sulfureux, voire à l’incandescent et au glauque. La Chose freudienne (das Ding) est au coeur de tout chef d’œuvre littéraire. La belle forme a son revers monstrueux. Les descriptions d’une nature paisible et domestiquée se transforment ainsi en des tableaux effrayants dans le roman L’Homme sans postérité d’Adalbert Stifter. L’étude psychanalytique de la littérature depuis Freud fait de l’écrivain le supposé-savoir de son symptôme poétique. Freud reste fidèle à la lettre des poètes qu’il a lus, tout comme Lacan qui écrit précisément que cette lettre dessine « le bord du trou dans le savoir2 ». Pour la psychanalyse, l’écriture pousse le savoir jusqu’aux abîmes de la pulsion de mort ou de la relation entre les sexes. L’homophonie a letter et a litter forgée par Joyce dans Finnegans Wake cristallise la conception lacanienne paradoxale, voire provocatrice, de l’écriture qui touche au réel. L’écriture est déchue de son rang d’objet précieux, idéalisée dans la sublimation, pour devenir un déchet, l’objet a. Le processus créatif n’est plus une opération épurée mais bien le lieu d’un combat vital où l’écrivain se débat avec sa jouissance. « Le style est l’homme même3 », le célèbre aphorisme de Buffon, est remotivé, enrichi et révolutionné par la psychanalyse. Dans le Séminaire Le Sinthome (1975-1976), Lacan déchiffre l’écriture de James Joyce comme une réécriture de son symptôme, celui-ci étant défini comme ce qui ne va pas dans le réel. Aussi Lacan a-t-il affirmé, à partir de sa lecture attentive des textes de Joyce, que l’écriture avait protégé le poète irlandais de sa psychose4. L’écriture est le sinthome de Joyce, elle est lien, savoir-faire singulier avec sa souffrance. Les deux récents ouvrages de Franz Kaltenbeck, intitulés L’Écriture et la mélancolie et La psychanalyse depuis Samuel Beckett, poursuivent le questionnement psychanalytique de grandes oeuvres littéraires. Les auteurs mettent le psychanalyste au travail, de façon imprévisible et inédite. Ils ouvrent à une relecture critique de Freud et de Lacan. L’objectif de ce colloque est de susciter de nouvelles recherches psychanalytiques, psychiatriques ou littéraires, sur les rapports entre écriture, art et psychanalyse à partir des thèmes issus de ces deux textes. Dans L’Écriture et la mélancolie, Franz Kaltenbeck entrelace deux énigmes qu’il confronte l’une à l’autre. La première est posée par Freud dans Deuil et mélancolie (1914) : la mélancolie ressemble au deuil, à la différence près que l’endeuillé sait qui il a perdu alors que le mélancolique ne sait pas ce qu’il a perdu. Franz Kaltenbeck relit Freud, notamment avec Kafka : la mise en relief du concept freudien de « l’autre personne » étoffe ce qui est habituellement décrit comme le rapport « tuant » au double dans la mélancolie. La seconde énigme est une contradiction : alors que l’écriture d’une œuvre a protégé de la folie nombre d’écrivains et d’artistes en fournissant un support solide à leur vie — un symptôme, comme l’a montré Lacan dans le cas de Joyce — certains, au contraire, en meurent alors qu’ils arrivaient au sommet de leur art, qu’ils étaient reconnus par la critique et déjà célèbres. Comment se fait-il que ce qui a d’abord résisté à la mélancolie ait subi par la suite une telle défaite ? Comment l’écriture est-elle devenue mortelle par elle-même ? Ces auteurs contredisent la thèse lacanienne du sinthome. Franz Kaltenbeck découvre des points de convergence surprenants entre des auteurs célèbres des 19ème, 20ème et 21ème siècles. David Foster Wallace met ce phénomène en évidence : il montre qu’une catastrophe, qu’il identifie de loin sans pouvoir la maîtriser et la transformer par l’écriture, l’attend au tournant comme les tornades sauvages de son enfance dans le Midwest. À l’instar de Kleist, Stifter, Nerval, Celan et d’autres, il s’est suicidé au sommet de son art. Franz Kaltenbeck pose les jalons d’une stylistique de la mélancolie où prévaut la précision visuelle du style liée à un rapport prévalent à la pulsion scopique, l’imaginaire du double et un surprenant refus des semblants de la rhétorique, au point de tenir toute qualité du style ou de la langue pour une imposture. Il trouve dans leurs fictions le rapport mortifiant à un idéal précoce qui sera jugé ensuite irrémédiablement perdu, la description d’une douleur morale — la douleur d’exister — qui envahit la moindre parcelle de leur corps, une certaine ambiguïté sexuelle, sans compter d’autres traits que découvrira le lecteur. La psychanalyse depuis Samuel Beckett éclaire les interrogations psychanalytiques initiées par l’écrivain. Beckett a entrepris son analyse car il souffrait de graves troubles somatiques accompagnés de symptômes d’angoisse et d’une grande détresse. Le matériau biographique et littéraire nous permet-il de déterminer un épisode mélancolique ? Son expérience d’analysant a-t-elle influencé son activité d’écrivain ? A-t-elle fait émerger des thèmes propres à la psychanalyse après Freud et après Lacan ? Il a consacré un essai à Proust et à ses états de ravissement, avant de vivre une expérience mystique qui lui a permis de trouver sa voie d’écrivain. Que nous apprend-il du lien entre expérience extatique et art ? Beckett a aussi développé une théorie de l’art appliquée à la peinture des frères van Velde. Cet éclairage est-il encore pertinent au 21ème siècle ? Si l’échec est un thème fondamental de son oeuvre, il conviendrait de préciser ce qu’il entend par échec afin d’interroger en quoi la valeur qu’il lui donne représente une partie des travaux d’autres artistes contemporains. Il arrive enfin que son écriture fusionne la naissance et la mort : « Sa naissance fut sa mort », dit le récitant de Solo, rédigé à la fin de sa vie. Beckett ouvre ainsi la question de la fonction de son art pour l’artiste. Comment chaque artiste s’empare-t-il de la nécessité symptomatique de la pratique de son art, en tant qu’elle est nouée à sa jouissance de la vie ? L’enfant, parfois muet, peut-être halluciné, qui hante de façon étrange les pièces de Beckett, pourrait nous servir de guide pour approcher l’élaboration par l’artiste de l’énigme de la vie. Ces deux ouvrages permettent donc d’extraire de nombreuses idées de recherche. On pourra s’intéresser aux questions soulevées par l’analyse de l’oeuvre de Beckett mais aussi à l’étude des écrivain (es) et artistes mélancoliques à travers leurs oeuvres (rapport mortifère à l’autre, stylistique mélancolique, tendances suicidaires ou meurtrières, etc.) Les cliniciens seront aussi invités à interroger, dans la clinique et la théorie psychanalytiques, le rapport de l’écriture et de l’art à la vie, à l’amour et au deuil, ainsi que leur intrication à l’inconscient, au symptôme et à la sublimation. 1 Publiés en 2020 chez Érès. Cf. resp. https : //www.editions-eres.com/ouvrage/4652/de-lecrituremelancolique et https : //www.editions-eres.com/ouvrage/4567/franz-kaltenbeck 2 Jacques Lacan, « Lituraterre », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 14. 3 Discours sur le Style, 1753. 4 Jacques Lacan, Le Séminaire livre XXII, Le Sinthome, 1975-1976, Paris, Seuil, 2005. « Joyce le Symptôme », in Autres Écrits, op. cit., p. 565-570